Tunisie : On la croyait révolue l’époque du Président omnipotent, omniprésent…

Nous vivons une situation qui nous ramène des années en arrière avec un petit côté inédit aussi : un pays qui vit aujourd'hui au rythme d'une (seule) personne, un discours populiste sans vrai système de pouvoir et de gouvernance et sans parti unique.

Un président de la République qui s'est octroyé un pouvoir absolu avant et après une constitution autocratique rédigée par sa seule personne au gré de tous ses désirs en prenant soin de n'avoir aucun contre-pouvoir réel ni aucune forme de redevabilité envers les citoyens qu'il déclare représenter.

Dans les faits, ni le tribunal constitutionnel n'a été implémenté, ni le conseil supérieur de la magistrature ni le conseil du dialogue national ni même les institutions qu'il a lui-même conçues et désignées comme le conseil supérieur de l'éducation ou même la controversée commission de la réconciliation nationale.

Les priorités du pays c'est lui qui les définit au gré de son idéologie, de ses idées arrêtées et d'une certaine actualité qui s'impose parfois. Aucune controverse n'est tolérée par les institutions de l'état, son administration et son gouvernement qui faut-il le rappeler ont l'habitude séculaire de l'alignement sans faille sur les désirs des dirigeants.

La fragilité endogène des corps intermédiaires (partis, organisations nationales, élus locaux) et leurs échecs à se réinventer et à se remettre en cause ont fini par les éliminer du paysage public, ce qui accélère l'effondrement de la fragile construction démocratique.

L'effondrement des médias accélère le processus et ne permet aucun débat public véritable. Le monde de l'information vit au rythme du président et de sa communication inédite (séquences vidéo de ses entretiens et réunions sur la page Facebook de la présidence et quelques rares communiqués).

Aucun espace pour l'initiative politique, les opposants notoires sont jetés en prison sans que l'instruction des affaires (très graves) n'avance selon les avocats de la défense et une ministre de la Justice qui déclare choisir de ne pas répondre aux avocats.

Un décret-loi Nr 54 totalement inconstitutionnel est une épée de Damoclès a l'encontre de tous ceux qui osent s'exprimer d'une manière ou d'une autre contre le régime en place et son président (citoyens, journalistes, politiques ...)

Les élites du pays s'accommodent dans leur majorité de cette situation invraisemblable par légitimisme et par peur d'un régime qui se durcit envers les voix récalcitrantes de plus en plus. Même la jeunesse du pays n'a plus cette capacité d'indignation moteur du changement dans les sociétés vivantes.

On croyait que c'était bien fini l'ère du président omnipotent, omniprésent, détenant la sagesse et le savoir universels. Et on s'est lourdement trompés. Le comportement des institutions de l'état (justice, administration) mais aussi des milieux d'affaires largement opportunistes n'a véritablement pas changé pour accepter et reconnaître le changement démocratique.

On y est et dans la pire de ses formes. Et j'ai personnellement du mal à croire que ce n'est pas ce que veut la société tunisienne ainsi que ses élites en ce moment mais j'ai quand même du mal à comprendre la cécité des dirigeants.

L'amnésie est parfois salutaire mais dans le cas d'espèce, elle empêche de voir les conséquences et issues inéluctables de pareilles situations déjà vues et vécues. La fin n'a jamais été heureuse ni pour le peuple ni pour ses dirigeants.

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