Comment tuer la poule aux œufs d’or?

La RNTA se porte mal. Son personnel menace de faire grève et réclame que l’Etat lui reverse ce qu’il lui doit pour lui permettre de faire face et d’acheter les pièces de rechange nécessaires à son fonctionnement normal.

D’une source considérable de revenus pour l’Etat, la RNTA serait-elle en train de devenir un fardeau, lourd à supporter.

Faisons le point rapidement sur l’économie du tabac en Tunisie.

La Tunisie consomme 20 milliards de cigarettes par an, cela fait l’équivalent d’une moyenne de 6 cigarettes par personne adulte et par jour, y compris les femmes (supposées fumer moins) et les non-fumeurs. C’est considérable…!

Avant 2011, la RNTA et la MTK (usine de Kairouan) produisaient ensemble 13 à 14 milliards de cigarettes par an. Le reste était couvert par de l’importation officielle de cigarettes de luxe, alimentant généreusement les caisses de l’Etat et un peu de contrebande (il ne faut pas confondre contrebande et contrefaçon. On sait parfaitement que ce sont les fabricants de cigarettes qui alimentent la contrebande).

Depuis 2011, la production locale a reculé à 9 milliards de cigarettes, les importations légales n’ont pas couvert le gap. La contrebande s’est installée en grand. La contrebande est estimée à quelques 6 à 7 milliards de cigarettes par an, générant un manque à gagner pour le budget de l’Etat de plus de plus d’un milliard de dinars par an…! De quoi construire deux aéroports internationaux tous les ans, ou une autoroute de 250 kilomètres ou six hôpitaux… On peut multiplier à l’infini ce type de comparaisons.

Ce manque à gagner n’est pas perdu pour tout le monde.

La culture du tabac, jadis développée dans la région du Cap Bon, du nord est et du nord-ouest a quasiment disparu.

L’Etat Tunisien est schizophrène. Il a le monopole de la fabrication du tabac. Il prétend en même temps assurer la gestion de la santé publique.

Partout ailleurs, les États se sont débarrassés de la gestion directe de la filière et de la production de cigarettes. Ils se sont concentrés sur des politiques publiques de lutte contre le tabagisme. Ils ont surtaxé le tabac et ont transformé les fabricants en collecteurs d’impôts au service de l’Etat.

La contrebande et l’évasion fiscale qui en résulte ne sont pas une fatalité. Les solutions existent. L’État connaît parfaitement les gros bonnets de la filière.

Les plus âgés d’entre nous se souviennent peut-être des vendeurs de cigarettes de contrebande, à la sauvette, à Rome, autour de la gare Termini dans les années soixante-dix. Depuis, ils ont totalement disparu. L’Europe les a éradiqués. Pas à force de sanction, de lutte contre la contrebande et autres slogans creux, mais par une meilleure régulation du marché.

Enfin, pour terminer une cerise sur le gâteau : la RNTA distribue gratuitement tous les ans plus d’un milliard de cigarettes à plus de cent mille bénéficiaires. Ce ne sont plus des happy few mais une armée d’illustres inconnus.

C’est ce qu’on appelle une rente de situation…! On comprend mieux pourquoi la RNTA est une ligne rouge pour certains…!

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