Dérapage incontrôlé

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Fidèle à une habitude, que l’on croyait perdue depuis deux semaines, le chef d’état-major reprend son micro pour réaffirmer ses positions, dans un discours lourd de menaces pour ceux qui oseront s’écarter de sa feuille de route.

Les accusations contre Louisa Hanoune, donnent une idée de ce que signifient les menaces du chef d’état-major et n’importe qui peut être accusé par le tribunal militaire « d’atteinte à l’autorité de l’armée », pour une pancarte, un chant, un dessin ou un article de presse.

Gaïd Salah prend ses rêves de militaire pour la réalité, il voudrait voir le peuple marcher en Ordre Serré, au son du tambour, ou du clairon, un vrai défilé militaire, avec des chants écrits ou validés par l’autorité. Il n’aime pas l’anarchie qui règne dans les marches civiles et surtout les slogans qui le visent personnellement, comme c’est le cas depuis vendredi dernier. En fait depuis que le peuple a compris que le salut ne peut pas venir de l’état-major de l’armée qui a choisi son camp, celui de Bouteflika, mais sans Bouteflika…

Sommes-nous réellement dans l’après Bouteflika ?

L’ancien président a mis en place un système de prédation unique au monde, qui visait à piller les richesses du pays et à déstructurer l’ensemble de la société algérienne. Le pouvoir politico-militaire, qui gère le pays depuis 1962, cherche à minimiser les pertes, en faisant un minimum de concessions, alors que la rue veut maximiser les profits.

Gaïd Salah, en bon soldat cherche à sauver le système dont il est issu. Mais alors, que signifie pour le chef d’état-major : « Le peuple est la source de tout pouvoir », cette sentence lourde de sens édictée par la constitution en son article 7 ? Ou encore « La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple » ?

La situation devient kafkaïenne, avec une armée qui cherche à imposer un processus dont le peuple ne veut pas. Que signifie pour un militaire les expressions : «Par le Peuple et pour le Peuple», ou « Le peuple choisit librement ses représentants » ? Phrases qui sont extraites de la constitution que le chef d’état-major prétend vouloir défendre.

Depuis 13 semaines le peuple ne demande pas mieux que de pouvoir choisir librement ses représentants.

L’article 12.de cette même constitution stipule que : L'état puise sa légitimité et sa raison d'être dans la volonté du peuple. Sa devise est «Par le Peuple et pour le Peuple ». Il est au service exclusif du peuple. Inutile de rire, je suis certain d’avoir bien lu : « l’état est au service exclusif du peuple » et pas le contraire…

Arrivé à ce stade, je crois qu’il est utile de rappeler un autre article très important de notre constitution, qui concerne le rôle de la grande muette, qui bavarde un peu trop à mon goût depuis quelques temps, il s’agit de l’article 28. Ce dernier précise : « L'Armée Nationale Populaire a pour mission permanente la sauvegarde de l'indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale. Elle est chargée d'assurer la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime ». Sans être constitutionnaliste tout le monde peut voir que le pouvoir de l’armée s’exerce dans les casernes, ou aux frontières et que la politique n’est pas son domaine.

Le peuple algérien ne demande rien de plus que l’application de la constitution : récupérer un pouvoir qui lui appartient, choisir ses représentants de manière libre, démocratique et surtout transparente, jouir d’une réelle liberté d’expression et d’association, mais principalement le retour de l’armée dans ses casernes, qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

Concernant la liberté d’expression et d’association, elles sont en théorie garanties par l’article 48, qui stipule : « Les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au citoyen », ce qui n’empêche pas le pouvoir d’emprisonner des journalistes et des militants de la défense des droits humains.

On se souvient tous des journalistes emprisonnés en 2018, ou plus grave encore, du journaliste algérien Mohamed Tamalt, décédé des suites d’une grève de la faim engagée pour protester contre sa condamnation à 2 ans d’emprisonnement. Décès qui ne donnera même pas lieu à une enquête et ce, malgré la demande (de certains députés) de constitution d'une commission d'enquête parlementaire. La demande sera refusée par le bureau de l'assemblée nationale populaire acquis à Bouteflika.

Et pourtant, l’article 50 de la constitution précise clairement que « Le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté ».

Je m’interroge de plus en plus sur le sens que donnent Gaïd Salah et Bensalah, à la défense de la constitution et au respect de celle-ci et je continue à penser que la solution aux problèmes de l’Algérie ne peut en aucun cas venir de l’armée et encore moins de tous ceux qui ont fait partie du système Bouteflika. On ne peut être la solution quand on est à l’origine du problème.

La solution est dans la rue, le peuple ne doit pas se laisser intimider, ni faiblir, il y va de son avenir.

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