Financement généralisé par la BCT pour résoudre le déficit budgétaire et financier de l'économie : Une absurdité…

J'ai cru comprendre aujourd'hui qu'un expert, prônait le financement généralisé de l’économie par la BCT; ''tant que cela ne génère pas d'inflation, puisque la BCT finance déjà le déficit public '', a-t-il déclaré.

D’abord, je tiens à reconnaître que ''Wallahi Taabtoona''. Ensuite, l’analyse économique ne se fonde jamais sur le ''bon sens'', (cela nécessite des développements méthodologiques). Enfin, je rappelle que le dinar tunisien n’est pas le franc suisse, la BCT n’est pas la Fed, et que l'employer tunisien abstrait moyen n’est ni japonais ni allemand.

Au-delà du risque de désorienter nos jeunes économistes, voici quelques conséquences concrètes si ces idées étaient la « Kaddara Allah » mises en œuvre :

D'abord, une perte de confiance et un affaiblissement du dinar. Quand la BCT crée de la monnaie pour financer le déficit public et l’ensemble de l’économie (hélicoptère monétaire. Pour rappel, ça été dit par M. Friedman dans l'un des meetings de l'American Economic Association, ''dénigrant'' les keynésiens), elle signale un abandon de la discipline monétaire et des règles prudentielles. Sur le marché des changes, cela se traduit par :

D'abord, une prime de risque accrue et des investisseurs internationaux demandant un rendement plus élevé pour détenir des actifs tunisiens. Une dépréciation du dinar, forçant la politique monétaire à choisir entre défendre les réserves et laisser la monnaie se déprécier, et déclenchant potentiellement une fuite des capitaux et des difficultés de gestion de la dette extérieure.

Ensuite, une pression inflationniste différée: la conviction que l’inflation restera faible ignore la dépendance tunisienne aux importations. En fait, la hausse des prix à l’importation est le corollaire d'un dinar plus faible qui rend les biens importés essentiels plus chers, entraînant une hausse immédiate des prix à la consommation.

En plus, ''une pression inflationniste différée'' auto-entretenue: si les anticipations d’inflation s’installent, salaires et prix augmentent en boucle, freinant l’emploi et l’investissement.

Enfin, des dommages structurels à long terme (cycle A-B-C-D suivant):

(A) Détérioration budgétaire : (loin de l'équivalence ricardienne que les économistes connaissent), l’inflation agit comme un impôt caché, réduisant le pouvoir d’achat et obligeant souvent le gouvernement à financer des subventions coûteuses.

(B) Érosion institutionnelle : (outre la question de l'indépendance de la BCT) la dépendance du financement des dépenses publiques à la BCT révèle l’insuffisance de financement par le système fiscal et compromet la qualité institutionnelle, favorisant la corruption.

(C) Entreprises et investissement : la forte volatilité et l’incertitude monétaire dissuadent l’investissement formel et productif.

(D) Croissance de l’informalité : le secteur formel s’étiole, l’activité bascule dans l’informel, la productivité chute et l’assiette fiscale se réduit, renforçant le cercle vicieux initial.

Compter alors sur le financement généralisé par la BCT pour résoudre le déficit budgétaire et financier de l'économie dans son état structurel courant est absurde. Cela confond un ralentissement temporaire avec l’absence de risques structurels. En réalité, cette politique importerait de l’inflation, porterait atteinte à la crédibilité de l’État et amplifierait les obstacles à une croissance formelle et durable, condamnant l’économie à une faible croissance et à une instabilité persistante, combinées à un chômage structurel élevé.

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