Hiver islamiste ou hiver totalitariste ?

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L'Algérie, de Chadli à Bouteflika

La particularité institutionnelle de l’Algérie réside de longue date dans la déconnection entre les détenteurs institutionnels et réels du pouvoir. Cette particularité remonte à 1978 lorsque les centres de pouvoir de l’armée et des services ne sont pas parvenus à s’accorder sur la personnalité du successeur de Houari Boumediene.

Avec le pâle Chadli Ben Jedid, ils ont alors inauguré une longue série de chefs d’Etat “de façade” au service de leurs différents clans. Aucun des successeurs “élus” de Chadli n’a depuis lors détenu réellement tous les leviers de commande de l’Etat.

Le premier qui a essayé de s’en rendre maître (Mohamed Boudiaf) a connu le 22 juin 1992 le destin tragique que l’on sait. Même plus solidement installé que ses prédécesseurs, Bouteflika, ou son clan, ne se montre pas aujourd’hui plus capable qu’eux d’imposer les termes de sa succession.

Aucune appréciation sérieuse de l’avenir de l’Algérie ne peut prendre appui sur les étranges raccourcis qui continuent à tenir lieu en France de lecture de la “décennie noire”.

Paralysée par son refus de reconnaître l’évidence de la légitimité du résultat des urnes c'est-à-dire celle des acteurs islamistes, la classe politique française refuse de voir que ce que le pays a vécu à partir de 1992 relève moins de la problématique d’un hiver islamiste que de celle d’un hiver… totalitariste. Ou d’un “printemps” syrien qui aurait, vingt ans avant, tourné à la tragédie que l'on sait.

Dans l’Algérie de 1992, l’alternance politique dûment consacrée par les urnes, au nom, s'en souvient-on, de la "défense de la démocratie" et "de la laïcité" a été écrasée dans le sang, avec l’approbation active de la “communauté internationale” toute entière et celle de la France en particulier.

Le grand défi de 2019, posé aux Algériennes et aux Algériens (et à tous ceux qui continuent de vouloir interférer avec leur destin) est bien évidemment d’éviter la répétition d’un tel scénario.

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