Quelques remarques rapides concernant le non occidental

La guerre est toujours inacceptable, abominable. Kant considère que ce que nous pouvons obtenir par la guerre, on peut l’obtenir par la raison (la diplomatie) mais avec beaucoup plus de temps. Je ne vais pas parler ici de la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine, mais je veux simplement expliquer théoriquement pourquoi, consciemment ou inconsciemment les réfugiés non européens ont été mal accueillis et mal traités sur les frontières de l’Ukraine parfois sans humanisme.

Il faut dire que nous assistons de plus en plus à la dislocation du concept de l’humain au moment même où le monde se rétrécit sous l’effet des nouvelles technologies de la communication et se donne à la domination d’une seule puissance.

Certes, le sentiment d’appartenance à une même famille qu’est l’humanité est encore persistant, mais désormais, il y a une humanité que l’on doit défendre par tous les moyens (l’Occident en général et surtout Les Etats Unis et l’Europe) et une autre humanité qu’il est nécessaire de maîtriser puisqu’elle est productrice du « mal », du « terrorisme » et de tous les dangers qui guettent la première humanité.

Cette dislocation de l’humanité par l’hypercapitalisme réduit de plus en plus le rapport de l’Occident à l’autre dans un système d’exclusion à deux pôles : le racisme et la colonialité.

1- Le racisme

Réellement, les vagues d’attentats contre les étrangers dans plusieurs pays d’Europe et du monde ces dernières années, la montée des groupes néo-fascistes qui arrivent de plus en plus à avoir des places dans les instances de décision dans plusieurs pays européens, les activités de minorités ultranationalistes et ultra-fanatiques, l’infiltration des slogans et mots d’ordre exclusifs, racistes dans les banlieues et chez les jeunes les plus marginalisés, le mauvais traitement des immigrés et des réfugiés non européens en Europe, tout cela atteste de la gravité de cette exclusion.

Non seulement il y a une intensification « des manifestations violentes et collectives du racisme », mais en plus, une banalisation et une forme d’acceptation publique de ces actes se conjuguent actuellement avec des prises de position intellectuelles médiatisées de plusieurs penseurs et écrivains qui incriminent les étrangers, leurs cultures, leurs modes de vies et leurs religions.

La crise sanitaire conséquente du covid 19 a divisé encore une autre fois l’humanité entre ceux qui doivent vivre et ceux qu’on laisse mourir. Cette maudite guerre entre la Russie et l’Ukraine a donné lieu à des réfugiés que l’on accepte et qu’on soigne avec attention et à des réfugiés qu’on refuse (ou qu’on finit par accepter difficilement) parce qu’ils sont non européens, des africains, des arabes et des asiatiques

2- La colonialité

Cette notion de colonialité est un peu barbare, mais il faut la prendre très au sérieux non seulement parce qu’elle est objet d’études aux universités américaines, Derrida en parlait, mais surtout parce qu’elle peut expliquer une attitude nouvelle de l’impérialisme vis-à-vis des pays dominés.

Si nous analysons l’histoire de la modernité par rapport à la notion d’étranger non occidental qui fascine mais qu’il faut dominer, il ne fait aucun doute que la colonisation est le terme clé qui permet une certaine appréhension de l’intercommunication des hommes.

La modernité a été inaugurée par une grande forme de colonisation de l’Amérique qui s’est traduite par des massacres à une échelle jamais imaginée auparavant, génocide de la population indigène restée sans punition et surtout l’établissement d’une structure du pouvoir raciste et exclusive jusqu’à il n’y a pas longtemps, ce qui donne à la notion de colonialité un statut particulier pour comprendre les rapports inter humains à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis d’Amérique et de l’Europe.

En réalité, c’est la structure de la rationalité occidentale qui a intégré la colonialité comme possible rapport à l’autre. L’utopie de la liberté, du progrès et de l’humanité que les Lumières ont mise en chantier a été régulièrement supprimée militairement et idéologiquement par les forces de domination occidentale.

Les premiers résultats ont été des massacres perpétuels et l’établissement des structures raciales, politiques et économiques du pouvoir occidental sur le monde non-occidental. L’esclavagisme lui-même peut être considéré comme effet de la colonialité.

Par ces deux mouvements, l’exclusion du non occidental quand il est à l’intérieur du monde occidental (le racisme), la prise en charge de son être et de son destin quand il est chez lui (la colonialité), la mondialisation hypercapitaliste réduit à jamais l’étranger à un sous homme, pour utiliser un terme aristotélicien, un sous homme qui n’est nullement concerné par les notions médiatisées en Europe comme l’humanisme, la communauté internationale, les droits humains, etc. puisque le monde est réduit tout bonnement à l’Occident.

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