Le mardi noir du 9 juin 2020 : Une date qui reste celle de l’ingratitude et de la haine de soi !

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Ce qui s'est passé le mardi 9 juin au sein de l'ARP me laisse pantois, stupéfait et ahuri ! Rien d’étonnant, quand des imbéciles, des renégats, des apostats et des novices à la politique se mêlent des affaires de la République c'est la débâcle, la débandade, la déroute à coup sûr ! A vrai dire, je n’attendais rien de la sinistre Abir Moussi et des autres judas, fourbes et fêlons.

Je connaissais leurs orientations, finasseries, opportunismes et arrivisme ! A mes yeux ce sont des moins que rien ; ils ne valent pas grand-chose ! En revanche, la position de Rached Ghannouchi et ses apôtres m’a profondément heurté, bouleversé. J’étais pris de court ; je ne m’y attendais absolument pas. J’ai toujours pensé que certes nos divergences sont nombreuses, mais sur la question des crimes commis par la France lors de la colonisation nous convergeons absolument.

1/ Ennahdha : misère d’un parti, tristesse d’un peuple !

Le vote de Ennahdha contre le projet présenter par S. Makhlouf demandant à la France la repentance pour ces crimes lors de la colonisation est un acte ignoble et ignominieux à l'égard de nos martyrs. Par leur position, les cadres de ce parti viennent de confirmer leurs allégeances aux puissances étrangères ne comprenant rien par ce fait à la géostratégie et géopolitique mondiale des dix dernières années.

Le monde change : des nouvelles puissances montent et les anciennes s'accrochent violemment ! Nos sinistres conservateurs restent agrippés, agriffés, harponnés à leurs "réactionnisme" primaire : une reconnaissance, tant espérée, souhaitée, attendue de l’occident ! Un Occident décadent et de plus en plus divisé, islamophobe et arabophobe !

Les cadres de Ennahdha viennent de perdre une occasion en or pour se réconcilier avec le peuple de Tunisie et surtout avec son Front de gauche. Mon oncle, qui est mort en martyr lors de la bataille de Bizerte, a été par ce fait assassiné une seconde fois ce mardi noir !

Le lecteur aurait compris que mes propos ici visent singulièrement les cadres du parti Ennahdha et non pas ses électeurs et ses adhérents qui sont aussi désarçonnés. Des cadres qui avaient choisi comme emblème une Colombe, mais en fait se sont avérés des vrais Corbeaux ! Quelle misère !

2/ L’exemple des crimes commis au Cap Bon par les parachutistes français entre le 28 janvier et le 2 février 1952.

La liste des crimes commis par la France en Tunisie en 75 ans de colonisation est longue, très longue (massacre de Sfax, 29 ouvriers tués le 5août 1947, celui d’Ennfidha en 1950, etc.), pour ce papier je vais dérouler quelques témoignages qui sont publiés dans le livre blanc sur la détention politique en Tunisie, élaboré par la commission internationale contre le régime concentrationnaire (Bruxelles, 1953, disponible sur internet) : l’ouvrage est très fourni en annexes et en pièces numérotés qui constituent des témoignages accablant sur l’ampleur des crimes commis au Cap Bon par les parachutistes français entre le 28 janvier et le 2 février 1952.

Pièce numéro 1, Page 91 : Nous pouvons lire un extrait d’un article de deux pages de Paris-Presse l’Intransigeant du 2 février 1952 : « Amor Nachi, cheik de Tarzerka, a déclaré qu’un villageois avait été tué, (…) abattu d’une rafale » ; plus loin, page 92, nous pouvons également lire « Salouah Bint Derouish, une jeune fille de 17 ans, fille de l’épicier du village, est l’héroïne de Tazerka. Son père a déclaré que les soldats avaient essayé de la violenter et qu’en luttant avec l’un d’entre eux, elle avait eu le bras traversé par une baïonnette. Une femme a déclaré de son côté qu’en essayant d’empêcher les soldats d’entrer chez elle, l’un d’eux lui avait brisé la cheville droite. Elle gît aujourd’hui, gémissante, sur un matelas sale (…)».

Pièce numéro 2, page 93 : Un article de monsieur Taïeb Annabi in Le journal Ennahdha, datée du 6 février 1952, nous pouvons lire : « Cinq demeures furent dynamitées : celle des enfants du cheikh Abdelrrahman El-Messadi, celle d’Ali El-Messadi, celle de Laroussi Derouiche, celle d’Ali Brinis et celle de Mohamed Gacem » Le récit de notre compatriote est décisif et poignant, il relate des constats effrayants : des viols, il écrivit «Les hommes ne purent revenir au village, vers leurs femmes que le mercredi 30 janvier vers 6 heures du soir. La nuit, ils percevaient les cris que poussaient les femmes dans chaque maison tandis que quelques-unes essayaient de fuir, d’appeler à l’aide mais la force armée les entourait et toutes parts » (P.94)

Plus loin, page 95, le journaliste évoque un fait atroce : des assassinats de bébés, il écrivit « 1/La fille fatma bent Mohammed en-Nachi, âgée de vingt jours, piétinée. 2/ Le bébés salha ben Amor ben Hassine En-Nachi, âgée de quarante jours, laissé à la troupe par sa mère fuyant devant les soldats et jetée par terre. 3/La fille Zohra bent Béchir Ghaleb, âgée de cinq mois, atteinte de rougeole, piétinée par les soldats. 4/ La fille Fadhila bent Mohammed ben Mohammed Gacem, délaissée par sa mère en fuite est piétinée par la troupe. (…) »

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Pièces numéro 3, page 95 : Un article du journal Ennahdha du jeudi 7 février liste une trentaine d’exécutions et d’assassinats sommaires de jeunes tunisiens et de bébé par la légion française, de très nombreux viols : 6 seulement à Tazerka : Hanifa, Chadlia, Mme Ahmed, sallouha, Salha et manoubia. Cette dernière et pauvre dame, en plus du viol, les légionnaires français lui ont tué son enfant âgé d’un an et demi qu’elle tenait dans ses bras.

Des pillages et une trentaine de maisons dynamitées sont également stipulés. Le comble, après les exécutions, les pillages et les viols, les légionnaires avaient obligé les femmes tunisiennes de leur préparer à manger et de pourvoir à tout leur ravitaillement.

Inutile de s’attarder sur toutes les pièces, elles sont toutes aussi effarantes et stupéfiantes l’une que l’autre. Elles décrivent toutes des exécutions et d’assassinats sommaires, des pillages et des viols commis dans certains villages et certaines villes du Cap Bon, particulièrement Kelibia, Tazerka, Hammam-Laghzez, Beni-Khiar , Menzel, Maamoura, Nabeul (5 manifestants tués,…), Hammamet (2 tués, …), etc. sans oublier évidemment les arrestations arbitraires de plus de 2000 personnes et internées dans le camp de concentration de Servière à Fondouk-Djedid.

Le correspondant de l’Associed press écrivit, après sa visite seulement à Tazerka : « Il s’agit de crimes prémédités, d’expéditions punitives minutieusement organisées et effectuées avec une sauvagerie implacable. (Pièce 4, P.100)

Plus loin, page 105, nous pouvons lire par exemple, suite aux résultats de l’enquête de la chambre d’agriculture tunisienne du nord : « A El-Maamoura : (…) Destruction de mausolée de sidi Ben-Aïssa. Mosquée souillée et tanks se promenant au cimetière. 6 maisons détruites. (…) ».

Par ailleurs, un témoignage assez frappant d’un Tunisien et ancien soldat dans l’armée française, qui disait lors d’un entretien avec un envoyé spécial de SOL TAS, page 107, : « Monsieur, j’ai été soldat dans l’armée française pendant quatre ans, de 1939 à 1944. J’ai été partout. Toujours nos officiers nous disaient : jamais piller, jamais saccager, jamais toucher aux femmes. C’est ainsi que nous avons parcouru l’Europe, même l’Allemagne. La première fois que j’ai vu de ces choses, c’est ici, dans mon propre village. Je suis compensé ! ».

La lectrice et le lecteur constateront le haut niveau de mépris et de xénophobie de l’armée française à l’égard des arabes et en l’occurrence ici à l’égard des Tunisiennes et Tunisiens

Et pourtant, ce mardi 9 juin 2020, l’initiative parlementaire du jeune député S. Makhlouf a été rejetée. Honte à vous !

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