هناك حقيقة بسيطة لا تمحوها الخدع البلاغية ولا أوهام السيادة الزائفة حقوق الإنسان ليست ورقة تُلعب في نزاع جيوسياسي. إنها درعٌ للضعفاء، وسلاحٌ للمظلومين، وبوصلةٌ للمنصفين.
Certains prétendus « intellectuels », compagnons de route ou relais opportunistes du pouvoir de Kaïs Saied, aiment se draper dans des questionnements qui, sous couvert de lucidité critique, ne font en réalité que semer la confusion. Tantôt sincères, tantôt volontairement biaisées, leurs interrogations s’empilent pour aboutir à une conclusion implicite mais constante : délégitimer les droits humains, disqualifier ceux qui les défendent et présenter toute dénonciation des abus comme un alignement sur l’Occident.
C’est une mécanique bien huilée, vieille comme les régimes autoritaires eux-mêmes : décrier les « droits de l’homme à deux vitesses » pour mieux en nier la portée universelle.
Oui, les États occidentaux pratiquent les doubles standards. Oui, ils soutiennent — parfois activement — des dictatures, ferment les yeux sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité comme en Palestine et trahissent leurs propres principes quand leurs intérêts l’exigent. Mais faut-il, au nom de cette hypocrisie, rejeter en bloc les droits humains ? Les réduire à une simple façade occidentale ? Absolument pas. C’est un raisonnement cynique, qui confond l’instrumentalisation des principes avec leur valeur intrinsèque.
Les droits humains ne sont pas une invention coloniale. Ils ne sont pas l’apanage d’un bloc géopolitique. Ils sont le fruit des luttes de libération, des insurrections populaires, des combats pour la dignité menée par les peuples eux-mêmes — de Soweto à Sidi Bouzid, de Santiago à Téhéran. C’est en leur nom que des hommes et des femmes sont torturés, emprisonnés ou exécutés à Tunis, Gaza, Khartoum ou ailleurs. Croire qu’ils se battent pour complaire aux ambassades occidentales, c’est leur manquer de respect ; c’est nier leur courage, leur autonomie, leur engagement éthique profond. Ils se battent pour leur propre dignité et pour celle de leur peuple.
Ces chiens de garde de l’ordre autoritaire aiment pourtant pointer du doigt les complicités de l’Occident avec des régimes criminels — comme en ce moment à Gaza — et ils ont raison de le faire. Mais que font-ils de cette indignation ? Ils ne l’emploient pas à renforcer la solidarité entre opprimés. Ils s’en servent pour mieux attaquer les défenseur·es des droits en Tunisie. Ils assènent : « Puisqu’ils dénoncent les violations chez nous, c’est qu’ils servent l’Occident. » Ce raisonnement binaire est un piège. Veut-on nous contraindre à choisir entre dénoncer Israël ou dénoncer la répression en Tunisie ? Faut-il se taire ici pour être crédible là-bas ? Non. Un·e véritable militant·e des droits humains ne choisit pas son terrain selon l’agenda des puissants : il ou elle combat l’injustice partout, sans hiérarchie, sans frontières.
Quant à leur obsession pour les ONG, leurs financements et leurs liens supposés avec Washington ou Paris ou Bruxelles, remettons les choses à leur place. Lorsqu’un défenseur tunisien touche un salaire d’une ONG, on l’accuse d’être « à la solde de l’étranger ». Mais quand un régime entier dépend financièrement du FMI, de la Banque mondiale , des pays « frères » ou des aides du Golfe, ces prétendus patriotes ne trouvent soudain plus rien à redire. Où est alors la souveraineté ? Est-elle un principe ou un simple prétexte ? La véritable indépendance, ce n’est pas le rejet de tout lien extérieur : c’est la capacité d’un peuple à décider librement de son avenir, dans un cadre de droits, de libertés et de justice.
Enfin, ces « belles âmes de la pensée » aiment rappeler qu’ils ont croisé Kaïs Saied entre 2011 et 2019, qu’ils l’ont vu humble, incorruptible, quasi-prophétique. Tant mieux pour eux. Mais aujourd’hui, le constat est sans appel : Kaïs Saied piétine les libertés fondamentales, instrumentalise la justice, persécute ses opposant·es et envoie en prison celles et ceux qui osent simplement parler — comme Sonia Dahmani, Ahmed Souab et tant d’autres. On peut détourner le regard, mais on ne peut pas faire taire la réalité.
Alors, qu’ils posent toutes les questions qu’ils veulent. C’est leur droit. Mais qu’ils ne s’attendent pas à ce qu’on les prenne pour des éveilleurs de conscience. Ils participent à l’endormissement collectif.
Il reste pourtant une vérité simple, que ni les ruses rhétoriques ni les nationalismes d’apparat ne peuvent effacer: les droits humains ne sont pas une carte à jouer dans un jeu géopolitique. Ce sont des boucliers pour les faibles, des armes pour les opprimés et une boussole pour les justes.