Décembre et janvier 2011 : liberté, dignité, citoyenneté, élire, choisir…

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J'ai toujours eu le sentiment d'appartenir à un pays atypique du fait de son Histoire depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, d'être issue d'une petite nation d'avant-garde aux moyens modestes et aux rêves, ambitions et réalisations prometteuses.

Pendant les années de plomb pour lesquelles je n'ai aucune nostalgie, diktat et humiliation pesaient sur la tête de la majorité des tunisiens. On subissait sa vie plus qu'on ne la choisissait. L'autorité régnait sur un désordre bien orchestré, illégalité et transgression des lois en tous genres. La pression venant d'en haut était tellement puissante que le conscient collectif en a été perverti et les anti-valeurs sociales telles que la corruption, le vol, l'escroquerie, l'enrichissement crapuleux, le népotisme... étaient devenues les meilleurs exemples de bonne conduite humaine et de réussite sociale.

L'individualisme faisait foi et peu importent les dérives de la gouvernance. Il m'arrivait souvent d'être peu fière de l'âpre réalité des choses au même titre que beaucoup d'autres tunisiens. Décembre et janvier 2011, l'enchantement national a gagné cette majorité silencieuse et égarée qui a recouvré la parole, découvert la magie du verbe et celle de la pensée.

Les concepts et les actes les plus élémentaires de la vie publique, liberté, dignité, citoyenneté, élire, choisir, revendiquer, contester, refuser...ont pris leurs sens et parfois tous les sens dans le quotidien du tunisien. 2 -ème constitution, 3 élections législatives et 2 élections présidentielles.

Une classe politique bigarrée, incompétente, immature, férue de pouvoir et non des intérêts de ses élus, qui n'a pas fait ses preuves et ne pouvait les faire du fait de sa nature et sa configuration. Décevante, elle s'est avérée dans l'incapacité de gérer le pays, de répondre aux impératifs premiers.

Les gouvernements successifs ont failli à la tâche et n'ont réussi qu'à accentuer la crise économique, le chômage global et notamment celui des jeunes diplômés ou non instruits. La dette extérieure s'est considérablement alourdie et les investissements se font rares compte tenu de l'instabilité sociale.

Un parlement en débandade où alliances néfastes et violence morale et physique se substituent aux débats sérieux et votes de lois d'une assemblée législative digne de ce nom. Des escarmouches peu flatteuses entre les pouvoirs exécutif et législatif pendant que des cabinets clairs obscurs font maladroitement danser les marionnettes.

Les corps de métiers, médecins, magistrats, enseignants, douaniers, journalistes et autres sont en détresse, le gouvernement observe, hasarde un pied sur le terrain, négocie avec les guérilleros du Kamour, concède un hôpital pour magistrats, opère des visites inopinées médiatisées dans certains hôpitaux puis revient dans ses offices pour mieux observer.

Une étrange visite à l'étranger qui révèle encore plus l'improvisation en matière diplomatique. Visite qui donne la nette impression de ne pas avoir été bien préparée encore moins bien conçue. Migration non organisée et terrorisme s'homologuent dans un esprit confus et inadapté à une position d'état souveraine et équilibrée.

Par ailleurs et c'est mon opinion personnelle, l'enveloppe de l'aide économique est plus humiliante qu'efficace. Au plan de la Gouvernance, le bilan de la décennie est cruellement décevant, en revanche, il y a une part extrêmement positive qui donne de l'espoir pour l'avenir et qui se cristallise dans les importantes avancées citoyennes qui se sont faîtes.

La société civile s'est organisée et a accompli des actes efficients dans le cadre du développement durable, de l'encadrement des femmes et des enfants en difficulté.

Également, un travail efficace et visible a été entrepris dans certaines municipalités du pays. Un mouvement d'entraide citoyenne œuvre en amont et constitue un bon rempart pour les personnes dans la précarité. Ces acquis sont le fruit de la part belle de cette décennie mais ils sont insuffisants car l'état a des responsabilités constitutionnelles et morales à l'égard du peuple, les attentes sont grandes et les impératifs urgents.

La société civile joue un rôle de pompier en raison du désengagement de l'état pour incompétence, impuissance et usurpation de fonctions et de responsabilités. En politique, l'optimisme et la persévérance sont de rigueur, pas seulement dans l'exercice politique mais aussi dans l'appréhension même du citoyen.

Dans le cas présent, l'endurance est de mise car nous n'avons que ce choix pour ne pas abandonner l'espoir même minime d'un dénouement progressif dans un avenir proche. On connaît le pourquoi, mais le comment, quand et avec qui ?? demeurent des questions parfois subjectives…

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