Vietnam ! Souvenirs d’une vie, entre littérature, cinéma et engagement politique.

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Aussi loin que remontent mes souvenirs, dès la petite enfance, le milieu des années 50, le temps de la TSF, de la radio grésillante et crachotante, souvent inaudible, l’époque où les gens écoutaient religieusement les informations, le temps du Nassérisme triomphant, le début de la guerre d’Algérie, le Vietnam était déjà à l’ordre du jour.

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C’était souvent pour clôturer le bulletin .... En toile de fond.... en arrière fond. On parlait des irréguliers Viêt-minh .... Des combats de la plaine des jarres ... le Tonkin la Cochinchine, Saigon... le Mékong, des noms familiers, lointains et effrayants.

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Dien Bien Phu, beaucoup en avait entendu parler, peu savait que ce fut une immense victoire militaire contre la France. Une déroute de l’armée française. Pour la première fois dans l’histoire, un peuple colonisé et insurgé réussissait par les armes à défaire une armée occidentale, à vaincre une puissance européenne.

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Une homérique bataille sonnait le glas du colonialisme français. Longtemps après on comprît que c’était cet événement mémorable qui donna le top départ à tous les mouvements de libération nationaux dans le monde entier.

Cette époque du crépuscule de l’Indochine Française a été magnifiquement décrite par Lucien Bodard dans sa trilogie « la guerre d’Indochine » au titre si expressif de chaque tome « l’enlisement », « l’humiliation » et « l’aventure », 3 tomes d’une fresque tragique.

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Lucien Bodard, « lulu le chinois », l’écrivain et correspondant de guerre, natif de la région et fin connaisseur de la décomposition de la Chine des seigneurs de la guerre, fût un chroniqueur remarquable de cette période.

Il fit une description magistrale de cette Indochine opulente et émolliente des débuts des années 50 jusqu’à la montée des périls et la submersion de l’armée française, écrasée dans la fameuse cuvette de Dien Bien Phu.

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Jules Roy fit de cette bataille une description crépusculaire dans son livre éponyme « Dien Bien Phu » publié en 1963 et réédité en 1989.
Le cinéaste, Pierre Schoendoerffer en fit un film, drame d’un très grand esthétisme : « la 317ème section » sorti en 1966.

Longtemps après, Marguerite Duras revint sur cette société coloniale finissante dans un énorme succès de librairie, son roman « l’amant » paru en 1984 et adapté magistralement au cinéma en 1992.

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Cette période de décomposition française fut propice à l’éclosion par la suite de toute une littérature guerrière et revancharde. Jean Larteguy, baroudeur et correspondant de guerre, anticolonialiste et vaguement facho fut un des porte-drapeaux de cette vague vengeresse. « Les centurions » publié pour la première fois en 1966 fut un grand succès de librairie et un film tapageur sorti en 1966 avec Anthony Quinn et Alain Delon à l’affiche.

Puis vinrent les études universitaires, le départ en France à la fin des bienheureuses années 60, l’an de grâce, 1968 très exactement. Cela dura tout le long des années 70 jusqu’au début des années 80.

Les français avaient plié bagage et laissé un Vietnam divisé en 2 Vietnam ennemis.

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Sous le colonialisme finissant de la France des années 50 perçait déjà l’impérialisme guerrier des américains de la guerre froide et leur théorie du « countainment » des périls rouge et jaune.

« L’américain bien tranquille » du roman de Graham Greene (sorti en 1955, réédité plusieurs fois et dont on tira 2 films) s’était mué en « vilain américain » agent de la CIA tout à son œuvre de déstabilisation.

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La scène était déjà campée pour l’embrasement. Au sud du Vietnam s’était installé, avec la bénédiction des américains, un dictateur Ngo Dinh Diem, au nord trônait sans partage un moine soldat, un ascète confucéen, l’oncle Ho et sa barbichette fleurie : Ho Chi Minh.

Jean Lacouture, la grande plume du journal « le monde », écrivain de talent et grand pourfendeur de l’impérialisme américain en fit une biographie qui fit date en 1967 et qui fut rééditée par la suite.

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À Strasbourg, ma ville universitaire, les foyers universitaires et restau-U étaient tapissés de graffitis « Paix au Vietnam » et les murs barbouillés du slogan vengeur « yankee go home ».

Les innombrables fractions gauchistes ennemies s’étaient unies un jour mémorable pour manifester devant le seul cinéma qui avait osé projeter un film de propagande pro américain. Ce fut le seul film tourné à la gloire des armes américaines pendant la guerre du Vietnam « les bérets verts » de John Wayne sorti en 1968 et qui ne tint l’affiche que quelques jours.

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Les années 70 furent incandescentes, le conflit vietnamien à son apogée. Tout à nos études, nous ne rations cependant pas les meetings de solidarité et surtout pas « la grand-messe du 20H », le journal TV du soir.

Ce furent les années du choc des images, les années de gloire des correspondants de guerre et surtout des photo-reporters qui allèrent au plus près, presque à bout touchant du cataclysme.

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Tout le monde se souvient du choc terrible de ces images, ces instantanés de l’histoire qui ont fait le tour monde : le bonze torche vivante, le tapis de bombes des B52, la petite fille nue brûlée au napalm, l’officier sud-vietnamien exécutant à bout-portant le combattant Viêt-Cong, le sauve qui peut sur le toit de l’ambassade américaine.

Tout à notre détestation de l’impérialisme américain, nous n’avions cependant qu’admiration pour la merveilleuse et militante jeunesse américaine qui brûlait ses livrets militaires et avait ses premiers morts sur les campus universitaires.
C’était l’époque où Jane Fonda défilait sous les bombes à Hanoï, l’époque où Cassius Clay s’était transfiguré en Mohamed-Ali refusant sa conscription parce que « Aucun vietnamien ne l’avait traité de nègre ».

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Hollywood commençait à sortir de sa réserve, et se fit peu à peu et de plus en plus « militante », surtout une fois la guerre finie.

Vinrent d’abord des films métaphoriques, des paraboles sur la sauvagerie, la violence et la folie comme dans le film de Michael Cimino « voyage au bout de l’enfer » sorti en1978... et surtout l’événement cinématographique de 1979 le film de Francis Ford Coppola « Apocalypse now» librement inspiré du grand roman de Joseph Conrad « Au cœur des ténèbres » paru un bon siècle avant.

Il faudra attendre le scalpel d’Oliver Stone et son extraordinaire « Platoon » en 1986 ou le non moins remarquable « Full métal jacket » de Stanley Kubrick en 1987 pour que la guerre du Vietnam soit restituée au plus près du drame historique.

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En avril 75, j’avais 27 ans et j’étais tout près d’être reçu docteur en médecine, Saigon tombait dans la ferveur et les clameurs du monde entier.

Puis, vinrent les mauvais vents. « Cruel avril » d’Olivier Todd fut une première alerte et un mauvais présage, « l’ile de lumière » 1979 le livre de Bernard Kouchner puis par la suite le bateau dénommé lui aussi « l’ile de lumière » parti au secours des « Boat-people » vietnamiens, un phénomène jamais observé auparavant et qui suscita une vague de solidarité mondiale et unanime jusqu’à réconcilier Jean-Paul Sartre et Raymond Aron avait-on glosé à l’époque.

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On refusait de voir, on ne voulait pas comprendre et surtout on se refusait de condamner. « Le peuple vietnamien qui avait si bien fait la guerre était mal armé pour faire la paix », disait-on comme pour excuser l’inexcusable. On était d’autant plus enclin à absoudre que le Vietnam unifié, le Vietnam nouveau, venait de libérer le Cambodge et mettait un terme à la folie génocidaire des khmers rouges et à la caricature dévoyée du marxisme du « Kampuchéa libre », de l’halluciné Pol Pot le « frère numéro 1 ».

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Le rideau était déjà tombé, les armes américaines avaient connu leur première défaite, l’impérialisme américain avait été un moment contenu. Kissinger et Le Duc Tho avaient été décorés d’un grotesque Nobel de la paix en 1973. Nixon avait été ignominieusement chassé du pouvoir en 1974, poursuivi par l’opprobre du Watergate et la malédiction du Vietnam. Ho Chi Minh reposait à Hanoi dans son mausolée, et nous .... Nous sommes rentrés chez nous pour d’autres rendez-vous, d’autres engagements.

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