Khaled Drareni, Amar Belhimer, la France et la pizza Mc Cain.

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Par soucis d’efficacité, j’ai raccourci ma publication à la seule question de l’accusation contre Drareni d’atteinte à la sécurité nationale et au sous-entendu d’intelligence avec une puissance étrangère (en l’occurrence la France) avec comme seul argument ses rapports avec Reporter sans frontière et « SOS racisme » et son invitation par cette dernière avec un billet d’avion par le biais de l’ambassade de France.

Le billet d’avion de Khaled Drareni

Le poids des sociétés civiles dans les pays démocratiques pèse sur les choix des gouvernants de leurs pays. Elles ont voix au chapitre et bénéficient de subventions quand bien même elles pourraient être extrêmement critiques. C’est à ce titre que, de la même façon qu’elles le font sur leur sol national, elles peuvent prétendre, en toute indépendance, à solliciter les ressources des ambassades de leurs pays dont une partie est dédiée à cela.

C’est par cette voie que des universités occidentales, dont des françaises, ont pu inviter des centaines d’universitaires algériens et leur payer des billets d’avion que leurs universités ne pouvaient leur payer, par manque de moyens d’universités marginalisées et clochardisées par ceux qui détournaient par ailleurs des milliards de dollars tout en tenant un discours nationaliste ou qu’elles ne voulaient pas leur payer par clientélisme politique et clanique.

Grâce à cela des centaines d’universitaires algériens ont pu se mettre au diapason de la production scientifique internationale, participer à ses débats et échapper à l’enfermement scientifique imposé par un pouvoir dont un ministre a été jusqu’à déclarer que « l’université algérienne n’a besoin ni de Nobel ni de classement international ». J’ai moi été « coupable » d’utiliser cette voie pour inviter plusieurs collègues maghrébins et européens pour participer à des colloques ou des séminaires que j’ai organisés en France, en Europe ou au Maghreb, sollicitant légitimement les ambassades françaises et européennes notamment allemandes et italiennes.

J’ai utilisé cette voie en toute indépendance, sans redevabilité aucune alors même que souvent le contenu des travaux était très critique à l’égard de la politique officielle française ou européenne comme peuvent le constater ceux qui me lisent, y compris sur Facebook. Je n’ai aucun mérite à cela. J’use de cette indépendance que les universités européennes ont construite depuis des siècles à l’égard du pouvoir politique et qui est au fondement de l’essor scientifique de l’Europe et de sa prospérité. C’est cette même voie qu’utilisent les artistes pour inviter leurs collègues algériens ou les organisations de la société civile comme « SOS racisme » qui a utilisé cette voie pour inviter Khaled Drareni

Les billets d’avion français de M. Belhimer et ses collaborations sécuritaires.

Cette voie, M.Amar Belhimer, longtemps avant d’être ministre, en a bénéficié lui-même en tant qu’universitaire, multiplement, et plus que tout autre. Il a bénéficié d’au moins quatre billet d’avion de l’ambassade de France au Maroc et probablement plus sans compter des billets de l’ambassade de France en Algérie.

Je le sais parce que j’ai été chercheur en délégation CNRS au Centre Jacques Berque qui lui a permis de bénéficier de ces billets qui sont documentés. Je ne lui en fais pas grief. Mais pourquoi un billet d’avion fait de Khaled Drareni un espion à la solde de la France et qu’une dizaine de billets délivrés par les ambassades françaises à M. Belhimer en font un patriote soucieux de l’intérêt national algérien ? Pourquoi ce qui est hallal pour lui est haram pour Khaled Drareni ?

Je ne lui ferai également pas grief d’avoir tissé des liens et collaboré avec des institutions militaires françaises et produit pour elles des notes longtemps avant même d’avoir pensé un jour être ministre. Au contraire. Les questions de guerre et de paix sont trop sérieuses pour les laisser aux seuls militaires et diplomates.

En Europe, à la demande des sociétés, les institutions militaires se sont ouvertes aux débats avec les universitaires dont beaucoup croient, à juste titre, en la vertu du dialogue et de l’éclairage des militaires sur les enjeux des conflits. Il est important que des universitaires des pays du Sud qui font le plus les frais de ces conflits, participent à ces débats.

Je ne ferai donc pas grief à M. Belhimer d’avoir produit des notes stratégiques sur l’Algérie pour des institutions liées au ministère de la défense française. Je ne crois pas qu’il ait pu ainsi menacer les intérêts de l’Algérie. Pourquoi alors les relations de Khaled Drareni avec « SOS racisme » et « Reporters sans frontières » menaceraient elles la sécurité nationale algérienne ?

J’ai été destinataire de ces notes au même titre que beaucoup de mes collègues spécialistes du Maghreb et du monde arabe probablement par souci de M. Belhimer de se faire connaître. Il est vrai qu’alors, il tapait aux portes d’institutions françaises tout azimut.

Je me serai bien passé de rappeler à M. Belhimer ces faits sur lesquels il doit s’expliquer devant l’opinion algérienne. Mais le lâche et indigne harcèlement dont fait preuve son ministère à l’égard de Khaled Drareni est révoltant. Comme est révoltante cette tentative toujours renouvelée des élites du pouvoir algérien de vouloir greffer leur complexe de colonisé à une jeunesse qui, si elle ne l’ignore pas, l’a dépassé.

Comme est révoltante l’indigne attitude duplice de ces élites feignant d’aboyer contre la France mais qui frétillent de la queue dès qu’il s’agit de s’octroyer pour eux et leurs proches ses privilèges et sa modernité et que résumerait bien cette ancienne publicité pour la Pizza Mc Cain : « Ce sont ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus » ou comme le dit le proverbe algérien : « ceux qui maudissent l’arbre mais se gavent de ses fruits ». Honte à vous !

Je suis Khaled Drareni.

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