Karl Marx (1818 – 1883)

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. »
K. Marx et F. Engels, Le Manifeste du parti communiste (1848)

1/ Biographie

Karl Marx est issu d’une famille juive convertie au protestantisme. A 21 ans obtient son doctorat en philosophie. En 1842, il prend la direction du journal Rheinische Zeitung et rencontre Friedrich Engels ; c’est le début d’une longue et amicale collaboration qui durera toute leur vie.

En 1843, le journal est interdit pour ses articles contestataires à l’encontre du pouvoir. Marx rédige deux essais, A propos de la question juive et Critique de la philosophie du droit de Hegel, marquant ainsi son adhésion à la cause du prolétariat. Puis, il entreprend des études d’économie politique. En 1847, il rédige Misère de la philosophie et commence à travailler avec Engels sur le Manifeste communiste.

Installé à Paris en 1848, il assiste aux agitations sociales qui secouaient la France en cette époque. Ceci va le marquer ; il entame par conséquent son étude de l’histoire des luttes de classes. En 1851, entreprend l’écriture de son œuvre majeure en trois volumes intitulé Economie. A cause de ses activités journalistiques et de sa maladie, il ne terminera le livre I du Capital qu’en 1864. C’est Engels qui s’occupera de la publication posthume des autres tomes du Capital.

2/ Place de Marx dans la pensée économique et sociologique

Avec la révolution industrielle qui prend naissance à la fin du 18ème siècle en Grande-Bretagne, le travail à l’usine supplante progressivement le travail à domicile. L’ouvrier remplace alors l’artisan. Karl Marx est le témoin de la constitution de cette classe ouvrière au sein des grandes entreprises capitalistes. Cette période se caractérise par la dureté de la condition ouvrière, tant au niveau des conditions de vie que de travail. Le salariat n’est pas encore protégé par les lois sociales. Son analyse des classes sociales marquera la pensée sociologique jusqu’à nos jours.

3/ Démarche

Pour Karl Marx, les conditions matérielles (l'infrastructure) déterminent l'évolution historique de la société : c'est le matérialisme historique. Au sens marxiste, l'infrastructure comprend :


* Les conditions de production (par exemple les ressources naturelles) ;

* Les moyens de production (travail, capital, progrès technique)

* Les rapports de production (par exemple la possession des moyens de production).

Elle (l’infrastructure) détermine la superstructure c'est-à-dire les normes, valeurs et pratiques sociales (droit, morale, institution ...).

La démarche scientifique de Marx est empreinte alors de l’holisme méthodologique, donc du déterminisme. Cependant, le matérialisme historique ne se réduit pas à un simple déterminisme socio-économique et technique ; si les changements techniques modifient les rapports sociaux de production, à leur tour, les idées, les règles juridiques transforment le développement des sciences.

4/ Le concept de classes sociales : une vision conflictuelle du changement social

Pour Marx, les sociétés industrielles se caractérisent par un mode de production capitaliste. La société capitaliste est structurée en deux classes principales :


* La bourgeoisie (les capitalistes) qui détient les moyens de production ;

* Et le prolétariat (les ouvriers) qui ne dispose que de sa force de travail.

Ces deux classes sont interdépendantes puisque les capitalistes ont besoin des ouvriers pour faire fonctionner leurs usines et les ouvriers doivent travailler pour subvenir à leurs besoins. Le prolétariat loue sa force de travail à la bourgeoisie moyennant un salaire.

Le salaire versé par les capitalistes permet au prolétaire d'assurer la reproduction de sa force de travail c'est-à-dire de satisfaire ses besoins primaires ainsi que ceux de sa famille. Il est donc inférieur à la valeur travail qu'il a créée.


4.1/ Plus-value : antagonisme de classes

Ainsi Marx considère que le prolétariat est exploité par la bourgeoisie qui s'accapare le surplus de valeur : la plus-value.

Pour augmenter la plus-value, les capitalistes cherchent à accroître le temps de travail des ouvriers (plus-value absolue) ou leur productivité (plus-value relative). Il existe donc une divergence d'intérêts entre la bourgeoisie et le prolétariat : c'est l'antagonisme de classes.


4.2/ Classe en soi et classe pour soi

Les membres d'un groupe social peuvent partager les mêmes conditions sociales (avoir la même place au sein des rapports de production), avoir des intérêts communs. Pourtant, s'ils n'ont pas une conscience de classe commune, ils ne constitueront qu'une classe en soi et non une classe pour soi.

Ainsi, les paysans que Marx a étudiés, dans son ouvrage intitulé le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, n'ont pas de véritable conscience de classe : ils constituent une classe en soi. La conscience de classe naît de la lutte des classes. Les prolétaires prennent conscience de leurs intérêts communs et identifient leur adversaire principal : la bourgeoisie.

4.3/ Lutte des classes : changement social

La lutte des classes permet de transformer la société grâce à un processus révolutionnaire. Le prolétariat renverse la bourgeoisie par une révolution puis, après une phase transitoire baptisée dictature du prolétariat, une société sans classes est instaurée : le communisme.

Le conflit fait ainsi émerger une nouvelle infrastructure, elle-même génératrice d'une nouvelle superstructure. La société communiste qui doit résulter de la révolution prolétarienne sera fondée sur des valeurs plus humanistes.

5/ Contradictions du mode de production capitaliste

Selon Marx, le capitalisme génère ses propres contradictions il mène à la paupérisation des prolétaires et à l’aggravation de la lutte des classes, il provoque des crises de surproduction et il suscite la baisse du taux de profit

La première contradiction du capitalisme est la paupérisation de la classe ouvrière qui doit mener à l’aggravation de la lutte des classes.

Le capitalisme est tout d’abord source d’une croissance importante. Mais la recherche de gains de productivité, et la concurrence entre les capitalistes augmentent la composition organique du capital, c’est-à-dire l’intensité capitalistique (pour une même production, le capitaliste utilise de plus en plus de capital et de moins en moins de travail).

Or seul le travail est créateur de richesses et donc source de profit. En diminuant sa part dans la composition organique du capital, le capitaliste diminue donc son taux de profit. La tendance à la baisse du taux de profit est la principale contradiction du capitalisme.

En raison de la paupérisation de la population salariée, les débouchés sont faibles. Pourtant les capitalistes pour accroître leur profit continuent à augmenter la production. Cette situation entraîne une tendance à la surproduction, surtout visible lors des crises lorsque les ouvriers sont encore plus paupérisés. Le capitalisme doit donc disparaître et laisser la place au socialisme qui lui-même annonce le communisme.

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