C’est plus en tant que conteur qu'en tant qu'historien que le professeur Timoumi a parlé…

Ainsi donc, nos ancêtres les berbères auraient eu pour coutume d'offrir leurs épouses pour honorer l'étranger... En guise de dessert après le couscous ! Si c'est un historien qui le dit, c'est forcément vrai.

Je ne sais quoi penser de ces bêtises : du désert critique qui règne dans la pensée de certains de nos historiens, de la facilité étonnante avec laquelle beaucoup d'entre nous gobent des énormités, ou du plaisir morbide que nous avons à salir notre passé ancien.

Si cette coutume existait vraiment, elle aurait été signalée et dénoncée à l'époque romaine par l'un ou l'autre des auteurs latins qui portaient souvent un regard sévère sur les mœurs des berbères : saint Augustin en tête ! Passer ce silence sous silence et lui préférer le bavardage d'un voyageur scribouillard en dit long sur la rigueur intellectuelle qui prévaut dans nos pratiques historiennes.

La vérité est que cette coutume existe partout. Elle ne concerne pas des peuples entiers, mais seulement cette portion qui, en raison de certaines circonstances, se trouve dans un état de peur et de vulnérabilité tel qu'elle espère échapper aux exactions et à la mort en sacrifiant son honneur.

Il arrive que cette dégradation de soi se prolonge bien au-delà du contexte qui en a été la cause : la réhabilitation de soi est toujours un processus long et laborieux. Elle est précédée par une phase qui est celle de la haine de soi. Nous en savons quelque chose, nous qui avons subi la dictature : ses vexations, ses censures, ses tortures...

L'image négative que nous perpétuons des berbères n'est peut-être rien d'autre que le fruit amer de cette haine de soi. Elle prend place parmi toutes ces idées qui peuplent les réseaux sociaux, par lesquelles nous nous acharnons contre nous-mêmes, à nous dévaloriser les uns les autres sous couvert de convictions politiques... Mais que l'histoire s'en mêle, voilà qui ne devrait pas être permis.

En effet, on est loin de tout savoir sur les Berbères. Et je doute que les choses changent quand je vois que des historiens disent à leur sujet des inepties, au mépris de toute prudence en matière de rigueur scientifique.

Pour moi, il est clair que c'est plus en tant que conteur qu'en tant qu'historien que le professeur Timoumi a parlé. Le problème est que le conte est de mauvais goût et qu'un certain amalgame voudrait faire passer la petite histoire pour de la vraie.

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