« Sortir de l’entre soi : le courage politique en temps de dictature »

Je lis ici et là des mises en garde contre le danger de l'alliance avec le courant islamiste : alliance qualifiée de "contre-nature". Autour de la mobilisation en solidarité avec les détenus politiques et leurs familles, la barrière idéologique s'est beaucoup affaissée. Les voix des uns et des autres se sont mêlées, réunies dans un même élan de protestation et de douleur face à l'injustice.

Il est vrai que l'écho de cette voix, en lequel ne résonne plus la rhétorique de ralliement des vieilles familles de pensée, peut inquiéter. Qu'adviendrait-t-il de nous si l'on ne pouvait plus dire : "Eux, c'est eux et nous, c'est nous" ?

Mais le danger n'est-il pas aussi dans le repli sur soi, dans "l'alliance consanguine" ? Dans le sacrifice de la justice et de la compassion envers l'autre homme sur l'autel du confort et de la quiétude de l’entre-soi ?

La situation dans laquelle nous met la dictature a ceci d'intéressant qu'elle nous oblige à choisir entre deux voies : ou la justice pour tous ou le confort idéologique dans la compromission avec l'ordre dictatorial. Il n'y a pas d'alternative. Il y a seulement une prudence à observer dans la manière de braver les vieilles frontières.

Il n'y a pas d'alliances contre-nature : il y a des alliances plus ou moins bien construites, plus ou moins bien préparées, négociées, soutenues… Et s'il y a eu échec par le passé, le salut n'est pas de se draper dans sa déception en accusant l'autre de tous les torts. Car ça, c'est au contraire une façon de s'installer dans l'échec.

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