Yaakoubi est un démagogue mais le ministre Hatem Ben Salem connaît-il bien le droit public ?

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C’est le foutoir à l’éducation nationale !

Ainsi donc, Yaakoubi récidive. C‘est un démagogue qui depuis douze ans, en secrétaire général de la fédération de l’enseignement secondaire, péremptoire et indiscuté, met la pagaille dans les collèges et les lycées en amenant les élèves et leurs parents à une très grande instabilité quant à ce qu’ils ont de plus précieux pour leur avenir, l’enseignement !

Depuis 2011, Il porte les familles à la terreur d’années blanches, ce qui entre nous soit dit et nonobstant les difficultés, serait la meilleure chose qui pourrait survenir à notre système éducatif, disqualifié dans tous les rapports internationaux, et où il serait tellement utile de remettre les compteurs à zéro.

Le secrétaire général de la fédération de l’enseignement secondaire – bien sûr il n’est pas seul dans cette affaire mais il en est l’épicentre - entre même en confrontation avec la direction syndicale au point de favoriser une fragilisation de la Centrale à un moment où se ressentent une désapprobation de l’opinion et un discrédit jeté sur les luttes syndicales et sur leurs meneurs.

Yaakoubi qui ignore tout d’une situation de classe, est-il seulement au courant de la nécessaire continuité d’un processus pédagogique et du rythme très codifié de l’évaluation, soumis à des hiatus par le fait du désordre de grèves à répétition et d’actions intempestives sur les examens et les notations ? Peut-être devrait-il être lui-même évalué sur son savoir et sur son savoir-être !

Enfin, lui qui se dit si soucieux de justice et d’équité, prend-il seulement conscience que toutes ces perturbations minent notre enseignement public, déjà bien bradé au privé et dont une réforme très libérale datant des années quatre-vingt-dix a profondément entamé l’essence originelle, celle qui favorisait autrefois par l’égalité des chances l’ascenseur social.

Je ne mets nullement en cause la légitimité des revendications des enseignants ni leurs difficultés. Je sais ce qu’il en est, ayant été moi-même enseignante et ayant formé des enseignants, mais je dis que Yaakoubi instrumentalise cette précarité par une démagogie creuse, facile et répétitive, enveloppée d’un pathos de larmes et truffée sur la durée de grossièreté et de posture inadmissible, tant la conduite d’un enseignant doit être exemplaire : il faut l’avoir écouté et suivi toutes ces années, particulièrement lundi 11 février sur la chaine Nessma, pour en être convaincu.

C’était inévitable : la guerre reprend à propos des examens. Yaakoubi et consorts viennent de nous faire la leçon sur les modalités d’une évaluation qu’ils ont eux-mêmes bouleversée de fond en comble. En soumettant tous les enseignants et tous les élèves sans exception à leur diktat de boycott des examens du premier trimestre, ils considèrent qu’aucun devoir de synthèse ne devrait être pris en considération dans une moyenne où seraient fusionnés les seuls devoirs de contrôle du premier trimestre avec les devoirs de contrôle du second trimestre et le prochain devoir de synthèse. De manière légère au gré de chacun, ils invitent les enseignants à faire cours pendant les vacances !

Le ministère de l’Éducation nationale n’est pas dupe de ce nouvel oukase : il s’agit pour Yaakoubi et Cie de châtier les enseignants et les élèves qui, malgré leurs interdits, ont fait passer les examens qui ont été corrigés et notés. Alors quoi, pour faire plaisir à Yaakoubi, ce travail compterait pour du beurre !

Toutefois la réponse du ministère de l’Éducation nationale est elle-même très problématique : sous prétexte de laisser le professeur seul maître dans sa classe, un comité pédagogique téléguidé par le ministre décide que l’évaluation se fera à la carte, selon les notes que chaque enseignant voudra bien prendre en compte ! En effet, c’est la porte ouverte à « l’arbitraire » selon le mot des dirigeants syndicaux, c’est-à-dire à l’inégalité de chances de chacun devant la notation.

Hatem Ben Salem est docteur d’État de Droit public. Il n’ignore pas qu’une même règle, prescrite d’ailleurs par le seul ministère, doit régir le système d’évaluation et qu’en aucun cas chacun peut agir à sa guise. Mais sur ce sujet le ministre règle aussi son compte personnel avec Yaakoubi. Il faut entendre sa colère contre cet agitateur arrogant et impénitent pour s’en convaincre.

Le principe de la non discrimination est inscrit dans la règle de droit. Or, non seulement le ministre professeur de droit établit des distinctions au sein du processus d’évaluation concernant un même corps d’élèves mais, fait plus grave, il semble en avoir introduit dans la mise à la retraite anticipée des enseignants, avantage attribué lors du dernier accord entre son ministère et le syndicat de l’enseignement secondaire.

Dans ma dernière analyse autour des « artifices et sacrifices pour une paix sociale », j’avoue être passée trop rapidement, sans précision ni rigueur sur la question de la retraite. C’est qu’écoutant les concernés et me reportant au site de l’UGTT, j’ai buté sur des informations sommaires que je n’ai pu interpréter.

Ce mercredi matin sur RTCI le ministre a apporté quelques éclaircissements : ainsi seuls les enseignants qui auront cinquante-cinq ans et trente cinq ans de service pourront bénéficier d’une mise à la retraite, dans un alignement avec le statut des maîtres. Comme cette situation paraît quasi impossible - aucun enseignant ne commençant ce service à vingt ans ! - Il est donc prévu que les enseignants qui voudraient être mis plus tôt à la retraite parce qu’ils ne supportent plus la situation de classe, soient reportés dans des fonctions pédagogiques annexes.

On se demande bien lesquelles, aucun cadre légal n’ayant été prévu, même pas celui de bibliothécaire ni d’animateur de vie scolaire. Le ministre évoque vaguement le rôle de « consultant » ! Est-ce un professeur de droit qui s’exprime ainsi ? Verra-t-on des centaines de professeurs glander dans les couloirs des lycées, prendre un café chez le directeur ou rester chez eux en attendant l’âge de la retraite, rémunérés aux frais du contribuable ! Le ministre - peut-on vraiment le nommer ministre ! - dénombre quelques mille huit cents enseignants dans ce cas. Mais qu’a-t-on prévu pour le remplacement de ces enseignants ? À moins que le gouvernement n’en profite pour se débarrasser d’une cohorte de fonctionnaires !

Quant aux enseignants affectés d’une longue maladie - Naji Jalloul, précédent ministre, avait vérifié ces cas ! - ils pourront être mis à la retraite suivant un examen de leur dossier au cas par cas : selon quels critères et pour quelles maladies ? Dieu seul le sait… Cette situation était réglée autrefois simplement et cela s’appelait une « réforme du fonctionnaire ». Alors pourquoi tout ce blabla, d’autant plus qu’on imagine déjà une contagion des revendications.

Alors vraiment, dans notre système d’éducation c’est le foutoir, non ?

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