Monde : Guerre ou Terrorisme, ne pas confondre.

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On voit de plus en plus revenir un vocabulaire disant que nous sommes en guerre. C’est à la fois mal connaître ce qu’est une guerre, et travestir la situation mondiale.

Pour comprendre la différence mais aussi l’imbrication entre terrorisme et guerre, il s’agit d’observer ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. Si l’on prend l’année 2014, il y a eu 255 attentats (source wikipedia EN) et plus de 4000 morts civils :

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Alors que l’on parle souvent de l’Irak et du Pakistan, on parle moins du Nigeria, du fait que les forces occidentales n’y sont pas présentes. Le Nigeria ne fait pas partie de la Françafrique. Il faut également remarquer la prépondérance de l’Asie et du Moyen orient dans ce sinistre classement. Des conflits très meurtriers font peu d’attentats (RCA, Sud Soudan) et Israël a été peu visée en 2014, bien qu’il y ait eu des morts essentiellement côté Palestinien par les représailles militaires à ces attentats.

En 2015 (source wikipedia EN), les attentats et massacres de populations civiles ont concerné plus de pays et se sont déplacés. Ils sont au nombre de 322 pour plus de 7000 morts :

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Les attentats concernent plus de pays, se déplacent de plus en plus en Afrique, mais touchent aussi des pays que l’on ignorait comme la Macédoine, la Bosnie ou l’Ukraine. Cette année, Israël et les territoires occupés ont été touchés par de nombreux attentats peu meurtriers (au couteau) mais installant une psychose. C’est pourtant bien le Nigeria qui continue d’être le pays le plus visé, dans l’indifférence générale. Le Cameroun a aussi subi pour la première fois une vague d’attentats très meurtriers. Et cela s’étend maintenant au Niger ou au Tchad. L’Arabie Saoudite est aussi agitée par des attentats visant, notamment, des populations chiites. Le Bangladesh apparaît aussi. C’est un signe avant-coureur d’une extension de la stratégie de l’EI et de ses « cousins » à travers le monde afin de déstabiliser le monde musulman.

J’ai également intégré par comparaison le chiffre des massacres par arme à feu aux États-Unis, hors délinquance et crimes passionnels. Ils sont plus nombreux que le terrorisme et bien plus meurtrier que beaucoup d’actes de terrorisme.

Les guerres actuelles se situent en : Afghanistan, Irak, Nigeria et Syrie, soient les pays que l’on retrouve également en tête des attentats. Mais les chiffres des morts dans le conflit Afghan sont de 33400, ou encore de 13000 en Irak, soient bien plus élevés encore que le terrorisme. Il s’agit des différentes actions militaires des forces en présence, bombardements compris, qui eux, touchent civils et militaires. Un peu plus loin, on retrouve le conflit Israélo-palestinien, le conflit Turquie-PKK, la Somalie, Le Darfour, le Nord Pakistan, le Mexique avec le narcotrafic, la Lybie, le Yémen, la guerre menée dans le Sinaï par l’Egypte, le Sud Soudan, la République Centrafricaine. Ces conflits font encore un peu l’actualité et donnent aussi lieu à quelques attentats.

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D’autres conflits sont carrément oubliés, comme le Balûchistân entre Iran et Pakistan, les révoltes en Colombie, le conflit latent entre Inde et Pakistan dans le Cachemire, les révoltes internes en Birmanie (Myanmar), les insurrections maoïstes en Inde (qui expliquent quelques attentats), les insurrections en Thaïlande, le conflit dans le nord-Caucase avec la Russie, le Burundi (dont l’explosion peut-être imminente). On en parle parfois justement lors d’un attentat, triste réalité de la médiatisation.

Comment dissocier guerre et terrorisme ?

Il y a tout d’abord le théâtre des opérations. On considère que la guerre est là où des troupes militaires s’affrontent. Aujourd’hui, au Mexique, c’est bien l’armée qui intervient face à des narcotrafiquants faisant la loi dans des villes avec des affrontements ouverts. Si la France a envoyé une force militaire au Mali, c’est bien le Mali qui est en guerre civile et pas la France.

De même que de nombreux pays africains participent à des forces d’interposition comme en république Centrafricaine. Mais afin de dissuader une force d’intervention de venir dans un conflit, des belligérants peuvent utiliser l’arme du terrorisme. C’est toute la complexité mais nous ne pouvons pas décemment comparer nos attentats, aussi meurtriers soient-ils, à une déclaration de guerre. La France n’a pas de guerre civile sur son territoire, pas plus que les USA après le 11 Septembre.

Dans l’histoire, il y a évidemment eu des attentats qui ont précipité des guerres. Mais là encore, il s’agissait de guerres frontalières avec des armées face à face. Nous n’avons pas de frontière avec le dénommé Etat Islamique. Et si les Etats-Unis ont eu des guerres avec des pays non frontaliers pendant la seconde guerre mondiale (Japon, Allemagne), cela a commencé à travers des conflits maritimes (zone d’influence pacifique pour le Japon) pour finir sur le front Européen par le jeu des alliances. Pendant la première guerre mondiale, c’est la guerre sous-marine menée par l’Allemagne qui fit entrer les USA en guerre, ainsi qu’une menace d’une alliance germano-mexicaine. Même la France, pendant ce que l’on appelle la guerre d’Algérie, a subi des attentats en métropole (de l’OAS, notamment). Mais l’Algérie étant une colonie à cette époque, il s’agissait d’une guerre d’indépendance, comme pour l’Indochine. Lors des attentats revendiqués plus tard par le Hezbollah, rue de Rennes à Paris, il s’agissait d’un effet de bord de notre soutien militaire à l’Irak, en guerre contre l’Iran. Personne n’a parlé de guerre. Pas plus non plus pour l’attentat du métro Saint Michel en 1995, ni ceux de Londres, Madrid, Boston.

Les mots ont un sens et reprendre aujourd’hui, dans ce contexte, le terme de Guerre rappelle le tragique « War on terror » de George Bush Jr, transformé alors de vainqueur illégitime en leader militaire. Nous en connaissons le résultat : De véritables guerres sur des territoires bien éloignés des Etats-Unis et qui continuent de faire aujourd’hui des dizaines de milliers de morts. Nos ancêtres sont morts par millions dans des guerres (comme le rappelait récemment Robert Badinter). Notre vie n’est que peu affectée, aujourd’hui, par rapport à celle qu’ils vécurent, eux, pendant les deux conflits mondiaux. Nous sommes dans notre confort, bien loin de la souffrance de tous les réfugiés qui parcourent des milliers de kilomètres pour fuir les véritables guerres. De grâce, ne confondons pas, par respect pour eux.

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