Les déclarations de Harouni : Propos éhontés et posture effrontée…

La toile a réservé un accueil hostile mais tardif aux déclarations de Abdelkarim Harouni (Ennahdha) en rapport avec le fonds "Al Karama". Indépendamment des justifications ou des excuses qu'on peut trouver aux défenseurs des victimes de la dictature, les déclarations de Harouni ne peuvent pas passer.

A l'heure où le pays peine à trouver le moyen de payer ses fonctionnaires et organiser la lutte contre le Covid19, évoquer les dédommagements, certes dus et légalement reconnus, sur le ton de "l'ultimatum" est inacceptable.

Arguments irrecevables

Les propos de Harouni ne peuvent pas déplaire à tout le monde et à ce titre, beaucoup ont pris sa défense ou justifié ses propos. "Il n'a pas parlé de dédommagements immédiats" disent certains, "les fonds ne seront pas prélevés sur le budget de L'Etat" ajoutent d'autres ou encore" pourquoi les victimes de la répression devraient-ils renoncer à leurs droits alors que d'autres catégories sociales vivant plus que confortablement n'arrêtent pas de revendiquer ? " s'interrogent d'autres encore.

Pour ma part, je ne suis pas insensible à ces arguments mais il faut admettre qu'ils sont loin de convaincre la majorité des citoyens de ce pays. En d'autres termes, Harouni a été maladroit d'un point de vue forme et peu percutant sur le fond, c'est à dire très mauvais pédagogiquement parlant.

Un dernier point mais pas le moindre de mon point de vue, Harouni a eu tort de dire que "les puissances étrangères exigent que la Tunisie applique et finalise le processus de justice transitionnelle". C'est une autre maladresse en termes de communication et de pédagogie. Dire d'un projet ou d'un plan que c'est un diktat de l'étranger n'est pas le meilleur moyen de le commercialiser.

Rectifier le tir

Il ne s'agit pas de rectifier les propos de Harouni mais de trouver les voies permettant de remettre cette question de la justice transitionnelle sur les rails. Les réparations et les dédommagements que l'Etat doit à ses victimes constituent quelque chose d'acquis. Il va falloir réfléchir sur les modalités et les formes de cette réparation.

Cette publication-encadrement se veut modestement un ensemble de conseils-suggestions à A. Harouni. Ceux qui veulent bien les lui faire parvenir sont remerciés d'avance.

- Sur la forme, il convient de reformuler la demande, légitime, de dédommagement, dû et reconnu, par les lois de la république en rompant avec toute forme d’ultimatum ou de menace. Bien au contraire, il importe de dire que les victimes comme ceux qui les soutiennent n’ignorent les difficultés financières que connait le pays.

- Sur le fond maintenant, la justice transitionnelle est censée aboutir à une réconciliation nationale et non pas à une exacerbation des clivages et à des conflits que certains infra-citoyens, le PDL en est la plus abjecte illustration, tentent de raviver.

A ce titre, il faut expliquer que les dédommagements, dus et reconnus, ne sont pas nécessairement immédiats, ni pécuniaires, ni prélevés sur le budget de l’Etat. Il faut expliquer, faire preuve de patience et de pédagogie et éviter autant que faire se peut d’offrir des occasions de médire à ceux qui ne font que souffler sur les braises.

Bien évidemment, la tâche n’est pas aisée car en face, il y a des haineux irréductibles. C’est difficile mais il faut continuer le travail en évitant ces grossières erreurs de communication car qu’on le veuille ou pas, Harouni en a commis une bien grosse.

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات