El Mazzouna (Sidi Bouzid), 14 Avril 2025. Trois enfants ont trouvé la mort, broyés sous un mur effondré dans leur lycée public. Deux autres sont grièvement blessés. Le mur, vétuste, fissuré depuis des années, n’avait jamais été réparé. Le drame a eu lieu en pleine journée, dans un établissement censé incarner l’égalité des chances et le droit à l’éducation. Ce n’est pas un accident: c’est un crime de négligence, une tragédie politique.
Dans un pays rongé par les inégalités, cet effondrement est le symbole brut de l’effondrement d’un État au service d’un pouvoir autoritaire, plus prompt à pourchasser les opposants, les journalistes et les syndicalistes qu’à restaurer les murs d’une école.
Le mur d’El Mazzouna s’effondre comme les promesses de Kaïs Saied
Depuis des mois, les alertes se multipliaient. Des citoyens, des enseignants, des syndicats locaux avaient signalé l’état désastreux des infrastructures scolaires dans la région. Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des murs lézardés, des classes insalubres, des menaces visibles. Rien n’a été fait. À El Mazzouna, comme ailleurs dans les régions de l’intérieur, les établissements publics tombent en ruines.
Pendant ce temps, le président Kaïs Saied concentre tous les pouvoirs entre ses mains, dissout les contre-pouvoirs, emprisonne des opposants politiques sur la base de dossiers vides, et alimente une rhétorique de division. Ni plan de rénovation des écoles. Ni budget d’urgence pour les régions marginalisées. Ni politique publique cohérente pour l’enfance.
Ce drame illustre l’obsession du pouvoir pour le contrôle, au détriment des besoins essentiels de la population: accès à l’eau, santé, sécurité, éducation, emploi.
Réprimer ou protéger ? Le choix est fait
La Tunisie vit aujourd’hui sous un régime où les priorités sont inversées. Les prisonniers d’opinion s’accumulent. Les journalistes sont menacés. Les syndicalistes poursuivis en justice. Et les migrants, laissés à la violence raciste d’un discours d’État sans pitié. Mais réparer une école, garantir un repas, sécuriser une route ou un mur ? Trop banal, trop concret. Trop humain.
Kaïs Saied a fait de la répression une stratégie de gouvernement. Pendant que ses services traquent la contestation sur les réseaux sociaux, des enfants meurent à l’école. Pendant que des magistrats indépendants sont mutés ou suspendus, les écoles publiques s’effondrent sur les vivants.
Ce drame n’est pas isolé : c’est le miroir de l’État … actuel
Le drame d’El Mazzouna vient révéler une vérité : la centralisation du pouvoir ne produit ni justice, ni efficacité. Elle produit l’impunité, l’arbitraire et l’abandon. Sidi Bouzid, berceau de la révolution, continue de payer le prix de son insoumission : infrastructures délabrées, pauvreté structurelle, mépris des autorités. La rupture entre l’État et les régions de l’intérieur est plus profonde que jamais.
« Ils voulaient juste aller à l’école »
Ces enfants avaient un nom. Une famille. Des rêves. Ils ne sont pas morts d’une fatalité. Ils sont morts du silence de l’État. Le silence d’un président trop occupé à construire des procès politiques pour entendre les cris d’alerte des citoyens.
Aujourd’hui, la douleur des familles d’El Mazzouna doit devenir un cri national. Un cri pour que plus jamais un enfant ne meure dans son école. Un cri pour rappeler que la dignité, la justice, l’égalité ne sont pas des slogans, mais des obligations vitales. Et qu’un pouvoir qui ne protège pas ses enfants perd toute légitimité.