Cette pauvreté n’est pas la leur, elle est la vôtre…

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Nul terrorisme ne peut prospérer dans un pays dont les citoyens sont à l’abri de la misère, du rejet, de l’exclusion, du bannissement, de l’isolement, de la discrimination et du mépris, ce mépris glacial, cynique, impavide, indifférent aux douleurs, aux souffrances, à la profonde détresse de citoyens vivant, façon de parler, à l’orée d’un bien –être obscène, laid, insolent, volubile étalé vulgairement par cette masse ruminante de riches parvenus insensibles à la l’indigence d’autrui, à leurs frustrations soudain amplifiées par ces écarts monstrueux engendrés par la rapacité gargantuesque des égoïsmes sociaux !

Or, cette Tunisie profonde, cette Tunisie rurale, cette Tunisie campagnarde, est une terre généreuse, parée des vertus des gens simples, des gens humbles, des gens chaleureux, accueillants, hospitaliers, dont la pudeur naturelle est à bien des égards une espèce de carapace qui les protège de ces clichés citadins qui cherchent à leur donner à voir d'eux-mêmes une image négative, tronquée et assombrie.

Trop d’interprétations fallacieuses, superfétatoires, toxiques ont pollué nos discernements pour les transformer en croyances et idolâtries pour en faire notre agitation de tous les jours.

Le soi-disant conflit identitaire en cache un autre, bien plus profond, bien plus complexe et bien plus insidieux...Il a une nature sociale et économique qui a été à l'origine du bouleversement que nous vivons aujourd’hui. Nous avons en Tunisie une minorité de nantis: bien-nourris, bien logés, bien sapés, bien instruits, bien mondains, bien occidentalisés, bien snobs et exhibitionnistes qui côtoie sans la voir une majorité de démunis: mal-nourris, mal logés, mal habillés, mal instruits, socialement ghettoïsés, économiquement disqualifiés et culturellement marginalisés. Le délitement du lien social, son effritement et partant les frustrations qu'une triple discrimination entraine, sont autant de facteurs qui libèrent les haines contenues, las animosités réprimées et les hostilités bâillonnées par la dictature. Elles se manifestent avec éclat et choisissent les voies extrêmes (salafisme, gauchisme, terrorisme...) pour occuper le territoire dont elles ont été exclues et revendiquer une existence digne dont cette masse a été bannie.

Il va de soi que l'inimitié virulente va concerner principalement ceux qui ont le plus profité des largesses de l'ancien régime et va se concentrer notamment sur leur mode de vie, leur mode de pensée, leur opulence indécente, leur mépris à l'égard des masses indigentes...et c'est de cette manière que le transfert s'accomplit, aidé en cela, par l'endoctrinement, l'embrigadement et le populisme, l'ennemi de social, devient culturel, moral, religieux au point d'être identifié au mal absolu, à la malignité dont il faut se défaire sous la bannière du religieux fondamentaliste ou d'une quelconque idéologie totalitaire.

La bourgeoisie comprador croyait faire amende honorable en sacrifiant son dictateur pour mater l’insurrection et récupérer la donne, en ouvrant les brèches du système à ceux qui en ont été exclus, or, sa soumission au système mafieux ainsi que les privilèges qu'elle accumula grâce à sa bienveillante servitude, constituèrent la preuve de son hypocrisie et alimentèrent toutes les suspicions quant à son souci d'instaurer une démocratie fondée sur le principe de la justice sociale. La crise actuelle et les turpitudes qui en résultent s'inscrivent dans cette dynamique de changement d'options économiques qui accrurent les écarts sociaux et mirent en lumière cette misère immonde habilement camouflée par l'ancien régime.

La complexité est-elle la propriété privée de ceux qui évoluent dedans en croyant y avoir trouvé toute la vérité, rien que la vérité ? Quels sont ces nageurs qui traversent les océans au risque de s’y perdre. Qu’est-ce qui les pousse à de telles audaces ?

Sans trop forcer le pessimisme, on peut dire qu’il reste des pièces du puzzle à leur vraie place. Ce qui est bien dommage, c’est que cette complexité qui fait les politiques et docteurs du savoir, ne donne aucune chance à la base ; on n’apporte pas d’eau aux racines de l’arbre et on s’étonne de la pénurie de fruits, voire de la production de mauvais fruits.

L’exclusion, le chômage, ça rassure quand on n’est pas dedans. Là on est dans la ruée pour la survie. Personne ne partage quand chacun aspire au gotha, veut être reconnu par les autres plus que de se reconnaître soi-même.

Peu d’érudits descendent dans la rue.

L’université populaire de la vie n’est pas démocratique parce qu’il y a divorce entre la complexité et la simplicité : un fossé ! Divorce entre le politique et le peuple, divorce entre le peuple et le peuple. Bref le règne du n’importe quoi de préférence afin que tout le monde se noie, les uns dans la mer de la complexité, les autres dans un verre d’eau.

Oui mais, car il y a un « Mais » Les pauvres vont montrer qu’ils existent, qu’ils sont la base de l’édifice et dire qu’elle ne peut s’écrouler sans que tout le monde ne s’écroule.

Peuple, revoie ta copie ! Démystifie !

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