À quoi servent les manifestations ?

À quoi servent les manifestations ? Par exemple celles d'avant-hier pour la Palestine. Je me permets de l'expliquer car trop nombreux sont ceux qui y ont participé ou les ont soutenues et qui s'affairent aujourd'hui à discuter des échauffourées et des actes de vandalisme qui se sont produits à Milan, comme si descendre dans la rue avait pour but d'obtenir l'approbation des journaux et des bien-pensants. Non. Les manifestations sont des preuves de force et surtout de détermination : elles servent à prendre conscience de ces qualités et ainsi à alarmer les journaux et les bien-pensants, les poussant à abandonner leurs positions les plus arrogantes ou, au contraire, à jeter le masque et à passer à la brutalité.

Je n'ai aucune sympathie pour les provocateurs, les extrémistes et les aventuriers : pour les contenir, il faudra des services d'ordre efficaces. Mais l'essentiel est de ne pas se laisser entraîner sur le terrain médiatique, y compris « asocial » : le match doit se jouer dans les rues et uniquement dans les rues. Que des centaines de milliers de personnes sortent de chez elles pour manifester (au lieu de rester collées à leur écran ou à leur tablette, ne serait-ce que pour montrer leur empathie en mettant un « j'aime » sous le symbole de la flottille) est déjà un succès : l'expérience réelle et sociale qu'elles ont vécue est en soi une émancipation du conditionnement subtil et omniprésent de la virtualité auquel elles sont habituées. Pour certains très jeunes, ce sera la première fois.

Le pouvoir sait bien qu'il a besoin du consentement des citoyens, même d'une minorité, mais seulement si la majorité reste silencieuse et résignée. Si, au contraire, beaucoup d'entre eux abandonnent leur apathie et commencent à se parler et à s'organiser, la situation évolue. D'où l'importance accordée par les journaux et les journaux télévisés, ainsi que par les personnalités du gouvernement, à des affrontements et des actes de vandalisme insignifiants ; la simple possibilité d'un retour des citoyens à la politique participative (au lieu de la post-politique représentative, si en vogue parce que fonctionnelle au néolibéralisme) suffit à mettre en ébullition un système habitué à l'emporter par des discours et des mensonges.

Est-ce là l'occasion inattendue que nous attendions ? Gaza est perdue, mais l'indignation provoquée par sa destruction peut inspirer une résistance plus large contre le régime qui a permis le massacre et qui, depuis longtemps, efface partout la civilisation, la morale et la beauté. Il suffit de ne pas se laisser distraire par les diversions médiatiques, il suffit de tenir bon.

N.B. :
Les manifestations à Milan pour la Palestine ont été marquées par des échauffourées et des heurts. Les manifestants, rassemblés près de la gare centrale, ont brandi des drapeaux palestiniens et crié "Palestine libre!" Les tensions ont été exacerbées par des projectiles jetés sur les policiers, qui ont réagi avec des gaz lacrymogènes. Cette mobilisation a été un succès politique, avec des manifestations organisées dans plusieurs villes italiennes, y compris Milan, et a été suivie avec une grande solidarité par la société italienne.

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