Ça se passe dans les prisons tunisiennes, redevenues, depuis le 25 juillet 2021, de sinistres lieux de détention arbitraire et de traitements cruels et inhumains

Ça se passe dans les prisons tunisiennes, redevenues, depuis le coup d’arrêt donnée à l’expérience démocratique le, 25 juillet 2021, de sinistres lieux de détention arbitraire et de traitements cruels et inhumains, au service de la dictature rampante. Y sont enfermés, pêle-mêle, sans considération d’âge, sans droits, sans procès équitable, femmes et hommes de l’opposition politique, de la magistrature, du barreau, des partis, des médias et de la presse, des associations de défense des droits, des " sans-papiers" et des personnes les plus vulnérables, des réseaux sociaux et de la toile, du monde des affaires.

Ils et elles y sont sans délais, sans perspective, dans un enchainement sans fin, entre arrestations policières, garde à vue et détentions préventives, prolongées souvent au-delà de leur terme légal.

Après des mois d’incarcération voire des années, ils et elles sont encore dans l’attente d’une véritable instruction pour établir et connaître les faits reprochés, ou d'une confrontation de témoins ou encore d’une improbable comparution en audience.

Quand ce n’est pas de crimes majeurs" de "complot et d’attentats contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État", "d’incitation à la violence et à la rébellion", "d’associations de malfaiteurs", de "connivence avec l’étranger," c’est de "rumeurs" et "d’offense" perpétrées sur les réseaux sociaux et les systèmes d’information qu’ils et elles sont accusés.

Le dispositif répressif mobilisable est à foison, entre infractions en cascade à l’ordre public, héritées de la colonisation et remises au goût du jour et nouvelles lois d’exception sur le terrorisme, la corruption, le blanchiment d’argent, les « sans-papiers ». Indéfiniment réitérées, les demandes de mise en liberté sont invariablement rejetées, entraînant de funestes conséquences. Aux peines les plus lourdes, succèdent le cumul des poursuites.

En prison, ils et elles sont parqués dans des lieux insalubres quand ils et elles ne sont pas trimbalés d’un établissement à l’autre, de préférence le plus loin possible des familles, partageant des cellules et des dortoirs surpeuplés ou placés en isolement, sous une lumière incandescente de jour comme de nuit.

Leur quotidien est fait d’exactions, de privations, de vindictes et d’humiliations. Les droits élémentaires y sont sujets à restriction par des règlements aussi introuvables qu’aberrants. Le droit de visite, ouvert avec parcimonie, est à minima. Il se pratique au travers d’une vitre au parloir, une barrière interdisant le contact des corps et des enlacements salvateurs des parents, des conjoints, des enfants.

Le droit à l’intimité et à l’hygiène est bafoué. Celui de recevoir un courrier est sous censure. Le droit au "couffin familial" est soumis à farfouille et à l’humeur des gardiens ; le droit aux soins et à la santé ne se réalise qu’in extremis. Les fouilles corporelles, les fouilles à nue, les violences, les cris, les menaces, les mesures disciplinaires et de rétorsion y sont légion jusqu’à pousser les personnes à mettre leur vie en péril.

Comment le permettre?

Que reste-t- il à celles et ceux que l'on a enfermé.e.s derrière les barreaux, sans droit ni procès équitable, sinon de résister en dignité, à et en leur corps défendant ? Combien faut-il de grèves de la faim, d’actes extrêmes de mise à l’épreuve physique, de souffrances des corps, d’estomacs noués, de courbatures articulaires, de palpitations du cœur, de tension artérielle, de fatigues, de syncopes, de comas et d’épuisement, pour venir à bout de ce monstrueux système?

Pourquoi faut-il en arriver là pour obtenir un droit élémentaire ? Pourquoi faut-il que Jawhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouachi, Ridha Bel Haj, Abdelhamid Jelassi, Khayem Turki, Issam Chebbi aujourd’hui, que Sonia Dahmani, Sihem Ben Sédrine et Abir Moussi il n y a guère longtemps, que bien d’autres avant, paient de leur vie, de leur santé et de leur bien-être , nos libertés et l’aveuglement politico- judiciaire.

Exigeons leur libération immédiate.

Ne les abandonnons pas!

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