Tunisie : Comment échapper aux ingérences internationales ?

Près de 65 ans après son indépendance et une décennie après sa révolution, la Tunisie tente de mener à bien son cheminement démocratique et la réforme de ses institutions politiques, économiques et juridiques. Deux combats sont menés parallèlement, l’un pour la consolidation des acquis de la révolution, l’autre pour la réforme de l’Etat. Ces deux combats obéissent à des influences et ingérences étrangères. L’immixtion des puissances étrangères dans les affaires tunisiennes est un secret de polichinelle. La Tunisie s’est transformée en laboratoire grandeur nature pour tester certaines théories politiques et approches économiques.

Le pouvoir se trouve confronté à trois exigences majeures :


• Celle des partenaires occidentaux et leurs institutions (Banque mondiale, FMI,…) de plus en plus méfiants au fil de l’enlisement de la situation économique et l’endettement excessif de la Tunisie (100% du PIB).

• Celle des pays du Golfe qui voient de très mauvais œil l’ancrage d’un modèle démocratique en Tunisie qui pourrait à terme menacer leur régime. Ils financent sans limite leur agents locaux pour semer le chaos dans le pays. Les agissements de Abir Moussi, une ancienne figure de proue du régime de Ben Ali, au sein du parlement en sont l’illustration. Elle est financée, semble-t-il, des Emirats arabes unies, tout comme l’ancien Nida Tounès de Béji Caïd Essebsi, l’ancien président. Sans oublier bien évidemment l’argent Qatari qui coule à flot pour renforcer les tentacules du parti de Rached Ghannouchi.

• Et celle à la société à laquelle il faut répondre pour éviter une nouvelle révolution. La pauvreté touche 28% des foyer tunisiens et le nombre de chômeurs a dépassé les800.000 personnes, pour l’essentiel des jeunes diplômés. La crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. Loin de là, elle les a dramatiquement aggravées.

Comment échapper à de telles ingérences ? Comment prendre notre destin en main ? La géopolitique régionale et internationale évolue très rapidement. La Tunisie doit en tirer les conclusions qui s’imposent pour mieux réorienter, du moins équilibrer, ses relations diplomatiques et géostratégiques.

1/ La famille Al-Saoud et leurs alliés du Golfe dans la tourmente

Le Soutien inconditionnel accordé par l’ancien président Donald Trump aux principe héritier Mohamed Ben Salman et son ami le prince héritier des Emirats arabes unies Mohamed Ben Zayed, , s’est transformé, avec la nouvelle administration de Joe Biden, en désaveu sanglant : Retrait du groupe “Insar Allah” le Houthi yéménites de la liste des organisations terroristes, le gel de la livraison du matériel militaire d’une valeur de 36,5 milliards de dollars (50 avions F35 pour les EAU et 7500 missiles d’une très grande précision pour l’Arabie Saoudite). Mieux encore, Joe Biden vient d’ordonner l’arrêt de la maintenance des avions F15 et F16 saoudiens. Ce qui est un coup dur pour la force de frappe de l’Arabie saoudite.

Pis, la nouvelle administration américaine est décidée, sous la pression du Washington post, de faire la lumière sur le crime abjecte dont est victime un de ses célèbres chroniqueurs, le défunt Jamal Khaschoggi. Le quotidien américain mène actuellement une campagne virulente contre le régime saoudien et singulièrement contre le principe héritier qu’elle tient comme le commanditaire du crime. William Burns, le nouveau patron de la CIA, a déclaré récemment que l’agence dispose des enregistrements et des preuves irréfutables, qu’elle compte les publier prochainement, sur l’implication de Haut dignitaires saoudiens dans l’assassinat de monsieur Khaschoggi.

Le programme de la partition de l'Arabie Saoudite en plusieurs entités date depuis au moins 50 ans. Il est tout simplement à l'œuvre, mais à petit feu. Ceci confirme, corrobore, bel et bien nos analyses à propos des relations irano-américaines : Les USA ne bombarderont jamais l’Iran. Les États-Unis cherchent en effet à équilibrer les rapports de force entre l'Etat hébreu et l'Iran car Israël a presque échappé à ses géniteurs, créateurs. Les grands perdants dans ce bras de fer sont les Arabes du Golfe. La résistance en sortira victorieuse et grandie.

2/ Quelles implications géopolitiques pour notre diplomatie ?

La Tunisie ne doit pas mettre ses œufs dans le même panier. La diversification de nos relations internationales est une nécessité absolue pour l'existence d'une diplomatie active et la préservation de nos intérêts. Aussi, il faut se rapprocher davantage des Perses, de la Chine, de la Russie et même de l'Inde ou encore l'Afrique du Sud sans oublier le Nigeria et la Côte d'ivoire ainsi que tous les pays émergents de l'Afrique. Notre diplomatie doit être active pour vendre le made in Tunisia et faire valoir nos atouts et facteurs d’attractivités.

L'Union du Maghreb Arabe doit renaître de ses cendres ; nous devons la sortir de sa déchéance. L'axe Tunisie-Algérie doit être la locomotive qui servira à tirer les autres pays vers le haut. Nous avons besoin d’espace vital pour pouvoir prospérer et exister dans la géopolitique régionale.

L'histoire de nos relations avec nos voisins du nord est une histoire conflictuelle et cruelle depuis toujours. Il ne faut pas se laisser Berner : aux périodes des accalmies, voire de coopérations, se sont succédé des ères d'occupations et de crimes. Aussi, il faut s'y tenir prêt à toutes les éventualités.

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