Qui arrêtera le Hirak ?

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La mobilisation populaire a été aussi intacte ce vendredi 14 février que les premiers jours des manifestations. Par dizaines de milliers, les Algériens sont sortis dans les rues pour réclamer l'Etat de droit et l'indépendance de la justice. Ni la neutralisation du clan de Bouteflika, ni l'arrestation de ministres corrompus et d'hommes d'affaires délinquants n'ont mis fin à une colère profonde qui s'exprime pacifiquement et avec détermination depuis une année.

Le vendredi prochain, ce sera le premier anniversaire de l'éruption de ce volcan populaire. Vendredi prochain, ce sont des millions d'Algériens qui seront dans les rues clamant leur désir de récupérer leur Etat confisqué par la branche militaire du pouvoir exécutif. Ces citoyens de tout âge, femmes et hommes, et apparemment d'opinions politiques différentes, crient des slogans chaque semaine qui révèlent une maturité d'un haut niveau.

Si on analyse tous les slogans, nous remarquerons qu'ils convergent vers une seule demande : la fin de la domination de la branche militaire du pouvoir exécutif sur l'Etat. Les Algériens veulent mettre fin au mécanisme par lequel le commandement militaire, sous un habillage constitutionnel à la djeha, désigne les dirigeants civils depuis l'indépendance.

Ils ont compris que si des records de corruption ont été atteints, c'est parce que l'instance qui nomme aux hautes fonctions de l'Etat est au-dessus des lois. Depuis l'indépendance, l'Etat est réduit à un, pouvoir administratif qui échappe au contrôle populaire et qui gère le pays à sa guise en refusant de reconnaître la citoyenneté à ceux qu'il considère comme une foule d'administrés.

Cette foule d'administrés s'est soulevée un 22 février 2019 à l'échelle nationale pour revendiquer d'abord le statut de citoyens et pour exiger que l'Etat soit reconstruit sur la base de la séparation des trois pouvoirs. Pour atteindre cet objectif, les Algériens demandent la dépolitisation du grade de général qui est un préalable à la professionnalisation de l'armée.

On ne peut pas être général d'une armée moderne et Grand Electeur ; on ne peut pas être général d'une armée professionnelle et membre d'un Comité Central virtuel. La demande de dépolitisation de la fonction militaire est le signe d'une demande d'Etat moderne exprimée par une population mûre politiquement. C'est le signe que la société a changé et demande que le champ politique se transforme pour tenir compte de son évolution.

Le Hirak demande un changement dans les méthodes d'administration du pays, en restructurant le champ de l'Etat sur la base de la sanction électorale. Les Algériens savent que si les villes où ils habitent sont sales, c'est parce qu'ils n'élisent pas leurs maires ; si les deniers publics sont gaspillés de façon outrageuse, c'est parce que les détenteurs de l'autorité publique ne leur rendent pas des comptes.

Un président, un ministre est comptable devant les généraux et non devant l'électorat. Les dirigeants civils ont toujours cherché à plaire aux généraux et non à la population. C'est normal parce que leur désignation dépend des généraux et non de l'électorat.

Ce mécanisme est générateur d'irresponsabilité, de corruption, et favorise l'ascension des plus obséquieux et des plus incompétents dans les rouages de l'administration de l'Etat. Les Algériens attendent que le commandement militaire prenne conscience de cette situation et accepte de se dépolitiser pour le bien du pays et pour la paix civile.

Ce qui arrêtera le Hirak, c'est une prise de conscience des généraux pour qu'ils se retirent du champ politique.

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