J’avoue que la référence au « sionisme » pour expliquer les événements de Gaza et de Cisjordanie me convainc relativement. Je ne doute pas qu’il y ait des aspects terribles dans cette idéologie, mais je crois que la tournure criminelle de ces deux dernières années a aussi à voir avec quelque chose qui nous concerne de près, quelque chose qui remet en question Israël, bien sûr, mais en tant qu’extension orientale de l’Occident et en particulier des États-Unis.
Israël pousse à l’extrême l’exceptionnalité américaine, c’est-à-dire cette position d’étranger au droit international et de revendication d’un pouvoir absolu, « absolu » dans le sens de dissous, détaché des déterminations en dehors du périmètre de privilège dont il émane.
Les États-Unis (et dans une certaine mesure l’Europe) se sont appropriés le « droit d’être au-dessus des lois ». Israël, qui est une sorte de 51e État américain, pousse ce privilège à l’extrême. Il l’utilise sans pitié, sans retenue. Et il montre le vrai visage de l’Occident, dont le pouvoir est basé sur la domination de l’homme sur l’homme, sur le privilège de quelques-uns sur le plus grand nombre, sur la loi du plus fort, sur la volonté de puissance et sur la rapacité économique.
L’irrationalité d’Israël, menant une guerre insensée sans autre but réel que de répandre la mort et la destruction, est la vérité de la rationalité occidentale. C’est la révélation : la condition d’existence de l’Occident, de cet Occident turbo-capitaliste qui a mis de côté toute aspiration au socialisme, à l’égalité et à l’unification de l’humanité, c’est la violence, c’est le pouvoir de nier la dignité à son prochain, le pouvoir de domination qui s’est déjà manifesté dans le passé historiquement avec le colonialisme, le racisme et les diverses conformations fascistes et maintenant post-fascistes.
Ceux qui, en Europe et aux États-Unis, défendent cette rationalité perverse se cachent derrière le moralisme et l'accusation facile d'antisémitisme. Ils le font, après tout, parce qu'ils veulent cacher le fait que les accusations contre Israël ne mettent pas seulement en cause ce pays ou le chef de son gouvernement criminel, mais remettent en cause le droit américain et européen d'être au-dessus de la loi.