Alfred,T'Es Vraiment Con..!

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Non messieurs, je ne me prosternerai pas devant votre prescience, je ne m'agenouillerai guère devant votre omniscience, je ne bénirai point votre sagesse, je ne louerai nullement votre sagacité, je ne saluerai jamais votre dévouement, je ne ferai pas l'éloge de votre magnanimité. Libre à vous de vous enorgueillir de votre exploit, de pavaner comme des paons devant le badaud émerveillé, de vous gargariser de votre mérite, d'astiquer vos trophées... Moi, citoyen libre et conscient je vous le dis haut et fort : " Rien à cirer".

Je suis l'un de ceux qui croient fermement que ce trophée de la honte n'est que le symbole de la reconnaissance que l'on jette au traitre pour services rendus. Si l'Europe et les Nations Unies avaient le désir de maintenir la paix dans le monde, il n'y aurait même pas de vol à l'étalage dans tout Chinatown, ni dans le Bronx ni à Belleville, ni dans le plus sombre coupe-gorge de Palerme. Ce sont précisément les nations qui se targuent de jouer les gendarmes ou les pompiers qui créent les conflits ou les nourrissent. Des mois de frappes aériennes n'ont pas permis d'infléchir une poignée de combattants surgis de nulle part, approvisionnés par on ne sait qui, renseignés on ne sait comment. Vous voulez nous faire croire que leurs satellites espions capables de surveiller des constellations sont devenus subitement impuissants face à ce fléau ?

Nul besoin d’arguments pour prouver l'implication des chevaliers de l'ordre de l'hégémonie mondiale dans tous les désordres qui éclatent par le monde. La situation critique dans laquelle on s'est trouvés le lendemain de la chute du dictateur est entièrement de leur fait, les solutions de même. Que quelqu'un d'assez intelligent parvienne à tirer les marrons du feu après que les autres eurent commencé la besogne, cela s'est déjà vu.

Mais il faut les prendre de vitesse, avoir les couilles pour cela et ne pas voir les choses à travers son nombril. Non messieurs, vous ne me convaincrez jamais en clamant qu'on ne pouvait espérer mieux dans la conjoncture en question. Seuls les lâches et les êtres velléitaires le disent. Les hypocrites, les calculateurs et les machiavels faux-culs aussi.

La sécurité, valeur bourgeoise par excellence, a toujours été la plus efficace des armes d'assujettissement de la populace. Sans vassaux à genoux il n'y aurait jamais de suzerains iniques. Or le peuple abruti par un travail ingrat et mal payé, veut juste manger, forniquer et dormir. Et laisser le soin de sa sécurité à d'autres. Il ne voit pas que, ce faisant, il remet sa vie entre des mains qui ne s'en soucieront jamais comme il le ferait lui-même. Et ce sont tout de même ces autres qui lui feront accepter des lois qui l'obligent à se battre pour défendre son intérêt qui va renflouer leurs caisses. La désobéissance à ces lois est appelé désertion, passible de la peine de mort. Et voilà notre plouc bien protégé. Il a vendu sa liberté pour acheter la paix mais il ne pourra pas éviter la guerre.

Messieurs, vous nous avez longtemps fait peur en agitant le spectre du chaos, vous avez martelé : c'est nous ou bien le terrorisme, vous nous avez vendu un semblant de sécurité contre une liberté chèrement acquise. Pourtant, on n'a jamais été si mal protégés que lorsqu'on s'est mis sous votre joug.

Le terrorisme sévit toujours, le banditisme se porte à merveille, nos frontières sont de vraies passoires, les contrebandiers s'en donnent à cœur joie au vu et au su de votre police, le ministère de l'intérieur est plus infiltré qu'une bicoque sans toit, les tortionnaires sont décorés de l'ordre de l'infamie, les pauvres diables qui vous ont fait confiance continuent à tirer le diable par la queue, l'État est à genoux avant de commencer le paiement de la dette contractée auprès de ceux qui vous ont décorés.

Certes, vous nous avez évité la guerre civile. C'est d'ailleurs l'unique justification de votre existence. Or, quels étaient les prémisses de cette guerre civile ? Les rivalités politiques ? Il y a un pays au monde où cela n'existe pas ? Le tissu social de notre pays se prête-t-il à des conflagrations de ce genre ? Sommes-nous moins divisés maintenant que vous vous êtes arrogé le droit de parler pour nous ? De décider à notre place ? De nous représenter ? Qui de vous se voit en Mme Bouchamaoui ?

Vous voyez vraiment l'instigateur de trente mille grèves se battre pour vous, pour que vous ne suffoquiez pas sous le poids de la dette extérieure ? Vous voyez vraiment ceux qui, pour les moins coupables, s'étaient tus sous la dictature, devenir les chantres de la liberté ? Vous croyez réellement que nous avions besoin d'un âne, fût-il national, pour prendre la mauvaise décision de s'endetter jusqu'au cou ?

La guerre civile n'aurait jamais eu lieu. Le terrorisme aurait continué à tenter d'influencer nos décisions cruciales. Les politiciens auraient encore poursuivi leurs querelles mesquines de petits délinquants. Mais on aurait gagné à prendre les bonnes décisions et on aurait appris, dans la douleur salvatrice, comment devenir des Hommes. Et vous n'auriez pas eu de prix Nobel.

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