Nous ne sommes pas à vendre… même quand on y met le prix !

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Mieux vaut tard que jamais ! J’ai apprécié le rappel à l’ordre du ministre tunisien des Affaires étrangères, adressé à quelques pays « frères et amis » qui déversent, en toute charité islamique, une aumône humiliante sur des citoyens tunisiens démunis. Il ne manque plus que la semoule, le lait et quelques primeurs hors de prix pour de pauvres bourses, sur les images où trône en première ligne une bouteille d’huile d’olive, cet or jaune dont la Tunisie est fièrement productrice depuis l’antiquité et aujourd’hui couverte de médailles à l’étranger !

Cette représentation indigne de soi est à renvoyer à la face de nos gouvernants qui n’ont pas su, sur la durée et avec efficacité, gérer les prix, contrôler la distribution, contrecarrer les spéculateurs et secourir nos agriculteurs en détresse, enfoncés dans l’endettement et menacés par le destructeur ALECA.

D’autres institutions présumées tuniso-tunisiennes méritent un semblable avertissement. Depuis la révolution, des associations caritatives manipulent l’opinion publique, particulièrement à l’approche des élections.

Mais ces dernières semaines deux institutions sont portées au pinacle de la bienfaisance. Il s’agit de Khalil Tounes et 3ich Tounsi. Sous couvert de philanthropie et d’aide sociale, elles pratiquent un populisme qui ne dit pas son nom et que nous serions mal venus de vilipender tant elles volent au secours des malheureux et leur donne un peu de bien être : le droit à une qualité de vie et au bonheur ne devrait-il pas être le principe fondateur de toute politique ?

Toutefois, ces deux populismes manifestent aujourd’hui la même ambition. Le premier, celui de Nabil Karoui, patron de Nessma TV, devrait céder à la tentation Berlusconienne, celle qui porta il cavaliere, dans son omnipotence médiatique, à jeter son OPA sur le pouvoir italien, avec cette réserve que le chouchou des familles tunisiennes a un profil beaucoup moins graveleux que Berlusconi.

Après la descente de police dans les locaux de Nessma TV, l’arrogance de Nabil Karoui, contrevenant à la loi, alla jusqu’à appeler dans un spot télévisé au soulèvement du peuple contre l’interdiction de diffusion de ses programmes, fût-elle disproportionnée ! Nabil Karoui donné en tête de tous les sondages, ne s’est pas encore porté candidat pour Carthage, d’où on peut croire que l’actuel locataire l’encourage fortement, comme une dernière peau de banane glissée sous les pieds de Youssef Chahed.

Le second populisme bon chic bon genre est celui de la sainte-nitouche, la charmante Olfa Terras Rambourg, une artiste de la comm’.

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer il y a 3 semaines à propos de 3ich Tounsi, sans avoir en aucune manière l’intention de participer à une cabale et encore moins de recommander un ostracisme à son égard au motif d’une bi-appartenance nationale.

Néanmoins, le projet est cousu de fil blanc et mené de main d’expert depuis des mois. Olfa Terras Rambourg, en protestant ironiquement contre le fait que sa « mission » humanitaire n’est apparue suspecte dans son financement qu’à partir du moment où s’en dessinait une autre vocation plus politique, reconnaît implicitement le lien entre ces deux dimensions et affirme son droit à concourir pour la présidence de la République.

Elle déclare officiellement ne pas vouloir transformer son mouvement citoyen 3ich Tounsi en un parti politique. Et pour cause, les partis politiques doivent se plier à une législation très stricte concernant la provenance de leurs financements.

Je rappelle en outre que les fondations en Europe, du moins en France, apportent à la fortune de leurs initiateurs le bénéfice d’importantes exonérations fiscales lorsqu’ils se livrent à des œuvres sociales. Souvenons-nous de la dernière polémique en France lorsque des grands groupes tels LVMH ou Pinaud ont apporté une contribution colossale à la restauration de Notre Dame de Paris, pour laquelle il leur était retourné une avantageuse défiscalisation.

À quelques semaines des élections, il n’est pas trop tard pour que la Cour des comptes ou d’autres instances appropriées contrôlent à la loupe le financement de tous les candidats. Il importe aussi que les journalistes, les lanceurs d’alerte, l’ensemble de la société civile et politique démasquent les impostures, dénoncent les démagogies, qu’elles proviennent des mouvements anti-système ou des partis politiques et révèlent, quand ils en sont sûrs, la corruption de la parole électorale.

Tout citoyen est en droit de se porter candidat à la magistrature suprême mais la plus haute charge de l’État ne s’achète pas comme une position notariale.
Nous ne sommes pas à vendre, même quand on y met le prix.

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