De la loi de finances 2020 : Un peu de sérieux Svp !

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Je souhaiterais que le prochain gouvernement accorde plus de sérieux à la chose publique économique. Je me limite ici à deux exemples de propos largement tenus:

1- '' Le BE est articulé autour de la réduction du déficit public pour pourvoir augmenter par la suite le volume des dépenses de développement (Titre II)''. Commentaire : Cette phrase est prononcée répétitivement depuis plusieurs années presque par les mêmes personnes alors que

(1) La réduction du déficit public à des niveaux raisonnables ne devrait pas dépasser environ 18 mois dans la pratique (voir l'exemple de Djibouti, le pays de tous les malheurs, et beaucoup d'autres pays africains et arabes), sinon la politique budgétaire elle-même n'est pas soutenable. Si elle est ainsi, pourquoi l'adopter toujours ?

(2) Réduire le déficit pour accroître par la suite le volume du titre II, n'a pas beaucoup de sens ; ne serait-ce que de la propagande politicienne, car tout le monde sait pertinemment que la capacité d'investissement public d'environ 6 MDT, toujours envisagés dans les BE, n'a jamais été atteinte en Tunisie depuis plusieurs années.

Cette capacité est en réduction, si on l’actualise les 6 MDT aux prix constants ! Alors pourquoi songer à l'augmenter dans le futur avant de mettre en œuvre des mesures de changements structurels –qui demandent beaucoup de temps, portant surtout ''construction des capacités institutionnelles'' nationales et régionales?.

2- ''On n'annonce pas le taux de change adopté dans les prévisions budgétaires''…

(1) Car le ministère des finances n'est ni vendeur ni acheteur de devises, et

(2) pour ne pas déclencher des anticipations se transformant en spéculations sur le change''.

Commentaire rapide : ces propos sont faux. En fait,

(1) les prévisions sur le taux de change sont faisables par tout le monde, chercheurs, commis de l'Etat, banquier, acheteurs de devises ou non, et même étrangers. Il suffit de les annoncer aux agents économiques qui ne le confondront pas nécessairement avec ‘’le taux cible’’, car la politique monétaire et de change est actuellement ‘’Discrétionnaire’’, c’est-à-dire, qu’elle n’a jusqu’alors pas annoncé une ‘’Règle’’.

Et même si elle optait pour le ciblage, dont les conditions institutionnelles et financières ne sont pas encore réunies, elle pourrait toujours changer la cible en fonction des erreurs de prévisions, mais aussi car la politique monétaire est justement ‘’Discrétionnaire’’ !

(2) Cette nouvelle habitude de rétention de l'information qui a été curieusement initiée depuis l'année dernière, n'est pas synonyme de meilleures pratiques de gouvernance publique, si elle ne va pas donner des effets contraires à ce qui aurait été attendu.

En fait, tant qu'une évaluation statistique des effets comparés avec ou sans annonce des prévisions sur la performance de la gestion budgétaire n'est pas faite, ce serait de l'arbitraire et donc du manque de sérieux. Aussi, juste une indication : dans un contexte d’incertitude et d'agents ayant une aversion pour le risque, Zéro-informations ‘’futures’’ disponibles n’empêche pas ces derniers à formuler leurs anticipations.

Cependant, ''Zéro-information futures officielles” crée un potentiel contexte d'asymétrie d'information puisqu'il ouvre la voie à une éventuelle corruption ''d'informations'' bénéficiant seulement à quelques-uns !

Sans s’étaler sur la question, mais juste pour m’interroger sur les justifications sérieuses de la rétention de l’information sur les prévisions du taux de change : quel type d'anticipations caractérisant le comportement des agents en Tunisie, et quel est l'effet de l'annonce des prévisions de la croissance sur la performance de la gestion des finances publiques et de change?

Nb: les phrases conjuguées au conditionnel, genre ''si nous n'avions pas fait ceci, la situation aurait été catastrophique’’ n’ont aucun sens, car il n'y a aucun économiste dans le monde qui se respecte qui ose le dire.

Je m’arrête là !

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