L'enseignement de la philosophie dans les classes du primaire : un défi fou !

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L'enseignement de la philosophie dans les classes du primaire est un défi fou, qui nous met face à des problèmes de toutes sortes... Dont un en particulier, qui consiste à dire qu'avant de pouvoir prodiguer aux jeunes élèves un enseignement de philosophie, il faudrait s'assurer que les enseignants aient été sortis eux-mêmes de la "caverne" des méthodes pédagogiques classiques et qu'ils se soient laissés convertir à la dimension ludique de cet apprentissage, où il ne s'agit pas tant de répondre à des questions que de faire résonner toute la profondeur qu'elles recèlent ; où il ne s'agit pas tant de dépasser des questionnements en vue d'un savoir quelconque qui rime avec certitude que d'apprivoiser ces questionnements et de faire en sorte qu'ils prennent la parole…

Mais, s'agissant de cette difficulté en particulier, il faudrait rappeler ce que Kierkegaard signalait à propos de l'enseignement socratique, à savoir que le disciple a autant besoin du maître que le maître du disciple. Nous ne commencerons pas un enseignement philosophique pour les plus jeunes parce que nous aurons apprêté des enseignants en vue de cette tâche : nous offrirons à ces derniers la possibilité de concrétiser leur désir d'accéder à une forme de pratique philosophique grâce à la présence et à l'attente du disciple qu'est le jeune élève !

En d'autres termes, l'entreprise ne se présente comme une opération irréalisable que si on n'en retient qu'un versant : l'apprentissage des élèves par les enseignants.

Dès qu'on envisage l'autre versant, à savoir l'apprentissage des enseignants eux-mêmes grâce aux élèves et au moyen de leur présence, on voit que cette collaboration, cette interdépendance des uns et des autres dans l'intelligence des choses ouvre des perspectives nouvelles, parfois tout à fait insoupçonnées... Et qu'elle nous permet en tout cas de rompre le cercle vicieux qui s'énoncerait de la manière suivante : pour apporter à nos jeunes élèves un enseignement philosophique, il faudrait que nos enseignants eux-mêmes fussent philosophes, mais pour que ces derniers fussent philosophe, il faudrait qu'ils aient eux-mêmes reçu un enseignement philosophique…

Le défi reste énorme, mais c'est jouable, car il ne s'agit pas de convertir tout le corps enseignant du primaire à la philosophie et à ses méthodes propres : il s'agit d'accompagner une expérience qui engage autant l'élève que l'enseignant et qui a une dimension ludique essentielle.

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