Chant de la fin du jeûne

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Quelle est l'actualité du jour... Du jour de l'Aïd qui arrive ? La terre fait toujours sa ronde autour de son axe tout en courant dans le firmament parmi une multitude de corps célestes, qui de leur côté s'affairent à suivre leur propre cours. Les hommes n'en reviennent toujours pas d'être là, au beau milieu de ce manège qui donne le tournis. Ils essaient de se donner un point fixe en se construisant des idoles... Cela s'appelle peut-être la Technique.

Les idoles sont des antidotes au vertige, à l'abîme dans lequel le sens des choses ne cesse de se perdre. Il y en a de toutes sortes : de celles que l'on sculpte dans le bois ou dans le marbre à celles qui sont de chair et d'os et qui prennent forme humaine, en passant par ces croyances étranges selon lesquelles l'homme accomplirait dans le temps de l'Histoire une marche triomphale vers sa propre consécration.

Autour de ces idoles se bâtissent des temples dont les sommets s'élèvent haut. Autour de ces idoles prospère un commerce qui a ses gagnants et ses perdants. Mais seul le poète devine le secret des choses, parce qu'il sait danser avec les étoiles et extraire de leurs rondes célestes des récits fabuleux, comme on extrait du fruit un suc enivrant…

Loin de la foule, qui le traite d'insensé et l'exile hors des murs de la cité, il chante, et de son chant lui parvient un écho auquel il sait qu'il n'a fait en vérité qu'obéir : il suscite le retour de la voix, et découvre en même temps que la sienne n'est que seconde !

Ainsi, chaque jour, au moment où le soleil se couche à l'horizon et que cesse l'agitation de la multitude, quand il pince doucement sa lyre (*), ce sont au loin les astres du ciel auxquels il répond à l'appel, afin d'en grossir le chœur. Mais afin aussi de faire par son chant se lever toute voix timide ou trop assoupie, parmi les créatures vivantes de la terre et parmi les cœurs languissants.


* Les lyres sont de deux sortes : il y a les lyres orientales et les lyres occidentales. Elles ne produisent pas le même son, ni la même ivresse chez celui qui écoute. Mais là où elles mêlent leurs sonorités, elles rappellent à l'oreille des hommes qu'elle doit se rendre attentive au mystère de la musique, par-delà ses modes et ses accentuations.

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