Erving Goffman (1922 – 1982)

« Je ne m’occupe pas de la structure de la vie sociale, mais de la structure de l’expérience individuelle de la vie sociale. »
(Les Cadres de l’expérience, 1974)

1/ Biographie

Erving Goffman est né à Mannville au Canada, en 1922. D’abord étudiant en sociologie à Toronto, il part ensuite à Chicago où il obtient en 1953 son doctorat. Il finit par s’installer à Washington en 1954.

En 1961, il réalise, après avoir endossé le rôle d’un assistant du directeur d’un asile, une célèbre étude, « Asiles » : il y montre le mode de fonctionnement de cette institution qu’il qualifiera de « Totalitaire ». Et il la compare au couvent ou encore, pire, à la prison car elle cherche à prendre en charge toutes les dimensions de l’existence de ses membres. Ceux-ci résistent tant bien que mal afin de préserver une partie de ce qu’ils pensent être leur propre identité. En 1963, il publie « Stigmate ».

Ainsi, Erving Goffman préconise une démarche qualitative en sociologie, rompant avec le modèle américain qui privilégie l'emploi quasi automatique des outils statistiques et informatiques. Avec Howard Becker, il est l'un des principaux représentants de la deuxième École de Chicago.

2/ L’interaction, comme dramaturgie

Le principal apport théorique d'Erving Goffman consiste en un approfondissement de la notion d'interaction, dont il fait l'axe central de son ouvrage 'Mise en scène de la vie quotidienne', en 1973. Il y développe la métaphore théâtrale, considérant les personnes en interaction - et non en tant qu'individu - comme des acteurs qui mènent une représentation. Autrement dit, les individus réinterprètent et jouent avec les normes : Leur objectif n’est donc pas tant de respecter les normes sociales que d’afficher un certain respect pour les normes et les valeurs.

L’acteur social interprète librement un rôle afin de contenter son public et d’éviter des réactions négatives : il ne s’y soumet donc pas passivement.

Goffman reprend le vocable du théâtre et du cinéma comme « scène », « représentation » ou « jeu » ; il considère l’interaction comme une dramaturgie où les acteurs se comprennent grâce à des rites (habitudes, pratiques…) qui guident leurs actions.

3/ La stigmatisation

Les relations entre les acteurs sociaux sont des interactions ; lors de ces interactions chaque acteur cherche à caractériser l’autre afin de l’identifier. Une caractéristique (comme par exemple la taille, la couleur de la peau, la position dans la stratification sociale, …) considérée par un groupe ou une communauté comme étant atypique peut devenir un stigmate.

Un stigmate est une différence qui se transforme en inégalité induisant un discrédit social.

Ce stigmate attribué à l’autre ne correspond pas forcément à l’image que le stigmatisé a de lui-même. Le malaise dans la communication et la souffrance suscitée par la stigmatisation provoquent soit l’affrontement, soit de la résignation du stigmatisé : La nature du stigmate et les rapports de force y sont déterminants.

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