La justice, dans sa forme la plus aboutie, cherche à préserver la liberté. Partout dans le monde, on tend à limiter le recours à l’enfermement. On l’utilise en dernier recours, lorsqu’il n’y a plus d’autre issue.
Et pourtant… ici, aujourd’hui, on continue d’enfermer. Des hommes, des femmes, qui ont dépassé la cinquantaine, souvent fatigués, usés par les années. Quel danger représentent-ils réellement pour la société ? Quelle menace font-ils peser sur l’ordre social ?
Rien ne semble justifier leur emprisonnement, si ce n’est le besoin de répondre à une part sombre de l’opinion. Une part qui se nourrit de rancune, de mépris, de jubilation à voir d’autres s’effondrer. Comme si la souffrance des uns apaisait les frustrations des autres.
Ces gens-là, on ne les juge pas sur des faits, mais sur une image : celle de l’ennemi, du traître, du fautif désigné. Dans leur imaginaire, il y a les mauvais, et en face, les bons.
Nous avons glissé dans une narration binaire, dangereuse. Eux contre nous. Les indignes contre les intègres. Et cette façon de penser… elle me rappelle une autre époque. Celle des indulgences, où l’on achetait le pardon, où l’on nommait les coupables pour mieux se croire vertueux. Une époque où la morale servait de façade à l’exclusion.