A propos de la flottille humanitaire direction Gaza

Je m'interroge en lisant les fils d'actualités sur ce que diront plus tard les livres d’Histoire sur ces multiples vagues de flottilles humanitaires comme une nouvelle forme de « brigades internationales » humanitaires venues de toute la planète (plus de 50 nationalités représentées) qui en septembre 2025 sur des bateaux des plus petits au plus volumineux se sont embarqués avec des tonnes de denrées d’urgence pour la population assiégée de Gaza qui vit à cet instant un martyr et un génocide.

« Et de voir le silence du monde, le silence des États-Unis-Unis, protecteurs d’Israël, le silence des États arabes, le silence des États européens qui se prétendent défenseurs de la culture, de l’humanité, des droits de l’Homme. » écrit cette figure morale qu’est Edgar Morin.

Partis sans aucune aide des gouvernements, qui dans une forme de Munich de l’esprit ont cédé à toutes les exigences d’un état génocidaire qu’ils ne cessent d'armer plus ou moins discrètement et fermant les yeux sur l’horreur en cours, ces brigadistes de ce siècle et cet armada m’inspirent un immense respect.

Rentreront-ils dans l'Histoire ?

J’ai en tête à cet instant l’écrivaine Lydie Salvayre "J'ai fait le pari de croire qu'il subsistait encore des valeurs pour lesquelles certains d'entre nous étaient prêts à se battre et que , même si ces batailles échouaient, l'expérience en elle-même aurait été fructueuse et nous aurait grandis...."

Ils ont tout payé, bateaux équipements et formations à la non-violence avant de s’embarquer. Ils ne doivent rien à personne et nous, nous leur devons tant, nous leur devons tout.

Rentreront-ils dans l'Histoire ?

Ils sont dockers, artistes, ouvriers, étudiants, élus du peuple, enseignants, médecins, avocats, anciens combattants…. qualifiés par les médias d'activistes et par l’État d’Israël de terroristes, et quel funeste retournement historique quand on y réfléchit un peu d’utiliser ce même mot que les nazis et les pétainistes contre les résistants.

Ils ont fait leur l’appel de Greta Thunberg : "Quand le monde reste silencieux, nous mettons les voiles »

Et qu’importe le silence complice des médias, la haine des commentateurs de la cour, je pense ici à Raphaël Enthoven pour qui un journaliste tué à Gaza est de facto un terroriste, plus de 230 tués parfois avec toutes leurs familles. Je pense à Sophia Haram et ses propos humiliants sur Rima Hassan et " la croisière s’amuse". Je n’oublie pas Caroline Fourest et son affirmation Israël tue « involontairement des enfants palestiniens », 16 000 effacés sous les bombardements, privés à jamais de vie "involontairement" comme elle dit. Ou encore Rachel Khan de militer sur une chaine d'info d'extrême droite pour "une solution finale avec le Palestinisme".


« Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au cœur du commun combat

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n'y croyait pas » (1)

Ils sont juifs, musulmans, catholiques, athées, agnostiques que sais-je encore dans la diversité des équipiers. On y trouve aussi des communistes, des syndicalistes, des Insoumis, d’ici et d’ailleurs, l’essentiel, ils sont 400, ne pouvant être qualifiés d’une appartenance quelconque sinon celle d’être « fous » comme l'écrivait Albert Camus "car portés par cette espérance en la condition humaine.”

Rentreront-ils dans l'Histoire?

Et quel déchainement de haine contre eux, permanent par les héritiers du torchon fasciste de la dernière guerre « Je Suis Partout » . On lit des chose abominables sur les réseaux dits sociaux, des appels au meurtre du genre « qu’Israël les coule et qu’on en parle plus »

Rentreront-ils dans l'Histoire ?

Afficher sa solidarité avec le peuple palestinien sur le fronton des maisons communales ou simplement arborer un Keffieh foulard palestinien peut ici en France en 2025 vous valoir une sanction, et quand c’est un élu, d’être accusé d’apologie du terrorisme.

Que retiendrons les livres d'Histoire de ce climat liberticide dans notre pays ?

Alors faisons entrer la flottille dans l’Histoire avec un grand H. Ne les perdons pas yeux, ne lâchons rien en cette période funeste et pour paraphraser Desnos.


« Veillons, Gardons la lumière et le feu,

Du fond de la nuit, témoignons encore

De la splendeur du jour et de tous ses présents.

Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore

Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent. »

L’Histoire, c'est sans doute eux qui l'écrivent d'une belle façon en ce moment en tentant de forcer pacifiquement le blocus de Gaza, face à l'armée d'un régime, la plus puissante de toute cette région du monde qui dans la nuit a tenté de couler dans les eaux territoriales tunisiennes un des bateaux, lâchant un explosif à partir d'un drone sur le bateau où avait pris place Greta Thunberg.

(1) Aragon

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