Gaïd Salah un fervent admirateur de Coluche

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« Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison » disait le célèbre comique, c’est ce que semble penser le nouveau patron de l’Algérie, car c’est bien ce que démontre chaque semaine qui passe les propos et les postures de celui qui est certainement très fier d’avoir débarrassé le pays du président-moribond.

Les observateurs du monde entier s’accordent à dire que les marches rassemblent chaque semaine des millions d’algériens qui appellent un changement profond du système de gouvernance. Mais l’armée, qui prétend être au service du peuple et de la nation, s’oppose à ces revendications et maintient le cap sur le chaos, tout en prétendant que c’est le peuple, manipulé, qui nous conduit vers le vide constitutionnel.

Dans son dernier discours le chef d’état…major considère que : « L’impasse politique et le vide constitutionnel planifiés de manière délibérée par ces entités est un parcours aux conséquences désastreuses sur les plans économique et social du pays, notamment dans le domaine des investissements et la préservation des postes d’emploi et du pouvoir d’achat des citoyens, voire sur tous les autres plans ayant un lien avec le processus de développement de manière générale ».

Ainsi donc les millions d’algériens, qui bravent la répression depuis 3 mois, sont des gens manipulés, des moutons qui ne savent pas qu’ils sont menés à l’abattoir, il est le seul à voir clair. Alors qu’il est certainement le seul, à ne pas voir que le vide constitutionnel dont il parle, sévit dans notre pays depuis le 2ème mandat de Bouteflika et qu’il n’a rien fait pour sauver la constitution ni empêcher les nombreux viols qu’elle a subis.

En réalité, le peuple est le seul à vouloir le respect de la constitution. L’article 102 était à l’ordre du jour en 2013, à la suite de l’AVC de Bouteflika, puis en 2014 quand il fallait empêcher ce dernier de briguer un 4ème mandat, puis un 5ème, il n’est plus d’actualité aujourd’hui, il est trop tard. Par contre le peuple a bien compris que les articles 7, 8, 12, ou 28(1), de la constitution, sont les seuls qui détiennent les clefs d’une véritable sortie de crise et de la construction d’un état : civil, fort, démocratique et moderne.

Dans le registre des menaces, Gaïd Salah ose un parallèle douteux entre les gens qui sont déjà emprisonnés et ceux qui pourraient l’être prochainement, s’ils continuent à s’opposer à sa feuille de route. Personne n’est à l’abri d’une convocation par le tribunal militaire, pour atteinte à l’autorité du chef des armées. À ce stade, nous frisons le crime de lèse-majesté…

Lorsque la rue demande le procès du système, c’est le procès de boucs émissaires qu’on lui offre, dans l’espoir de la calmer ou à défaut, de la faire trembler. Monsieur Gaïd Salah, votre recherche désespérée d’un soutien de la part des algériens, ne trouvera que mépris, car vos méthodes sont honnies par ce peuple que l’armée est sensée défendre et qu’elle agresse.

Monsieur le chef d’état…major, le peuple n’a jamais considéré comme une priorité le procès de la corruption, qui se fera lorsque la justice sera réellement indépendante et garantira des procès civils, équitables et dignes d’une démocratie. Et pour ce sujet aussi vous êtes très en retard, vous avez avoué, dans vos nombreuses interventions médiatiques, que vous déteniez des dossiers solides de corruption, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour les rendre publiques ?

Vous auriez pu passer pour le sauveur du pays, si comme vous le prétendiez, vous vous étiez rangés du côté du peuple et de ses aspirations légitimes, après avoir détrôné Bouteflika. Au lieu de ça, vous vous érigez en rempart du système mafieux et vous vous opposez aux aspirations de votre peuple qui maintenant vous vomit, tout comme il vomissait l’ancien président et son entourage.

Il suffit d’écouter la rue pour s’en rendre compte et surtout pour comprendre que vos manœuvres ne pourront jamais freiner ce peuple, avide d’une liberté trop longtemps confisquée.


Note

(1) Art. 7. — Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple.

Art. 8. — Le pouvoir constituant appartient au peuple. Le peuple exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne. Le peuple l'exerce aussi par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus.

Le Président de la République peut directement recourir à l'expression de la volonté du peuple.

Art. 12. — L'Etat puise sa légitimité et sa raison d'être dans la volonté du peuple. Sa devise est «Par le Peuple et pour le Peuple». Il est au service exclusif du peuple.

Art. 28. — La consolidation et le développement du potentiel de défense de la Nation s'organisent autour de l'Armée Nationale Populaire. L'Armée Nationale Populaire a pour mission permanente la sauvegarde de l'indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale. Elle est chargée d'assurer la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime.

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