L’attaque israélienne contre l’Iran est un acte d’agression flagrante, en violation flagrante du droit international tel qu’il est inscrit dans la Charte des Nations Unies et de tout ce qui peut être qualifié d’ordre international fondé sur des règles.
L’attaque se poursuit et élargit le bilan d’Israël en matière d’utilisation excessive de la force militaire dans toute sa région, y compris des attaques en série contre la Syrie, le Liban, le Yémen et les territoires palestiniens, y compris la dévastation dans la bande de Gaza que de nombreux observateurs informés et objectifs considèrent comme un génocide. Israël a pesé de tout son poids militaire au Moyen-Orient bien plus que tout autre État et, en tant que tel, est le plus grand acteur déstabilisateur de la région.
L’affirmation israélienne selon laquelle son attaque est « préventive » est fausse. Il n’y avait aucune indication d’une attaque iranienne imminente dans l’autre direction. Rien dans la presse ou les fuites de renseignements ne suggérait une telle chose. Les menaces de lancer une attaque, et la rhétorique incendiaire qui y est associée, proviennent depuis des années davantage d’Israël que de l’Iran, dont les propres menaces ont toujours été formulées comme des avertissements selon lesquels l'Iran réagirait vigoureusement si Israël l'attaquait.
Même le concept plus vague d’une guerre préventive ne justifie pas ce qu’Israël a fait. Le programme nucléaire iranien a été l’objectif principal, et Israël affirme que son attaque a touché, entre autres, des cibles liées au nucléaire. Mais l’Iran a démontré, en signant le Plan d’action global commun et en y adhérant – jusqu’à ce que le président Trump, lors de son premier mandat, renie l’accord – qu’il était prêt à fermer toutes les voies à une éventuelle arme nucléaire iranienne par le biais d’une diplomatie pacifique et d’une surveillance internationale stricte de son programme.
En ce qui concerne les armes nucléaires, la perspective vient de la considération de qui est l’attaquant ainsi que de qui a été attaqué. Il est généralement admis qu’Israël possède depuis longtemps les seules armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a acquis cette force nucléaire clandestinement, en dehors de tout régime de contrôle international, et en partie en volant du matériel nucléaire aux États-Unis.
Et pourtant, une partie de la justification de son agression contre l’Iran est la simple possibilité que l’Iran puisse un jour acquérir une arme qu’il n’a jamais eue et à laquelle il a démontré sa volonté de renoncer en échange de relations commerciales et politiques normales avec d’autres États.
L’attaque israélienne est en tout cas contre-productive en ce qui concerne la non-prolifération nucléaire, comme ce fut le cas lors d’un précédent cas d’attaque d’Israël contre l’installation nucléaire d’un autre État. La nature souterraine des principales infrastructures nucléaires iraniennes et les connaissances que les scientifiques iraniens conserveront limitent considérablement la mesure dans laquelle les frappes aériennes israéliennes feront reculer le programme iranien. Pendant ce temps, une attaque armée par un adversaire étranger renforce les voix à Téhéran qui soutiennent que l’Iran doit développer une arme nucléaire comme moyen de dissuasion.
En ce qui concerne les missiles balistiques, qu’Israël a également mentionnés comme cible, il n’a pas été démontré que de toutes les forces armées du Moyen-Orient, celle de l’Iran devrait être la seule à être dépourvue de cette capacité. C’est d’autant plus vrai si l’on considère que c’est Israël qui a la plus grande capacité de larguer des munitions létales depuis les airs à distance.
La limitation de la capacité militaire iranienne n’est pas la seule ni même la principale motivation du gouvernement de Benjamin Netanyahu pour attaquer l’Iran. Promouvoir l’isolement maximal et la haine de l’Iran est depuis longtemps l’un des principaux objectifs de la politique étrangère israélienne, afin d’affaiblir un rival régional, de détourner l’attention des actions déstabilisatrices d’Israël et d’empêcher un rapprochement entre l’Iran et le principal soutien d’Israël, les États-Unis.
Dans la poursuite de ces objectifs, Israël s’est opposé à presque toute diplomatie avec l’Iran. Réduire les chances que les négociations actuelles entre les États-Unis et l’Iran aboutissent à un nouvel accord nucléaire était certainement une motivation israélienne derrière l’attaque.
Netanyahu a des motivations supplémentaires liées à son besoin de maintenir une guerre indéfiniment pour maintenir sa coalition d’extrême droite au pouvoir et pour retarder pleinement les accusations de corruption. Alors que le massacre à Gaza approchait peut-être d’un point culminant, le début d’une nouvelle guerre contre l’Iran lui semblait attrayant.
Certains rapports de presse indiquent que Trump et ses conseillers savaient que l’attaque d’Israël était imminente. Quoi qu’il en soit, il y avait suffisamment d’indices d’une attaque imminente pour qu’ils auraient dû le savoir. La seule réponse appropriée des États-Unis aurait été de faire tout leur possible pour décourager les Israéliens d’attaquer. Nous ne savons pas si l’administration l’a fait.
L’une des conséquences immédiates de l’agression israélienne est que des gens, y compris des innocents, mourront ou ont déjà été tués. D’autres mourront de l’inévitable réponse iranienne. Malgré les efforts récents des États-Unis pour réduire leur vulnérabilité à une réponse en évacuant certains membres du personnel de la région, certaines des personnes tuées ou blessées sont probablement américaines.
À Téhéran, l’attaque fera le jeu des extrémistes iraniens, et il y aura un peu de l’effet habituel de ralliement autour du drapeau. Les perspectives de succès dans les négociations nucléaires actuelles ont subi un coup dur.
Les risques d’escalade vers une guerre plus large sont importants. Certains des scénarios possibles impliqueraient les forces américaines.
Sans une condamnation ferme de l’attaque par les États-Unis, les États-Unis partageront l’opprobre international qu’Israël mérite amplement.