Le Prisme et l’Horizon/ Riyad mobilise contre le terrorisme

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Alors que l’Arabie Saoudite figure en bonne place sur la liste des pays qui nourrissent la suspicion quant à leur implication dans l’essor de l’Etat islamique, au même titre que la Turquie et le Qatar en particulier, voilà qu’elle annonce la formation d’une nouvelle coalition contre le terrorisme... Cette coalition regrouperait quelque 34 pays parmi lesquels se trouvent la Tunisie, le Maroc et la Libye.

Répercutant l’information à chaud, un quotidien français se demandait mardi, sur son édition en ligne, s’il ne s’agissait pas d’un «coup de pub». La question prend son sens au vu des spéculations lancinantes sur les pays qui favoriseraient secrètement l’islam radical dans le monde : spéculations, du reste, qui n’ont aucune raison de cesser, tant que l’engagement direct de l’Arabie et de ses alliés nouveaux ne se sera pas concrétisé sur le terrain de manière convaincante. Cela, nous le constaterons dans les semaines et les mois qui viennent. Pour l’instant, ce que nous savons, c’est que les pays qui forment cette coalition sont des pays dont la population est en majorité sunnite et qui sont, pour la plupart d’entre eux, représentés au sein de l’Organisation de la conférence islamique. A noter à ce propos que l’Iran ne figure donc pas dans le lot. Pour des raisons différentes, la Syrie et l’Irak non plus. Le commandement de cette coalition sera basé à Jeddah.

Dans une déclaration faite mardi dernier, le Prince Mohamed, fils du Roi Salmane et ministre de la Défense, a souligné que cette coalition avait vocation à combattre «toute organisation terroriste qui ferait son apparition». Autrement dit, si des organisations existantes comme l’Etat Islamique ou Al Qaïda sont visées, elles ne sont pas des cibles exclusives. L’idée derrière cette initiative, qui est très défendable, est que le monde musulman est la première victime du terrorisme et que, par conséquent, c’est à lui de se défendre et de prendre les dispositions qu’il faut, de façon plus solidaire, afin de combattre le mal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali, le Niger, le Tchad ou le Nigeria, particulièrement touchés, sont représentés dans le groupe.

Il est assez clair, par conséquent, que l’Arabie Saoudite, qui avait déjà dirigé une coalition de pays arabes pour briser la tentative des Houthis de s’emparer du pouvoir au Yémen par la force, confirme sa volonté de pratiquer une diplomatie musclée. Aujourd’hui, et alors que des «pourparlers de paix» sont engagés en Suisse entre les parties en conflit au Yémen sous l’égide des Nations unies, après des campagnes de bombardement qui ont laissé leur lot de destructions et de désolation dans ce pays voisin de l’Arabie, celle-ci demeure engagée dans la coalition dirigée par les Etats-Unis contre l’Etat islamique. Et son intention n’est manifestement pas de s’en désengager au profit de la nouvelle dont elle assure le commandement. La question se pose bien sûr de savoir comment les deux coalitions vont s’articuler l’une par rapport à l’autre, et de manière à ce qu’elles n’empiètent pas chacune sur les opérations de l’autre.

Autre question : comment l’Arabie Saoudite va-t-elle assurer son rôle de commandement sur un groupe de pays aussi large et dans une guerre où l’intelligence stratégique et tactique sont au plus haut point de rigueur ? Le monde n’oublie pas cette récente tragique déconvenue : la mort de centaines de pèlerins à La Mecque, par un manque d’organisation de sa part. Ni les excès de son rigorisme dans l’application de la loi religieuse, qui peut devenir un handicap du point de vue de la cohésion du groupe.

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