Paul Robin Krugman (né en 1953)

« (…) les pays se spécialisent et commercent entre eux non seulement en raison de l’existence d’une diversité des situations préexistantes, mais aussi parce que les rendements croissants représentent des forces indépendantes menant à la concentration géographique de la production de chacun des biens. »

La mondialisation n’est pas coupable (2000)


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1/ Biographie :

Après avoir fait des études en histoire et en économie à l’université de Yale, Paul Krugman a continué ses études doctorales, entre 1974 et 1977 au Massachusetts Institue of Technology (MIT). A 28 ans, il est nommé professeur associé au MIT ; en 1983, il rejoint la Maison Blanche pour conseiller l’administration Reagan sur l’économie internationale. Son expérience au sommet de l’Etat ne dure qu’un an ; il finit par reprendre son poste d’enseignant au MIT. Dix ans après, il quitte Massachusetts pour aller enseigner l’économie internationale, tout d’abord à Stanford University (1994-1996), ensuite à Yale et à la London School of Economics. Aujourd’hui, il exerce son métier à l’université de Princeton.

En 2008, Paul Krugman obtient le prix Nobel d’économie pour son travail en économie internationale. Il est aussi l’un des plus influents économistes dans son pays. En 35 ans de carrière, il a publié plus de trente ouvrages et des centaines d’articles et tribunes. Krugman doit aussi son sucées à son talent de pédagogue ; ses ouvrages économiques sont accessibles aux non initiés tout en étant de très fortes consistances théoriques et conceptuelles.

2/ Place dans la pensée économique

Ses travaux en économie internationale ont permis de dépasser certaines limites de la théorie dominante dont les fondements ont été posés par David Ricardo dès 1821, à savoir l’exploitation des « avantages comparatifs » (relatifs) : chaque pays a intérêt de se spécialiser dans l’exportation des biens dont il est le plus avantagé ou le moins désavantagé.

L’approche de Ricardo n’explique pas en effet pourquoi les échanges internationaux restent concentrés entre pays dotés d’économies de même niveau ; des pays qui s’échangent d’ailleurs des produits aux technologies similaires : Boeing exporte des avions en Europe, qui expédie des Airbus aux Etats-Unis ; Renault et Peugeot vendent des voitures en Allemagne, qui exporte des Volkswagen en France. P. Krugman explique ce phénomène par la concurrence imparfaite : Il montre l’importance des économies d’échelle (qui font émerger des quasi-monopoles) et la demande de diversité de la part des consommateurs.

3/ Renouveau des théories de l’économie internationale

3.1/ Rendement d’échelle et concurrence imparfaite

Entre 1960 et 1970, Paul Krugman pointe les limites de la théorie des « avantages comparatifs ». Il considère qu'il manque des éléments à l’approche ricardienne des échanges internationaux, à savoir : les rendements d’échelle croissants et la concurrence imparfaite. Il part du constat que les grandes sociétés possèdent indéniablement d’un avantage démesuré sur les petites sociétés, en l’occurrence les économies d’échelles. Les économies d’échelles permettent à ces grandes structures de produire en effet à un coût unitaire bien moins élevé.

Au terme de ses études, il conclut au fait que les premiers arrivés sur le marché sont nettement les plus avantagés. Les rendements croissants qui découlent de cette position mènent à une situation de monopole ou d’oligopole sur le marché, créant ainsi des barrières à l'entrée pour les nouveaux arrivants.

Aussi, il constate que plus les sociétés sont grosses, plus elles réalisent des économies d'échelles importantes, ce qui rend la situation plus difficile pour des nouveaux arrivants. La concurrence est donc imparfaite.

3.2/ Les avantages comparatifs, conséquence de l’échange

Paul Krugman considère que les avantages comparatifs sont plus une conséquence qu’une cause des échanges internationaux. En se spécialisant et en s’insérant dans le commerce mondial, chaque pays multiplie ses avantages ; ce n’est pas essentiellement parce qu’un Etat est plus compétitif dans un produit qu’il exporte, mais c’est surtout en exportant qu’il devient plus compétitif. « (…) les économies d’échelle aboutissaient dans les branches en concurrence monopolistique à une spécialisation arbitraire des pays sur certains produits. » disait-il.

Il considère que les gains du commerce sont cumulatifs : l’ouverture internationale entraîne des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de suite… Dans ses nombreuses études, Krugman a cherché à montrer que l’échange procure trois types d’avantages :


* Un effet de dimension : chaque nation peut produire en plus grande quantité certains produits, ce qui offre des avantages comme les économies d’échelle ou les effets d’apprentissage.

* Un effet de diversification : l’ouverture profite aux consommateurs et aux producteurs pour leur le choix de leurs produits

* Et un effet de concurrence : l’ouverture internationale permet aux entreprises d’entrer sur les marchés nationaux, ce qui accentue la concurrence.

4/ L’Etat a un rôle crucial :

Pour Paul Krugman, le commerce international est dominé et façonné par des grandes sociétés dont la quasi-totalité provient des pays possédant beaucoup de capital. Ces grandes sont aussi sur des marchés à concurrence très réduite.

Dans ces conditions, l'Etat aurait un rôle crucial de régulateur dans le commerce international: Elle doit en effet réorganiser le marché en instituant des subventions et des tarifs douaniers afin de permettre à ses entreprises locales de se forger une force concurrentielle de dimension internationale capable non seulement de résister à la concurrence des firmes étrangères mais aussi de s'implanter sur un marché mondial déjà dominé par de grandes sociétés.

Cette théorie a montré ses bénéfices au Japon dans leurs exportations de produits industriels à haute valeur ajoutée. Cependant, la limite de cette théorie est que la création de marché monopolistique par les Etats donne trop d'influence aux entreprises qui sont favorisées. De plus, si un Etat aide continuellement un secteur industriel, sans résoudre les problèmes structurels qui sont à l'origine de ce besoin d'aide de l'Etat, il créé un marché instable, précaire, qui ne survit qu'avec son aide.

L'envergure des politiques industrielles nécessitent que les décisions stratégiques ne soient pas influencées par une corruption provenant de lobbys, favorisant des secteurs qui ne seraient pas toujours les plus prometteurs. Les États n'ont que très peu de droit à l'erreur lors de ce genre de décision, au risque de créer des déficits inutiles.

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