Nous l'avons échappé belle !

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Bien sûr, tout va très vite comme au champ de courses parce c’est bien ça , depuis quelques mois le champ politique algérien est devenu un triste champ de courses où nos anciens dirigeants jouent à être de drôles de purs sang dans une drôle de course, à qui arrivera le premier…à la prison d'El-Harrach.

Ouyahia a grillé sur le poteau l'autre ex-premier ministre, les autres ministres n'arrivant que bien plus tard. On pourrait trouver motif à jubilation devant un spectacle pareil. Mais j'avoue n'avoir pas le cœur à jubiler ni à m'attendrir. Oui, ces dirigeants sont d’indélicats individus, nous le savions et, pire, nous le disions. Paroles en l'air.

Oui, nous sommes les premiers surpris par l'envergure de leur prévarication: Ils sont insatiables ! Mais c'est ici que réside le problème : ces affaires ne datent pas d'aujourd'hui, elles ont commencé la première année de pouvoir de Bouteflika et se sont étalées le long de ses 20 ans de règne.

Alors se posent deux pénibles questions : Où était l'Etat quand se dilapidait l'argent du pétrole algérien ? Pourquoi ceux qui savaient (et il y en a forcément) ont-ils gardé le silence ? Où était le général Gaïd Salah quand Chakib Khelil transférait des sommes faramineuses sur le compte bancaire de Farid Bedjaoui et qu'il exécutait des plans américains en toute impunité sur le sol d'un pays qu'il n'a, faut-il le rappeler, connu qu'en 1962?

Que faisaient ils ces hommes qui se sont donné pour mission de protéger un pays et à la barbe desquels se commettaient les plus grands pillages qu'on puisse imaginer? Ce qu'ils faisaient? Eh bien c'est simple: le général Gaid Salah, heureux d'être le chef d'une armée "neutre" dans un océan de gabegie, répétait à qui voulait l'entendre que l'institution militaire ne s'occupait pas de politique et n'avait qu'un seul tuteur : le président Bouteflika ; les services de Bédoui, alors patron de la police, traquaient les blogueurs, comptaient les jours qui restaient à vivre à Talmat et à Kamel eddine Fekhar, réprimaient les manifestants qui cherchaient à savoir où allait l'argent du pétrole...

Leurs juges, ceux-là même qui envoient aujourd'hui les dirigeants-voleurs en prison, auditionnaient les militants de Barakat, les voleurs de poules et les journalistes indociles. Et tout ce monde là se plaisait à chanter à la gloire de « fakhamatou », en toute indignité.

Voilà à quoi s'occupaient nos dirigeants pendant que Said Bouteflika s'amusait avec la clé du coffre et que de louches individus, sans envergure, sans scrupule mais pas sans appétit, mus par la seule avidité qui leur tient lieu d'ambition, se servaient sans pudeur les uns investissant dans des comptes off shore les autres s'offrant des villas à Alicante pour les plus modestes, à Marbella à Dubaï ou encore dans les beaux quartiers londoniens, pour les autres.

Ces truands étaient protégés par le silence des officiels ! Et c'est ce système complice des affameurs que vous voulez défendre, mon général ? C'est ce système que vous voulez imposer à un peuple trahi ? C’est à ce Bédoui qui a laissé faire, tel un complice des truands, c'est à ce Bédoui que vous voulez confier l'organisation des élections présidentielles ? Que reste-il à préserver dans ce système vermoulu qui s'effondre honteusement sous le regard du monde ?

Songez que ce Ouyahia que vous venez de jeter en prison était le chef du gouvernement de ce pays et qu'il s'apprêtait à louer le bilan des quatre mandats de Bouteflika ! Cela fait froid dans le dos. Un complice a remplacé un autre à la tête du gouvernement d'un pays qui, comme vous le répétez si souvent, mon général, a été libéré par le sang des martyrs.

Les hommes de l'ombre ont sévi dans la plus totale impunité pendant près d'un quart de siècle jusqu'à ce que la révolte du 22 février dernier vienne créer un climat politique favorable à leur arrestation. Imagine-t-on ce qu'il serait advenu de l'Algérie si le peuple n'avait pas envahi les rues pour crier à Dieu et aux hommes sa détresse et sa détermination?

Réalise-t-on que sans cette révolution nous serions gouvernés encore aujourd'hui par ceux-là même qui sont à El Harrach ? Arrêtons-nous un moment sur ce point et réfléchissons sur le sort de notre pays si le chef d'Etat Major de l'armée algérienne avait réussi à convaincre les manifestants de rentrer chez eux et d'accepter les compromis boiteux. Voila pourquoi le feuilleton des incarcérations solennelles et des convocations au tribunal surmédiatisées ne me passionnent pas.

Non, il n'y a rien à garder de ce système grabataire. Le peuple l'a saisi intuitivement qui crie "Partez tous". Ecoutez-le, mon général, c'est la voix qui vient de loin, du plus profond de l'être, la voix des martyrs mais aussi la voix des hommes et des femmes qui ont une ambition pour leur pays et qui piaffent d'impatience de lui donner un projet de vie, pas une perspective de mort.

Oui, partez tous ! « Tetnahaw Ga3 » !

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