Jawhar Ben Mbarek a révélé le vrai visage du potentat

Jawhar Ben Mbarek est en grève de la faim. Dans un texte communiqué par lui le 29 octobre et qui circule sur les réseaux, il rappelle que ce n'est pas la première fois qu'il se met en grève de la faim depuis son incarcération - laquelle remonte à février 2023 - mais, indique-t-il, cette fois sera irréversible.

C'est une décision grave, fruit amer d'une lassitude face à l'injustice, mais qui comporte aussi un geste de défi à l'adresse du pouvoir politique.

Il y a toujours une part de folie dans ce que nous entreprenons sous la dictée du désespoir, mais cette folie a parfois plus de sagesse qu'on ne croit.

Jawhar Ben Mbarek, de fait, jouit de ce privilège paradoxal, par la situation dramatique qui est la sienne, de pouvoir révéler le vrai visage du potentat. C'est-à-dire de montrer la volonté de mort qui l'anime, par-delà la mise en scène répétée d'une politique prétendument au service du peuple.

À vrai dire, nous sommes nombreux à ne plus avoir de doute à ce sujet, et depuis longtemps. La manière dont les voix libres sont réduites au silence, la manière aussi dont la justice est forcée pour conduire des hommes honnêtes sous les barreaux au mépris des procédures et des principes les plus élémentaires de la pratique judiciaire, la manière enfin dont l'entourage du pouvoir exprime en toute insouciance le peu de cas qu'il fait de la vie des hommes et des femmes qui constituent la frange insoumise de nos concitoyens, en l'accusant de traitrise et en la vouant au plus macabre des sorts, cela est largement suffisant pour se persuader de la fausseté des prétentions affichées à protéger le peuple.

Mais il y a toujours une différence entre une vérité qu'on saisit par un travail de l'esprit et une vérité criante à laquelle il n'est plus possible d'échapper.

Par sa position, Jawher Ben Mbarek est en mesure de nous faire passer de l'une à l'autre : d'apporter la preuve que ce pouvoir qui nous domine n'a pas d'autre vocation, au fond, que d'ôter la vie... Et à travers l'un de ses enfants, à celle de tout un pays.

Souhaitons pourtant que le prisonnier Jawhar ne soit pas entraîné jusqu'aux conséquences fatales que comporte sa décision, et que la démonstration qu'il entend nous apporter en ce qui concerne la vraie nature du pouvoir actuel ne lui coûte pas le prix le plus élevé qui soit. Il dépend aussi de nous qu'il n'en aille pas ainsi.

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