Trois signifiants (piliers) pour un nouveau contrat politique en Tunisie : révolution, démocratie et État de droit

En cette année 2025, la Tunisie semble avoir traversé les tourments du populisme, de l’extrême droite xénophobe, et d’une islamophobie croissante — fruit amer de la haine viscérale que certains vouent aux islamistes, au point de rejeter tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam. Une confusion s’est installée : on a voulu lier la révolution tunisienne aux islamistes, alors même qu’elle fut profondément civile, menée par des citoyennes et citoyens descendus dans la rue, et non par des foules sortant des mosquées. À cette première équation erronée s’en est ajoutée une autre : celle entre démocratie et islam politique, jusqu’à détourner des concepts universels — comme celui de "martyr" — pour les enfermer dans une seule lecture idéologique islamiste.

Je parle ici en tant que défenseure de la laïcité, et ce depuis mes plus jeunes années. Je n’ai cessé de plaider pour une séparation claire entre la religion et le droit, la religion et la politique, la religion et le savoir. Comme nombre de mes contemporains, j’ai connu l’accusation d'apostasie (takfir), les menaces terroristes, et mes adversaires les plus constants dans la sphère publique ont souvent été les islamistes. Mais ils sont des adversaires, non des ennemis. Et c’est précisément pour cela que je refuse de leur vouer la haine — surtout aujourd’hui, alors que notre pays traverse une épreuve collective majeure.

Avec le recul, je peux dire que le conflit entre islamistes et laïcs, s’il fut âpre, a eu le mérite d’exister dans le cadre du débat, du dialogue, de la mobilisation pacifique, et des urnes. Ce fut une dynamique vivante, parfois rude, mais non destructrice. Le danger réside dans sa transformation en fracture béante, porteuse de rancunes, d’exclusions et de pulsions vengeresses.

Aujourd’hui, je l’affirme : nous avons payé un prix bien trop élevé pour avoir remplacé le débat par la haine et l'exclusion. Il aurait fallu continuer à argumenter, à confronter les idées, à construire dans la contradiction.

Car désormais, le véritable clivage ne se situe plus entre islamistes et laïcs, ni entre gauchistes et nostalgiques de l’ancien régime. La ligne de partage essentielle est celle qui sépare les démocrates, attachés aux droits humains, des autoritaires, des réactionnaires, des tenants d’un nouvel ordre qui piétine les libertés. Le rejet de la démocratie n’est plus l’apanage d’un seul courant — il s’est diffusé, banalisé, dans plusieurs familles politiques.

Il est temps d’entrer dans une nouvelle phase. Une phase où l’on délaisse les ressentiments et les mauvais affects pour construire, ensemble, un contrat politique qui nous rassemble autour de trois "signifiants" (comme on dit en psychanalyse, trois fondements essentiels : la révolution, la démocratie, et l’État de droit.

Je le répète avec force : la haine, l’exclusion et la vengeance sont des instruments de destruction, jamais de construction.


ثلاثة دوال من أجل عقد سياسي جديد : الثورة والديمقراطية ودولة القانون

في سنة 2025 تكون تونس قد أخذت حظّها من الشّعبويّة ومن اليمين العنصريّ المتطرّف وكذلك اﻹسلاموفوبيا، بما أنّ لجزء من المهتمّين بالشّأن العامّ حقدا كبيرا على اﻹسلاميّين ولّد كرها لكلّ ما يمتّ للإسلام بصلة. فبعد أن حاول بعضهم الرّبط بين الثّورة التّونسية والإسلاميّين، رغم أنّ هذه الثّورة كانت مدنيّة ولم يخرج المجتجّون فيها من المساجد، نجد أحيانا ربطا بين الدّيمقراطيّة واﻹسلاميّين، بل ونجد تأويلا حتّى للمفاهيم الكونيّة مثل الشّهادة على أنّها تحيل إلى أﻹسلام السّياسيّ.

أكتب هذا، وانا أدافع عن العلمانيّة منذ أن كنت يافعة، وأواصل الدّفاع عن الفصل بين الدّين والقانون والدّين والسّياسة والدّين والعلم أيضا، ونلت نصيبا من التّكفير ومن التّهديد اﻹرهابيّ كغيري من أبناء وبنات جيلي، وكان اﻹسلاميّون أبرز خصومي في الشأن العامّ. لكنهم خصوم وليسوا أعداء ولذلك فأنا لا أحقد عليهم وخاصة اليوم في هذه المحنة العامة.

اﻵن يمكن أن أقول إنّ الصّراع بين اﻹسلاميّين والعلمانيّين كان إيجابيّا وكان يدار بالحوار والنّقاش وبتجييش الشّارع على نحو سلميّ أيضا، وبصناديق الاقتراع. لكن يجب أن لا يتحوّل إلى شرخ عميق مولّد للأحقاد والتّشفّي وكلّ العواطف السّلبيّة.

اﻵن يمكن أن أقول إنّنا دفعنا غاليا ثمن كره اﻹسلاميّين بدل مواصلة مجادلتهم ومصارعتهم.

اﻵن يمكن أن أقول إنّ الفرز يجب أن يكون بين الدّيمقراطيّين والمحترمين لحقوق أﻹنسان من جهة والفاشيّين والرّافضين لها، لا بين العلمانيّين واﻹسلاميّين أو اليساريّين والدّساترة أو غير ذلك. يجب تحويل وجهة المحكّ، ﻷنّ رفض الدّيمقراطيّة وحقوق أﻹنسان أصبح مبثوثا في عدّة تيّارات سياسيّة، ولم يعد حكرا على الإسلاميّين في صيغة 2011.

اﻵن أرى ضرورة الانتقال إلى مرحلة أخرى تخفت فيها هذه العواطف السّلبيّة، ليحلّ محلّها عقد سياسيّ يوحّد الجميع حول ثلاثة دوالّ أو عناوين كبرى : الثّورة والدّيمقراطيّة ودولة القانون.

سأكرّر ما سبق أن قلت : الحقد واﻹقصاء والانتقام أدوات تدمير لا بناء.

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات