Mondialisation

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Selon la plupart des paléontologues, 68253 ans environ avant les Hébreux fuyant devant les armées de Pharaon, un groupe d’Homos Sapiens constitué en grande partie de femmes traversait la Mer Rouge. Poursuivaient-ils une gazelle de Cuvier ou un vol d’ibis chauves ? Avaient-elles aperçu une enseigne Marionnaud ? Cherchaient-ils le mythique paradis fiscal des débuts de l’humanité ? Ou croyaient-ils tout simplement que l’herbe était plus verte de l’autre côté ?

On ne saura sans doute jamais.

Le fait est cependant acquis qu’après Homo Erectus et Homo Habilis, Homo Sapiens partait à son tour à la conquête des continents. De génération en génération, ses descendants allaient tracer leur chemin jusqu’aux endroits les plus inhospitaliers de la planète. Soucieux de nourriture saine, ils créèrent il y a plus de 10000 ans l’agriculture biologique avec assolement triennal, compost artisanal et désherbage manuel. Obtenant malgré tout des excédents, ils les échangèrent avec leurs voisins les plus proches contre du Chabichou et du Mouton-Rothschild.

Ils inventaient ainsi le commerce de proximité. Leurs femmes étant de plus en plus coquettes et exigeant des bijoux de plus en plus rares, leurs voyageurs-représentants-placiers en vinrent prospecter des clients de plus en plus loin. Au point de troquer l’épeautre du Bassin Parisien contre des coquillages colorés des plages de Vendée, des peaux d’auroch auvergnat pour la fabrication des sacs à main contre des perles d’huitres de Marennes-Oléron et des rouleaux de toile de lin de la vallée de la Lys pour confectionner des robes vichy contre des ballots de laine de mouton de pré salé pour la fabrication de tapis de haute laine à points noués.

De longues caravanes s’étirèrent alors lentement de Brest à Besançon et de Calais à St-Jean-de-Luz, franchirent allègrement la Corrèze à Brive, les Pyrénées au col du Somport et le Rhin à Coblence. Des relais s’établirent de points d’eau en points d’eau, des hôtels avec toilettes au fond du couloir et des palaces cinq étoiles s’élevèrent aux carrefours des grandes voies de circulation.

Des villes s’édifièrent autour de riches marchés d’épices, de casseroles en cuivre et de bijoux en or, des métropoles s’organisèrent autour de temples somptueux pour supplier les dieux de la météo d’envoyer de la pluie en été et du soleil en hiver. Marco Polo traça la route de la soie, les contrebandiers celle du sel, les navigateurs celles du rhum et les aiguilleurs du ciel celle du Paris-New York.

En un mot, de Nantes à Santiago et de Shanghai à San Francisco, Sapiens inventa si bien la mondialisation que les romans de Bernard-Henri Levy se vendirent dans plus de cent pays à des millions d’exemplaires. On voit par-là que non seulement la mondialisation remonte à la nuit des temps et avance inéluctablement dans le sens de l’Histoire mais que, comme pour la langue d’Ésope, on y trouve parfois le pire comme le meilleur. Il convient donc de demeurer vigilant car le monde, indifférent, poursuit sa course joyeuse vers son avenir radieux.

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