N’est pas Bernard Pivot qui veut !

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Dans le cadre d’une nouvelle émission virtuelle conçue et réalisée par l’Institut français de Tunisie, Maya Ksouri a interviewé l’écrivain algérien le plus connu de sa génération Yasmina Khadra. Elle n’aurait pas dû s’en charger !

J’ai toujours estimé qu’elle était une starlette du journalisme tunisien puisant sa légitimité dans la médiocrité culturelle ambiante, et j’en ai eu la confirmation. Cette « journaliste » aurait envisagé une stratégie manifestement malintentionnée pour mener son entretien et agacer son interlocuteur. Abusant d’approximations, Yasmina Khadra était souvent obligé de la corriger, et en voici un florilège :

-M.K: « vous avez démissionné de l’armée. »

-Y.K: « J’ai pris ma retraite. »

-M.K: « Le lecteur arabe ne s’intéresse pas à vos livres. »

-Y.K: « Je suis l’écrivain maghrébin le plus lu du Maghreb. »

« J’écris pour le lecteur, je n’écris pas pour une région. »

« Je suis traduit dans 57 pays en 49 langues. »

Deux moments des plus gênants de l’interview ;

Quand elle le cite : « Votre expression « bougnoule de service », est-ce que vous y tenez encore ? », et lorsqu’elle lui assène une vision manichéenne du conflit israélo-palestinien, et Yasmina Khadra qui rétorque offusqué : « Ah ! Non, non. Attendez, attendez ! »

D’ailleurs, l’indignation de l’écrivain était évidente à travers des expressions telles que « Soyons sérieux quand même. », « non pas du tout », « non, non », « non... ».

L’art et le style de l’écrivain étaient étonnamment absents des questions de Maya Ksouri. Il aurait été content qu’elle lui parlait de ses métaphores et de sa poésie. Enfin, de littérature !

N’en déplaise à ses encenseurs, Maya Ksouri n’a aucune culture de l’élégance verbale. Le ton qu’elle adopte est grossier. Ses questions dénuées de bienveillance gênent et dérangent. Son langage corporel (main qui se balade entre le menton, la bouche, la joue et sa frange, et le sourire jaune) trahit son dédain.

La bienveillance n’est pas son fort, l’empathie non plus.

Yasmina Khadra ne garderait pas un bon souvenir de cette interview. Maya Ksouri devrait mettre son ego dans sa poche pour être une bonne journaliste littéraire. Peut-être qu’elle était brillante un jour mais souvent médiocre les jours suivants.

Au mois de novembre 2018, Yasmina Khadra était venu à la rencontre de ses lecteurs tunisiens pour des séances de dédicaces (« mieux qu’un match de foot, [il] attire la foule à Tunis »). Cet événement était un succès fou grâce notamment aux efforts de Mme Cyrine Ben Redjeb, fine connaisseuse de l’auteur. Pourquoi ne pas mentionner son séjour en Tunisie pendant l’interview qui illustre bien sa notoriété auprès d’un lectorat arabe ?!

Maya Ksouri, n’est pas Bernard Pivot qui veut ! N’est pas Claire Chazal qui veut ! N’est pas François Busnel qui veut ! Leur dénominateur commun est ce sourire et cet acquiescement bienveillants à l’égard de leurs invités. Un potentiel futur Prix Nobel de littérature tel que Yasmina Khadra aurait mérité un entretien de qualité à sa juste valeur. Merci à lui pour son choix musical à la fin de l’interview qui a désespérément permis aux spectateurs de souffler.

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