« L’autre chemin » : Une lecture intéressante et instructive

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C’est dans une langue fluide et compréhensible, même par les profanes, qu’Aziz Krichen1, décortique, dans son dernier livre « l’autre chemin », le système économique Tunisien. Il met en valeur ses principaux maux, il s’agit notamment :


- Du règne d’une oligarchie rentière clientéliste sous la dictature de Bouguiba, elle devient mafieuse sous celle de Ben Ali.

- De la désintégration et de la marginalisation de la paysannerie,

- Du déséquilibre régional et des inégalités sociales.

L’auteur appelle donc, « à une réorganisation d’ensemble de l’économie et de la société, de manière à répondre aux besoins du plus grands nombre et à promouvoir le développement de la richesse nationale ».

Les solutions existent, elles exigent une volonté politique, une vision claire et des décisions fermes, nous dit-il :


- « Annihiler l’économie mafieuse, en mettant hors d’état de nuire les barons de l’import-export ».

- « Juguler l’économie rentière en supprimant les situations de rente ».

Concernant l’agriculture, l’auteur préconise des réformes qui réhabiliteraient la situation de la petite paysannerie et l’instauration de leur droit à posséder la terre, ainsi que la possibilité d’y vivre grâce à leur travail.

L’autre chemin que propose l’auteur est la sortie du débat stérile et bipolaire qui oppose les « modernistes » et les « traditionnalistes » et s’occuper de restructurer le système économique.

Malgré, le marasme économique que vit le pays, l’auteur conclut sur une note optimiste : Les perdants du système, initiateurs du soulèvement du 17 décembre 2010, parachèveront, certainement, le processus révolutionnaire :

« Au total, après huit années d’aléas divers et d’espérance déçues, on se retrouve dorénavant face à la même configuration sociologique qu’à la veille du soulèvement. Contre l’oligarchie régnante, contre ses serviteurs locaux et ses parrains étrangers, tous les autres milieux sociaux- La paysannerie, les marginaux des ceintures urbaines, les salariés, la petite et la moyenne bourgeoisie- se retrouvent de nouveau objectivement rassemblés dans un même camp, celui du rejet du système en place. Le mouvement mis en branle en décembre 2010 va se poursuivre, puisqu’il n’a pas achevé sa trajectoire ».

Il reste, qu’à mon avis, ces catégories ont besoin d’être encadrées par une force politique afin de les mobiliser et les orienter vers des revendications de fond. Malheureusement, comme l’a bien dit, l’auteur, même les mouvements de gauche se limitent à critiquer les forces extérieures, s’agissant notamment, des accords de libre-échange, oubliant le rôle plus nuisible des acteurs intérieurs c’est-à-dire l’oligarchie rentière et mafieuse.

Par ailleurs, la plus part d’entre eux s’investissent dans les luttes idéologiques qui font de l’ombre aux questions essentielles.

Il faut dire qu’il est difficile de « chambarder » un système mis en place depuis plus de 60 ans, surtout que ses gagnants ont désormais une puissance financière qui leur permet d’imposer leurs choix en « achetant » ceci, cela , n’importe qui et n’importe quoi…

Ceci étant dit, je vous conseille vivement de lire « l’autre chemin », car ce livre pointe les vrais problèmes du système économique du pays et propose des pistes pour s’en sortir.

Vous gagnerez à suivre tous les raisonnements et les argumentations de l’auteur, dans leurs détails.


Note

1- Economiste, sociologue, écrivain et homme politique (opposant aux deux dictatures Tunisiennes)

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