Un terrain de chasse pour les prédateurs masculins

Dans son intervention faite à la 49e cérémonie des Césars, l’actrice Judith Godrèche s’est projetée, à partir de ses déboires personnels, dans l’analyse et a affirmé que le cinéma était utilisé comme « une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles».

Le monde du cinéma en France a toujours été une vitrine des traditions « galantes » tant vantées de la civilisation occidentale dans laquelle brillent les femmes les plus séduisantes de la société. C’est une sorte de master class, dispensée en séance publique et permanente, grâce à laquelle se modélise et s’idéalise la mixité en tant que « valeur » dont cette civilisation s’arroge l’exclusivité pour stigmatiser les « communautarismes » qui tentent de s’y soustraire.

A chaque fois qu’il s’est avéré impossible de distordre la laïcité pour mettre le hidjab hors-la-loi, dans tel espace ou dans tel autre, il s’est trouvé un idéologue du mode de vie à la française et notamment de la présence féminine dans l’espace public pour proposer d’en appeler aux traditions afin d’empêcher que la norme islamique, en voilant les femmes, ne « mutile la nation ».

Or, voilà que le champ de la création et de l’industrie cinématographiques révèle, comme l’ont fait avant lui ceux de la politique, de l’entreprise et des médias, la fonction jusque-là insoupçonnée de la mixité : celle d’aménager un terrain de chasse aux prédateurs masculins.

Voilà que la litanie des scandales provoqués par les viols et les agressions sexuelles vient nous rappeler que ce sont la marchandisation des êtres humains et la domination patriarcale qui sont au fondement des rapports sociaux et que les mœurs si délicates de la civilisation européennes, dont le glamour cinématographique représente la forme achevée, ne sont que leur déguisement de prestige.

La petite phrase de Judith Godrèche est ravageuse, même si l’actrice n’a pas cessé de grimacer un sourire très professionnel tout au long de son intervention. Mais les organisateurs ont su l’enfermer dans une parenthèse préliminaire vite refermée afin que les réjouissances puissent ensuite suivre leur cours. Ils ont ainsi pu en désamorcer la charge de telle sorte que l’évocation du droit de cuissage dans le cinéma français ne profane pas excessivement la grand-messe de l’exception culturelle française.

Le 7e art doit continuer à faire rêver. Et pour que sa magie puisse opérer dans les salles obscures, il fallait que ses arrière-cuisines ne soient pas elles-mêmes exposées à une lumière trop crue.

Et puis il existe une telle porosité entre le monde du spectacle et la société tout entière qu’il était primordial de jeter un voile pudique sur ce symptôme de la barbarie lové dans les replis d’une civilisation qui fait la leçon au monde entier.

Pour ne rien dire de la porosité entre les sujets d’actualité qui autoriserait des rapprochements avec les informations que rapportent des expertes mandatées par l’ONU sur les viols, les traitements inhumains et dégradants et les exécutions que la succursale israélienne de la civilisation occidentale fait subir aux femmes et aux filles palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie.

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