La Banque centrale de Tunisie : une décision très tactique et intelligente : elle a baissé de 50 points de base pour satisfaire le président, mais a maintenu le taux des prêts au jour le jour à 8,5 %. Ce n’est toujours pas suffisant.
Une mesure tactique et restrictive pourrait ne pas donner de bons résultats à moyen et long terme. C’est un jeu de chat et de souris entre le président et la BCT.
Monsieur le Président veut-il aider Tunisair ? : Très facile, il doit appliquer l’article 11 de la loi de finances de 2025 et obtenir davantage de fonds pour aider Tunisair et d’autres compagnies. Continuez à lire jusqu’à la fin.
Le taux directeur de la BCT (TID) est actuellement de 7,5 %, mais le taux des prêts au jour le jour est de 8,5 %, ce qui représente une différence considérable de 100 points de base.
Si l’on compare avec la BCE, la différence n’est que de 25 points de base et avec la Réserve fédérale américaine, elle n’est que de 8 points.
La Banque centrale –BCT- a fait son travail pour l'instant, mais le président Kaïs Saied doit aider la BCT et faire son travail avec le ministère des Finances, en suivant les six étapes suivantes pour sauver l'économie de la stagflation :
1. La BCT peut collaborer avec le ministère des Finances et utiliser l'article 11 de la loi de finances 2025 pour émettre des obligations islamiques/Sukuk (obligations à 10 ans) d'un montant maximal de 8 milliards de dinars en dollars américains afin de porter les réserves de devises à 150 jours et d'utiliser ces obligations islamiques pour investir dans les entreprises publiques afin de stimuler l'économie. L'économie a désespérément besoin de devises.
2. Le ministère des Finances peut réduire l'impôt sur les sociétés à 20 %, afin d'aider les entreprises à disposer de davantage de liquidités pour investir et créer des emplois.
3. La BCT peut racheter la dette des prêts non performants auprès des banques commerciales (achat d'actifs) et leur fournir de nouvelles liquidités pour accorder des prêts aux entreprises et aux ménages afin d'investir, de créer des emplois et de stimuler la croissance économique.
4. La BCT peut racheter toutes les dettes des agriculteurs auprès des banques commerciales, ainsi que celles de l'Office des céréales, et permettre aux banques d'accorder des prêts spécifiques aux agriculteurs pour qu'ils produisent davantage de produits alimentaires et carnés, afin d'accroître l'offre sur le marché et de faire baisser les prix pour les consommateurs tunisiens.
5. La BCT peut accorder des prêts spécifiques, par l'intermédiaire des banques commerciales, aux entreprises suivantes : CPG, Tunisie Telecom, Tunisair, STEG et ETAPE.
6. Le président Kaïs Saied doit décréter une amnistie fiscale pour tous ceux qui détiennent des liquidités (l'économie monétaire de 23 000 millions de dinars). Chacun peut déposer tout son argent liquide à la banque, payer zéro impôt et s'enregistrer auprès du ministre des Finances pour obtenir un numéro d'identification fiscale. Cette mesure vise à relancer l'économie informelle et à introduire les liquidités dans le système bancaire.
Conclusion :
1. La BCT a adopté une stratégie pour satisfaire le président tout en luttant contre l’inflation et en maintenant la stabilité des prix. Une réduction de 50 points de base du TID n’est pas suffisante et le président doit contribuer à la croissance économique.
2. La BCT estime toujours que la trajectoire future de l’inflation reste entourée de plusieurs risques à la hausse. Elle reste prudente et estime que l’inflation globale reste supérieure aux objectifs de la banque centrale.
3. De plus, la BCT estime que les hausses de salaires dans les secteurs privé et public devraient exercer une pression à la hausse sur les coûts de production et stimuler davantage la demande dans un contexte de capacité de production moins dynamique.
4. Le président Kaïs Saied a signé le budget 2025 (LDF) et peut utiliser l'article 11 de la loi de finances 2025 pour emprunter 2,5 milliards de dollars et aider la BCT à réduire davantage les taux d'intérêt afin de soutenir le secteur privé et de sauver l'économie de la stagflation. La Tunisie a désespérément besoin de 5 milliards de dollars par an pour les trois prochaines années.
5. Par ailleurs, la BCT encourage le gouvernement à mettre en œuvre d'urgence les réformes économiques et budgétaires nécessaires, notamment en ce qui concerne la réforme des subventions alimentaires et énergétiques, la restructuration des entreprises publiques et la gestion du déséquilibre budgétaire.
Enfin, je pense que le gouvernement peut aider la BCT à réduire encore les taux d'intérêt de 50 points de base, à racheter la dette du secteur bancaire et à fournir de nouvelles liquidités aux banques pour qu'elles puissent accorder de nouveaux prêts au secteur privé et contribuer à relancer l'économie afin de stimuler l'investissement du secteur privé dans de nouveaux équipements, de créer de nouveaux emplois et d'aider les ménages à consommer et à développer le produit intérieur brut.