David Ricardo (1772-1823)

« Dans un système de parfaite liberté du commerce, chaque pays consacre naturellement son capital et son travail aux emplois qui lui sont plus avantageux. La recherche de son avantage propre s’accorde admirablement avec le bien universel. »
Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1821.

1/ Biographie :

Né à Londres le 18 avril 1772 est le troisième enfant d’une famille d’immigrants juifs portugais de dix-sept enfants. Son père, agent de change, l’initie dès l’âge de 14 ans au monde de la finance. Cependant, son mariage avec une protestante en 1793 provoque une rupture avec sa famille très attachée aux traditions hébraïques.

Il s’installe alors à son compte comme agent de change. Doué, il fait très rapidement fortune. Dès 1997, c’est-à-dire à l’âge de 25 ans, cesse toute activité ; il a en effet assez d’argent pour vivre très confortablement de ses rentes.

Cependant, ceci ne l’empêche pas en 1815 de réaliser une exceptionnelle opération spéculative sur les bons du trésor anglais dans le contexte de la bataille de Waterloo. Ainsi, son sens des affaires et son esprit intuitif lui assurent définitivement sa fortune.

2/ Place de David Ricardo dans l’histoire de la pensée économique

Ricardo publie son livre majeur Des Principes de l'économie politique et de l'impôt en 1817 en Angleterre dans un contexte économique très particulier. En effet, la Révolution industrielle a engendré une classe d'industriels qui voient leur taux de profit entamé par la hausse des salaires. En 1815, les propriétaires fonciers et agriculteurs ont obtenu du gouvernement le vote des corn laws, lois établissant des taxes douanières sur l'importation de blés étrangers pour se réserver le marché intérieur anglais.

Le blé est donc cher. 1’intérêt des industriels et des salariés de l'industrie coïncide pour demander l'abolition des corn laws, c'est-à-dire l'instauration du libre-échange. Ricardo va donc apporter sa contribution au débat protectionnisme (défense des intérêts des agriculteurs) contre libre-échange (défense des intérêts des industriels) en soutenant les défenseurs du libre-échange et en le démontrant.

3/ Démarche

Pour décrire la démarche de D. Ricardo, on peut souligner sur deux points :


* Contrairement Adam Smith, il est praticien et non pas philosophe. Cependant, l’intérêt qu’il porte à l’économie politique, après la lecture de la Richesse des nations (1776) et le Traité d’économie politique de Jean-Baptiste Say (1803), le pousse à développer sa réflexion théorique sur les grandes questions de son époque : les questions monétaires, mais surtout, les problèmes liés à la problématique de l’accumulation du capital et de la croissance. Son intérêt pour le commerce international est en fait second ; il y voit un remède pour repousser les limites de la croissance. D’où, son militantisme pour l’abolition des « corn laws ».


* Ses démonstrations pour illustrer ses théories font de lui l’un des premiers économistes à avoir utilisé le raisonnement hypothético-déductif et la modélisation dans l’analyse économique.

4/ Théorie des avantages comparatifs

L’objectif de Ricardo, en prenant l’exemple du Portugal et de l’Angleterre et en faisant la démonstration de spécialisation dans la production des draps ou du vin en fonction des avantages comparatifs (relatifs) de chacun, est d'expliquer comment on peut retrouver le chemin d'un taux de profit plus important, donc, permettant l'investissement et la croissance par le biais de l'échange.

Il faut rappeler que Ricardo vit à une époque où les facteurs de production sont immobiles. On ne peut pas investir à l'étranger même si c'est plus rentable. Pour bénéficier des coûts de production inférieurs à l'étranger, il faut donc non pas y produire mais en importer la production.

4.1/ La démonstration

D. Ricardo prend donc l'exemple de deux pays, l'Angleterre et le Portugal. Chacun d'eux a besoin de deux produits dans les quantités suivantes : x litres de vin et y mètres de drap. Pour mesurer les coûts de production, afin d'éliminer les problèmes de taux de change que poserait une évaluation en monnaie nationale, il utilise la quantité de facteur travail nécessaire à la production du bien (unité : le travail d'un homme); ce qui revient à comparer les niveaux de productivité entre les 2 pays.

Il ressort de la démonstration de Ricardo que Portugal est en avance (productivité supérieure) par rapport à l’Angleterre dans la fabrication des deux produits. Pourtant comme ce dernier pays est moins mauvais dans le drap que dans le vin (elle possède donc un « avantage comparatif » dans le drap), les 2 nations ont intérêt à se spécialiser et à échanger : le drap pour l’Angleterre et le vin pour le Portugal. Ainsi, La théorie de Ricardo se veut également comme une alternative à la théorie d’A. Smith (spécialisation en termes d’avantage absolu).

En clair, l’échange international profite à tous et les pays ont intérêt à se spécialiser. La division internationale du Travail (DIT) qui en résulte permet une plus grande efficacité pour toutes les parties de l’échange.

4.2/ Les critiques de la théorie ricardienne : Les hypothèses peuvent être remises en question.

Cette théorie est un plaidoyer pour le libre-échange mais qui suppose :


- Des facteurs de production immobiles en contradiction avec les IDE (investissements directs à l'étranger) aujourd’hui ;

- Une situation de concurrence pure et parfaite démentie par les pseudo-monopoles de nos jours ;

- Des rendements constants. Or, actuellement la compétitivité est fondée sur des productions à grande échelle d'où les mouvements de concentration des entreprises.

5/ La réalité des faits dément la théorie.

En effet, la théorie justifie les échanges entre des pays dont les niveaux de productivité sont différents. Mais la plus grande partie du commerce mondial est réalisée par des pays de même niveau de productivité. Au contraire, plus les pays sont proches économiquement, plus les échanges s'intensifient.

Le tiers des échanges mondiaux sont intra-firmes au sein des multinationales. Là, les avantages comparatifs ne comptent pas puisque ces échanges échappent souvent aux règles du marché.

Ricardo a pris un exemple de commerce inter-branches mais les échanges entre pays développés portent sur produits similaires (intra-branche).

Au 20ème siècle Eli Filip Hechsher (1879-1952, économiste suédois) et Bertil Ohlin (1899-1979, économiste suédois et ancien ministre du commerce de 1944 à 1945) et Paul Samuelson (1915-2009, économiste américain, prix Nobel d’économie en 1970), perfectionnent cette approche connue sous le nom « théorème HOS », en faisant de la dotation en facteurs de production (terre, capital technique, travail plus au moins qualifié, …) le fondement explicatif de la spécialisation. L’échange conduit par ailleurs à une égalisation des rémunérations des facteurs.

Les nouvelles théories du commerce international sont développées par des auteurs comme Paul Krugman (né en 1953, prix Nobel d’économie en 2008). Ces nouvelles théories considèrent que les avantages comparatifs sont plus une conséquence qu’une cause des échanges internationaux.

En se spécialisant et prenant part au commerce mondial, chaque pays multiplie ses avantages ; ce n’est pas essentiellement parce qu’un pays est plus compétitif dans un produit qu’il exporte, mais c’est surtout en exportant qu’ils deviennent plus compétitifs. Les avantages peuvent donc être « construits ».

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