Western version faillite bancaire

Entre la rivière et la mer un mince et solide filet d'eau. Entre la sueur et l'argent un gros fil à la patte : la banque !

Récemment la tête remplie de misère et de violence ; de projets sépulcraux et de chaos mondial, pour me détendre, j'ai plongé dans un vieux film comme on en produisait jadis pour distraire la foule tout en lui faisant croire qu'on s'occupait d'elle.

Installé dans mon canapé, les arpions en éventail, je regardais un vieux western à la psychologie black and white. Le méchant étant très méchant et le gentil très gentil, limite benêt, on se laisse prendre par ce minimalisme très efficace.

Plongé dans les faillites bancaires, mon entourage fut atterré par ce choix baroque et par le détachement que je montrais devant une actualité sentant le feu et le sang sur fond de 49.3. La dixième fois qu'il nous le fourgue le Manu ! A part ça, si t'es pas content…

J'avais beau expliquer qu'il y avait un rapport, du moins dans mon esprit, rien à faire. « Mais comment peux-tu regarder un truc pareil ! Quelque chose m'échappe ! », me dit un cousin qui n'a toujours pas quitté ses frusques de l'époque où jeune rimait avec couillon !

J'avais beau dire qu'il n'y avait rien de plus limpide que cette histoire pour comprendre la faillite des banques, autrement dit le nettoyage des poches des citoyens par des gangsters en col blanc. On ne me comprenait pas. Circonstance aggravante, un film américain ! Un produit de l'Empire ! Quelle horreur ! « Et en quoi me dit-on un film de pan-pan qui date de Mathusalem aurait un rapport avec le krach bancaire ? »

Le film date des années quarante du siècle dernier, certes, mais le sujet c'est quand même la banque. Un sujet aussi vaste que les océans. La faillite des banques, tout le monde en parle et ça craint pour nos matricules. Tout comme dans mon western pourri, la faillite se résume au nettoyage à sec des poches du clampin dont la naïveté frise la complicité pour crime en bande organisée.

L'histoire de ce film à l'esprit désincarné, propre au genre, raconte l'histoire d'un campement de chercheurs d'or où la boue et la non-vie ont la part belle : hommes, femmes et enfants forment un tout hétéroclite et misérable qui rappelle « La ruée vers l'or du Klondike » du grand Jack London, dont Chaplin avait tiré un long-métrage.

Des « chanceux » ont trouvé des filons du précieux métal, mais, prudents, cachent leur joie. Le malfaiteur rôde en quête d'un sale coup avant le suivant. Motus…

La nouvelle s'étant répandue que des gisements importants... des chariots chargés de marchandises, d'alcool, bois de charpente, prostituées, clous et planches constitueront ce que deviendra très vite – avant l'existence même de chiottes publics – un bâtiment important, à la suite duquel d'autres s'ajouteront.

Ce bâtiment – en fait une cabane en bois assez imposante pour impressionner le passant – arborera une enseigne des plus aguichante avec quatre lettres magiques : BANK. C'est pas Vegas, mais pas loin !

Sa devise, proclamée par un monsieur élégant en costume-cravate jouant le bateleur : « Nous sommes ici pour protéger votre or ! Venez admirer la solidité de notre bâtisse et la résistance de notre coffre-fort ! Aucun voleur ne s'y risquerait sans le payer de sa tête, nos meilleurs pistoleros veillant au grain ! Signez ici, au bas de ce document attestant que vous êtes bien le dépositaire de telle quantité d'or... Une croix suffira ! »

En face de la banque, le saloon, où l’orpailleur épuisé va s'arsouiller jusqu'à plus soif, soulager une queue en souffrance dans le ventre des prostituées, elles aussi à la recherche de fortune pour fuir cet enfer et des joueurs de poker prêts à tout pour alléger vos fonds de poche.

Quand le pauvre chercheur émergera de cette bacchanale, ayant dépensé, jusqu'au dernier, les jolis dollars « offerts » par le banquier, il découvrira que la banque a fermé « ses guichets », fait faillite et qu'il ne lui reste plus qu'à continuer de gratter la roche jusqu'au sang en rêvant au monde merveilleux de Narnia.

La morale des banquiers, c'est de ne pas en avoir ! Nous étions prévenus, Naomi Klein l'a très bien résumé dans « La stratégie du choc », mais ce n'était qu'un vulgaire western !

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