Le rêve d'une Palestine d'où résonnerait à nouveau la parole d'Abraham, afin que cesse le scandale d'une promesse dont chacun se dispute le titre pendant que son écho se perd, ce rêve a pu nourrir des esprits religieux convaincus que les querelles anciennes ne sont plus de mise face aux défis planétaires de notre époque.
On a pu ainsi considérer que le retour en terre de Palestine du peuple juif, en tant que premier dépositaire de la parole d’Abraham, était une condition permettant de rendre la promesse à nouveau audible, parce que serait devenue possible la conjugaison des efforts dans ce sens.
Contre une certaine logique de la confiscation et de la marginalisation, mais aussi de l'oubli, il s'agissait de rappeler la dette et de rétablir une sorte de droit d'aînesse dans l'histoire de la promesse.
Des hommes d'Eglise ont pu, selon ce scénario, apposer leur approbation aux bouleversements qui ont eu lieu depuis la moitié du siècle dernier. Ils étaient certes conscients qu'il y aurait un prix à payer, et que le peuple palestinien aurait à le supporter plus que tout autre. Accepter cela, c'était mettre une ombre au tableau en espérant vaguement qu'elle serait dissipée par la lumière finale.
Mais quelque chose d'autre leur a peut-être échappé, à savoir que pour retrouver sa place de premier porteur de la promesse, le peuple juif se retrouverait de son côté entrainé, comme à son corps défendant, dans la barbarie. C'est-à-dire dans ce qui est précisément ce par quoi l'homme se rend indigne de la promesse. Du moins celle qui a résonné dans la parole d’Abraham.
Aujourd'hui que ces faits sont devenus tellement patents que leur occultation nécessite une machine de propagande à l'échelle mondiale, une violence médiatique quotidienne contre le bon sens et la pensée du citoyen à travers les continents, quel bilan ces hommes éclairés et de bonne volonté peuvent-ils bien faire dans leur tête ? Le monde a-t-il créé les conditions d'une meilleure écoute de la promesse ? Ou n'a-t-il pas plutôt creusé davantage sa tombe ?