Le majordome Bensalah

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Bouteflika caresse l’accoudoir de son fauteuil roulant.

― Bensalah est prêt ?

― Bien entendu, M. le président. Comme toujours…

Un brave homme, Bensalah, comme il convient d’en avoir dans toute autocratie qui se respecte, un homme sans aspérités, promu deuxième personnage de l’État, celui que la constitution charge de remplacer le chef de l’État défaillant.

C’est ce qu’il fait, le pauvre homme, mais à la façon algérienne. Il est chef d’État par intérim seulement au pied de l’avion, le temps de recevoir l’hôte de l’Algérie, puis au salon d’honneur, quelques minutes à échanger des banalités, « Vous avez fait bon voyage ? », « Chez nous, il fait un temps printanier et chez vous ? »

Bensalah reste chef d’État dans la voiture, durant le dépôt de la gerbe de fleurs au carré des martyrs et sur l’autoroute qui mène à la résidence de Zéralda où il redevient alors, seulement, le président du Sénat, restituant la fonction de chef de l’État à qui de droit.

Le soir, le fidèle Bensalah est invité à jouer, de nouveau, au président de la république pour le dîner officiel avec l’hôte de l’Algérie. C’est à ce rite burlesque qu’Emmanuel Macron a dû se plier, un brin volontiers, il faut le dire. Car, à tout prendre, la France préfère ce régime archaïque et autocratique, commode pour les affaires, à un autre plus chatouilleux sur les questions de souveraineté.

Et tant pis si, dans ce système Bouteflika, on ne gouverne pas, on exerce le pouvoir. Pas d’idées, pas de projets, pas de vision d’avenir. Seule compte la nature monarchique du pouvoir avec sa cour, ses obligés, ses courtisans et ses sujets.

Bensalah fait partie des petits et grands caudataires gauches et sournois qui concourent à la gloire du maître, conformément aux règles qui régissent cette République du Landerneau dont il est un des dignitaires commensaux, admis à manger à la même table que le roi mais qui gardent leur statut de roturier.

La longévité de la carrière de courtisans dépend de la hargne qu’il met à chanter les louanges du monarque. Tel est le vrai visage du pouvoir algérien depuis une vingtaine d’années.

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