ESPOIRS LIBYENS !

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C’est une excellente nouvelle que la signature, à Tunis de surcroit, et sans médiateur, d’un accord de principe entre les deux parlements libyens concurrents siégeant à Tripoli et à Tobrouk. Il faut avant toute chose prendre le temps de le dire.

C’est une bonne nouvelle à la face de tous les Cassandre de gauche comme de droite qui, dans le destin de la Libye, ne voulaient voir que le pire et qui nous demandaient, entre les lignes, de regretter Kadhafi. C’est également un message clair en direction de tous les éradicateurs qui, au Caire, dans les Emirats et jusqu’à Paris continuent à considérer une nouvelle intervention armée étrangère - qui aurait reproduit l’erreur faite en Syrie en août 2014 - comme une porte de sortie de la crise libyenne.

Un certain nombre d’observateurs autorisés de la réalité de ce qui se passait sur le terrain (merci notamment à Omeya Seddik d’Humanitarian Dialogue) avaient depuis plusieurs semaines “alertés” sur la tournure positive que - dans un pays où la population, toutes sensibilités confondues est profondément lassée par des affrontements stériles - prenaient depuis quelques mois les options négociées, à quelque niveau que se situent les arbitrages.

La contre-performance pitoyable de l’envoyé spécial de l’ONU, Bernardino Leon, pris récemment en flagrant délit de collusion, financière de surcroit, avec la stratégie éradicatrice des émirats Arabes unis (et de l’Egypte) qui le finançaient, avait fait craindre un nouveau recul de la dynamique de négociation. L’accord d’aujourd’hui montre qu’il n’en est rien et que cet obstacle ultime a très vite été surmonté. Bien évidemment ce résultat, très embryonnaire, demeure fragile. Il est inachevé. Personne ne peut réalistement écarter l’idée d’un retour à la case de la confrontation. Mais cet accord indique une direction.

Et l’Etat islamique me direz-vous et ses progrès irrésistibles à Syrte notamment ? Prenons le temps de souligner que, comme en Irak, l’Organisation de l’Etat islamique s’est avant tout épanouie à Syrte, dernier bastion martyr de la résistance des Kadhafistes, ville détruite sous les bombes de l’Otan et humiliée par les milices révolutionnaires, du fait de sa capacité à faire revenir un ordre acceptable et, contredisant la loi d’exclusion adoptée en juin 2013, à réintégrer les vaincus dans le jeu politique. Le seul vrai ennemi de Daech, sa propension à recourir à la terreur n’aura donc pas, en l’espèce, joué un rôle significatif pour freiner son ancrage.

L’autre ennemi, plus efficace (car il apporte les roses de la restauration de l’ordre) avec beaucoup moins des épines (de la terreur) c’est le système institutionnel crédible et inclusif - à des années lumière de celui que la montée aux extrêmes a fait émerger en Irak (ou en Egypte) que la signature de l’accord entre les deux parlements libyens vient aujourd’hui de permettre une nouvelle fois d’envisager.

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