Chronique d’une faillite annoncée

Pour l’histoire, je reprends les faits marquants de la dernière décennie qui sont à l’origine de la crise qui sévit dans le pays et qui sera, selon toute vraisemblance, couronnée par une cessation de paiement de l’Etat tunisien. Malheureusement.

2012 – 2013 : on retiendra les 30 000 grèves et les 400 000 jours de travail perdus initiés par les syndicats de l’UGTT, syndicats magistralement instrumentalisés par l’extrême gauche et le courant nationaliste arabe.

Les assassinats politiques de feu Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont eu raison de la brève embellie économique de ces deux années (croissance de 3,9% en 2012 et 2,9% en 2013).

Le gouvernement de la troïka n’est pas exonéré de reproches. Il fut laxiste avec la montée de l’extrémisme religieux allant même jusqu’à tolérer la présence sur le sol du pays de fondamentalistes religieux prônant des incitations étrangères à notre culture de tolérance.

Le gouvernement de la troïka compta aussi un bon nombre de ministres incompétents sans expérience dans la gestion de la chose publique.

2014 : le dialogue national aboutit à une « armistice » politique prévoyant la démission du gouvernement, la fixation de la date des élections et l’intronisation de Mehdi Jemaa à la tête d’un gouvernement de technocrates, qui réalisera 2,3% de croissance

2015 – 2016 : Un "tawafok" entre feu Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi installa un flou politique dans le pays. Ce concorda non institutionnalisé conduisit à la révocation injustifiée du gouvernement Essid et la précipitation du pays dans des arrangements politiques douteux.

On retiendra les 3 attentats terroristes meurtriers du Bardo, de Sousse et de Mohamed V qui ont eu raison du secteur touristique.

Fin 2015, Nidaa Tounès implosa laissant le pays sans gouvernance claire.

2017 – 2019 : Ennahdha laissa tomber son "tawafok" avec le président pour s’allier avec, désormais, l’ennemi de ce dernier, Youssef Chahed, arguant la stabilité du pays, argument largement fallacieux et sans substance aucune. Cela ne fera qu’empirer les choses puisque le nouveau chef du gouvernement s’emploiera, dès son installation, à travailler sa campagne électorale présidentielle, laissant le pays à son sort.

On notera, durant cette période, la promulgation d’une multitude de lois économiques et financières contraires aux intérêts du pays (amnisties fiscale et administrative, lois de finances inflationnistes, augmentation vertigineuse des impôts et taxes, etc.).

2020 – 2021 : les élections aboutissent à la montée du populisme et au retour tonitruant de l’ancien régime : Kais Saied fut élu président sans programme ni vision pour le pays, Abir Moussi et sa bande mafieuse s’érigèrent en un groupe parlementaire qui entama, dès le premier jour de la première session du nouveau parlement, à tourner en dérision les travaux parlementaires.

Se succédèrent sans fin des sits in dans l’enceinte du parlement, des entraves à la tenue des assemblées générales et des travaux des commissions, l’utilisation de hauts parleurs pour déstabiliser les interventions des élus, des tenues vestimentaires « exotiques » portées par la cheffe mafieuse du RCD, etc. La violence verbale puis physique condamnable fut la réponse logique à ces provocations répétitives.

On notera l’élection de Rached Ghannouchi au perchoir de l’ARP, personnalité clivante et sans capacité à diriger une telle institution.

On retiendra la chute du gouvernement Jomli provoquée par Rached Ghannouchi, lui-même, contre le gré de son parti. Cette chute porta le coup de grâce à toute tentative de redressement du pays.

Le gouvernement Fakhfakh formé en pleine crise de la COVID-19 ne fit pratiquement rien pour encadrer l’économie et atténuer les répercussions de la crise. Son chef sera très vite destitué, malmené par une affaire de conflit d’intérêts qui accentua l’aversion des citoyens envers les hommes politiques.

La nomination d’un nouveau chef de gouvernement et d’un gouvernement d’administrateurs incompétents ne fera qu’accentuer le pourrissement des affaires de l'Etat : l’économie s’effondra, les morts de la COVID se comptèrent par milliers, les entreprises fermèrent leurs portes par centaines.

Et cerise sur le gâteau, une lutte acharnée entre le président d’une part et le chef du gouvernement et son clan politique d’autre part mena le pays à une épilogue peu glorieuse : un coup d’Etat inconstitutionnel s’apparentant, plutôt, au retour d’une dictature dont le seul objectif semblerait l’installation d’un nouveau régime politique à la « Kadhafi ».

On notera au passage, que le président ne fit rien pour aider à stabiliser l’ARP, refusa le serment de ministres fraichement nommés par Mechichi pour relayer les ministres nommés par lui-même et balayés par son ennemi juré (dommages collatéraux du conflit au sommet de l’Etat) et finit par rejeter la loi portant création de la cour constitutionnelle.

Ne vous posez pas, alors, la question de savoir et connaitre les raisons de cet effondrement lorsque les dirigeants du pays délaissèrent le peuple, l’économie, le social, la santé et les intérêts nationaux pour s’occuper de guéguerres et d’entourloupes politiciennes dont la seule issue ne peut être qu’une faillite retentissante.

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Commentaires - تعليقات
Moncef Chadi
21/10/2021 17:29
Le mal de notre pays n’est pas d’aujourd’hui, il est de longue date, depuis l’ère bourguibienne voire celle de Ben ali et y ajouter celle du poste- révolutionnaire, toutes confondues ont menées à notre situation actuelle, mauvaises stratégies, incompétences, corruption etc… ne mettez pas tout sur le dos des gouvernements post-révolutionnaires